JEAN CLAUDE VAN DAMME
interview paru le magazine cinéma Première [été 2001]
partie 1

Jean-Claude Van Damme / Alors, allons-y, parce que j'ai beaucoup de travail, mon frère ! J'ai beaucoup de chose à faire. Tiens, alors, par exemple, téléphone à Sammy Haddida, hein ?

Première / Heu, oui ...

Parce qu'il fait un très bon film qui s'appelle Bob Moranne. Tu connais Bob Moranne, hein ?

C'est Gans qui va réaliser...

Ouais, c'est ça ! Et Gans je l'ai rencontré il y a très longtemps à la Coupole ; on discutait d'un film qui s'appelait Rank Xerox, le comic book américain. Alors on était là-bas à la Coupole, et puis on s'est séparés, chacun son chemin, il a fait le Pacte des loups qui est très français, hein ? Ce sera dur de ... It's hard to sell that in america, it's about... le rois Louis et tout ça... Mais seulement, il fait un film qui s'appelle Bob Moranne, Bob Moranne c'est un héros d'enfance pour moi. Comme Tintin. Alors si tu connais Sammy, dis-lui qu'il me passe un coup de téléphone... Parce qu'il y a un mec qui s'appelle Cassel qui voudrait le faire. Très bon acteur...

Vincent Cassel ?

Ouais ! Seulement, physiquement parlant, je ne sais pas qu'est-ce qu'il va faire au Chili, en Chine, en Asie... Bob Moranne devrait devenir une institution. Voilà. Comme Batman, Superman. Et, il faut un mec qui soit international. So.

Toi, tu voudrais le faire ?

Absolument.

Ce qui est rigolo, c'est que dans ton personnage de méchant dans Replicant, tu as un air de famille avec Cassel. Tu le connais Vincent ?

Non, non, non, non, non, je l'ai jamais vu... Oui, j'ai vu son physique ; oui j'ai vu une photo de lui... Mais c'est un bon acteur, c'est un acteur français, qui est trés maigre de nature, il a les cheveux collés noirs, c'est ça, hein ?, des yeux bleus ?

Dans Dobermann, en particulier...

Ah, il a joué dans Dobermann ?

Oui, c'était lui Dobermann.

Ah, quel superfilm ! Quel directeur ! Ca c'est un directeur ! Ah la la quel directeur ! Mais quel directeur ce mec ! Qu'est-ce qu'il fait comme film pour l'instant ?

Jan Kounen ? Il prépare toujours Blueberry, je crois...

Ah bon ? Oui, c'est bien Blueberry. C'est le capitaine avec la cigarette, c'est ça, hein ?

Oui.

Ah, je suis bon hein ?

Ouais !

Mais, tu sais quoi ? Si Première magazine connait des mecs comme ça..

Mmm ?

Alors, fait moi un plaisir ; dis-leur qu'ils me téléphonent quoi. T'as mon numéro à la maison ou pas ?

Non, non, non...

Tu vois comme ça c'est mieux ! Parce que ce matin, j'étais un peu... Tu sais, en Amérique, on te demande toujours : "Comment allez-vous ?", "Comment est la famille", "Est-ce que t'as brossé tes dents ?". J'en ai marre de ces questions, j'en ai marre ? [ Il se marre. ] Pour l'instant, je mets un truc énorme en place, hein !

Ouais ?

Je mets quelque chose dans le Net. Qui est énorme, qui va être intercontinental, et je travaille avec AT&T, Deutsche Telekom, Canal + in france and a big antenna in Asia. C'est énorme comme projet.

A propos de Replicant ?

[ Trés vite. ] Non, non, je serais le premier au monde à le faire. Avant Lucas, tout ca...

Mais c'est un projet de quoi ?

Ben, c'est énorme, hein... C'est avec des gars comme Wallmart, Nestlé, de gros produits français... Enfin, gros pognon.

Ah, mais c'est un bisiness, alors ?

Gros business ! Mais du show-business où tu peux toucher half a billion people... in one day. Ha, ha, ha, ha !

Mais avec quoi dedans ?

Bah... Je t'expliquerais un jour, quoi. On n'en est pas encore là...

Non, mais je veux dire, avec autre chose que Jean-Claude Van Damme, ou...

Mais si tu sais vraiment me trouver le téléphone de ces gens, pour Cassel et tout, et puis on se tient au courant. Première magazine, crois-moi, ils ont besoin de beaucoup de pub aussi pour... dans mon... I'm gonna be the monopole in the web world !

Alors il faut que tu me donnes un téléphone...

[sans hésitation] Attends, je te le passe. C'est le 310 [il donne le numéro]. Alors, tu fais le 1 pour l'Amerique. Et alors, j'ai un autre téléphone, mais qui est très très privé, tu donnes ça à personne ; c'est le 310 [il s'adresse à sa femme dans la maison]. Heu, Gladys, what's my new phone number, the new portable, the good one ? [la voix de Gladys égrène les numéros en anglais, Jean-Claude les répète]... 777. Ca se termine par 777; ça c'est ma compagnie. 777 Enterprises.

Pourquoi 777 ?

Tiens, c'est la première fois que je me rappelle de ça. C'est mon fils qui m'a dit : "Tu sais, papa, quand je lis Tintin, c'est marqué : De 7 à 77 ans". Et ça m'a frappé... Tu sais, je suis né dans un petit village ; enfin, en Belgique, c'est un village, y'a pas de lumière le soir, tu te sens dépressif ; je suis un garçon anxieux de nature, j'adore les belles couleurs, j'adore les gens biens, les gens qui rigolent et tout, tu vois, j'aime bien la gaïeté. Bon, maintenant, tout va bien. Alors, ce qui se passe, c'est quand j'étais à Bruxelles, je m'enfermais dans ces bouquins et je m'évadais. Je m'évadais dans l'amazone, en Chine, dans Le Lotus bleu, au Moyen-Orient... Il y avait tout dans Tintin. Et Bob Moranne, c'est le même style. C'est Tintin en un peu plus profond, hein ?

Un peu plus... adulte, peut être...

Je crois, ouais ! Enfin, soit. Mais Bob Moranne... Ca c'est mon physique, tu vois ? Un mec comme Tintin, je prendrais un mec comme... un jeune... Le mec qui fait le blond dans la chaussure noire !

Pierre Richard ?

Tu prends un pierre Richard d'il y a dix ans ! Tu comprends ? [Il rigole] Avec les cheveux blonds comme ça, c'est un Tintin, ça ! Tu vois ?

Jean-Claude Van Damme en Tintin, ça peut être drôle aussi...

Ca peut être super.

Mais il faut le changer un peu...

Ouais... Ca peut être super. [Soudain triste.] Bah, c'est mon rêve, m'enfin... Un peut trop vieux maintenant, 40 ans pour Tintin...

Oh...

Eh, ouais !

Il a pas vraiment d'âge, Tintin.

Ouais ? Super... C'est gentil ça ! Mais enfin, euh... [ Il se ressaisit soudain et enchaine dans un souffle.] Alors, Replicant, c'est un film que j'ai fais donc..., que Ringo..., enfin, j'ai trouvé le... enfin, donc, on a trouvé le script. Après Ringo [Lam] l'a réécrit, un peut à sa manière. Tu sais comment il est, hein ? Il est trèèèèès over... Et alors, on fait ce film, donc, en 55 jours de tournage...

Ouais...

On a travaillé très très dur, hein ! Parce que je devais changer du matin au soir... ohlalalalala. On avait pas de moyens...

Tu ne tournais pas toutes les scènes "gentil" et les scènes "méchant" d'un coup ?

Non, non, non, non, non, non, tu ne peux pas ! Faut te changer, I mean, la location est là, t'as l'eclairage, alors, je dois changer de costume. Alors, la perruque, c'était de la colle, ah... Et puis, quand tu combats avec une perruque, il faut chaud à la tête, et la veste en cuir... Et puis c'etait l'été à Vancouver ! Ah lala lala...

Ah oui, donc... superhumide ?

[ la suite ]