lu sur le forum cinéma dans lequel j'interviens.

De: Alan Smithee
Sujet: Aperçu des Comédies Américaines 1930-1999
A:  ici on parle ciné...
Date:  20/08/02 21:39:52

Genre cinématographique florissant aux États-Unis entre
1930 et 1960, la comédie américaine est caractérisée par le
comique de situation et le brillant des dialogues.

La comédie américaine prit son essor avec le «parlant» et
fut, à l'origine, démarquée du «boulevard» européen. Ce
genre eut pour promoteur Ernst Lubitsch, qui emmena à
Hollywood l'esprit du boulevard et un acteur français,
Maurice Chevalier. Les comédies qu'il tourna avec ce
dernier, comme Parade d'amour (1929) et Une heure avec vous
(1932), ne sont guère que du théâtre filmé, entrecoupé de
chansons.
Son véritable style, Lubitsch le trouva dans Monte Carlo
(1930) et Trouble in Paradise (Haute pègre, 1932) où, sous
un marivaudage de circonstance, perçait le cynisme de
l'auteur. Le meilleur film de Lubitsch fut alors Sérénade à
trois (1933), qui par son comique de situation frisait
l'absurde.

L'esprit européen qui distinguait ces premières comédies
disparaît complètement dans les films de Frank Capra, qui
enracina ses comédies dans la mythologie américaine. Il mit
en scène des gangsters (Lady For a Day, 1933) et surtout
introduisit, dans New York-Miami (1934) avec Clark Gable,
dans l'Extravagant M. Deeds avec Gary Cooper, dans M. Smith
au Sénat (1939) avec James Stewart, des personnages
d'Américains moyens idéaux, capables d'affronter le monde
de l'argent ou de la politique.
Presque toutes les comédies de Capra ont pour sujet la
démocratie américaine mais la satire n'outrepasse pas les
limites du conformisme libéral.

À côté de Capra, spécialiste du genre, un excellent et
éclectique réalisateur, George Cukor, débute dans la
comédie avec Sylvia Scarlett (1935), qui réunit Cary Grant
et Katharine Hepburn. On retrouve ce couple, le plus
brillant de l'avant-guerre, dans l'Impossible Monsieur Bébé
(1938) de Howard Hawks, qui allie le rythme du burlesque à
la grâce du jeu et du dialogue.

Une des caractéristiques de la comédie américaine est
d'ailleurs, à travers le comportement d'un couple
hétérogène, de décrire la confrontation de deux milieux
différents: Madame et son clochard (1938) de Norman Z. Mac
Leod, avec Constance Bennett et Brian Ahern; Cette sacrée
vérité (1937) de Leo Mac Carey, avec Cary Grant et Irène
Dunne; My Man Godfrey (1936) de Gregory La Cava, avec
Carole Lombard et William Powell; Philadelphia Story (1940)
de George Cukor, avec James Stewart et Katharine Hepburn.

Deux des meilleures comédies américaines ont été tournées
pendant la guerre. Dans To Be or Not to Be (1942), en
prenant pour cadre Varsovie occupée, en mêlant fiction et
réalité politique, Lubitsch atteint au sommet de son art.
Les Voyages de Sullivan (1941), de Preston Sturges, est une
parabole sociale mettant en scène un cinéaste qui se
déguise en clochard pour découvrir la misère – l'expérience
est beaucoup plus éprouvante que prévue –, et conclut: «Le
rire est le seul bien des déshérités, je ferai des
comédies.»

Dans les années 1950, la comédie américaine, surclassée
dans le domaine de la fantaisie par le film musical,
cherche à se renouveler par le biais de la satire. Dans Les
hommes préfèrent les blondes (1953), Hawks s'en prend au
mythe de la femme américaine. George Cukor, dans une série
de films interprétés par Judy Hollyday, critique certains
aspects de l'american way of life: Une femme qui s'affiche
(1953). Joshua Logan fait, avec Picnic (1954), une peinture
dérisoire de la petite bourgeoisie.

Le cinéaste le plus intéressant de ce genre en décadence
reste Billy Wilder, qui, dans Sept Ans de réflexion (1955),
ridiculisa le «rêve américain» et orienta la comédie
américaine dans la voie d'un humour grinçant où il ne
semble guère avoir été suivi.
En revanche, son savoureux Certains l'aiment chaud (1959),
qui réunit Marilyn Monroe, Jack Lemmon et Tony Curtis, sera
une référence pour toute une série de films jouant sur le
travesti (ressort comique dont Chaplin lui-même avait déjà
usé) et l'ambiguïté sexuelle, de Victor Victoria (Blake
Edwards, 1981), avec Julie Andrews, et Tootsie (Sydney
Pollack, 1982), avec Dustin Hoffman, à Mrs. Doubtfire
(Chris Columbus, 1993), avec Robin Williams, également
vedette du remake américain de la Cage aux folles (The Bird
Cage, 1996).