De: Daniel
Sujet: Notre civilisation est malade
A: ici on parle ciné...
Date: 03/11/00 13:49:46Notre civilisation souffre d'un cancer culturel inquiètant pour les années à venir et le seul et unique remède à cette fatalité est hélas quasimment impossible à préscrire car personne ne veut l'admettre du moins presque personne.
Cette cure consisterait à ce que les terriens regardent autre chose que des films recyclés, écoutent autre chose que de la musique qui ne l'est pas moins, etc..........
Pour ma part, j'ai décidé de faire l'effort de lire sans m'arreter et de me rendre courremment dans des musées.
On me répond chaque fois que je met sur le plateau la perspective du monde malade que je ne peux rien y faire, que c'est ainsi et qu'il en a toujours été ainsi.
Personnellement, je ne pense pas qu'il soit impossible de changer les choses peut etre par un idéalisme poussé à l'extreme et je pense aussi que la gravité du cancer culturel n'a jamais été aussi importante dans le monde contemporain.
Le problème vient du fait que la science et la technologie évoluent à une vitesse foudroyante mais que malheuresement, les hommes ne suivent pas ce rythme, ils freinent au contraire violemment.
Les médias sont les premiers coupables et pourtant, les médias sont pour la majorité fascinant et utiles à notre société.
Depuis des siècles, les etres humains ont à leur portée des outils extraordinaires et inéspérés mais ils s'en servent à chaque fois de la manière la plus stupide qui soit.
De: Daniel
Sujet: Le cinéma et le public
A: ici on parle ciné...
Date: 12/02/02 16:09:58Celui qui, depuis son plus jeune âge, s'est familiarisé
avec la grande litterature aura assez de bases pour
comprendre que les mauvais livres qu'il lira par la suite
sont bel et bien de mauvais livres.Celui qui, très tôt, s'interesse à la peinture, epluchant
des livres entiers et passant son temps dans les musées,
ou il developpera une sensibilité qui lui permettra de
mieux comprendre l'usage de telle couleur, ou le sens de
telle forme, pourra, au-delà de ses gouts (en faisant
abstraction de ces derniers, qui existent bel et bien, par
respect pour l'art en tant qu'art), juger de la beauté
d'une oeuvre d'art.Celui qui, à un âge avancé, s'interessera au cinéma, de sa
création à son présent, aura vu assez de films, aura
entassé dans son esprit assez de culture, pour pouvoir
argumenter judicieusement (si sa mentalité est adéquate)
sur le cinéma en terme d'histoire et d'évolution. Il
reconnaitra un bon film d'un mauvais, un bon réalisateur
d'un mauvais, et s'offrira même le luxe, si le film en
question l'amuse (qualité ne rime pas forcemment avec
plaisir), d'aduler un nanar selon ses critères de gout.En bon egocentrique, je vais prendre mon propre cas comme
exemple afin de développer. J'aime Fortress de Stuart
Gordon, petite série B bien faire, mais, selon certains
critères, profondemment simpliste. Fortress est un film
très simple, mais il n'est pas débile. Celui qui découvre
Fortress ne sera pas mongolisé (certains films
mongolisent) par le film, mais s'il le prend comme
référence en terme de film de science fiction, il aura
tout faux, car fortress s'inspire justemment de l'héritage
du genre. Dans mon cas, j'aime ce film en ayant derrière
moi des années d'apprentissage du genre, dont je connais
pratiquement toutes les ficelles. Si un parfait novice
découvrait fortress sans n'avoir jamais vu aucun film de
science fiction auparavant, il le prendrait forcemment
comme référence, s'il y prenait du plaisir, beaucoup de
plaisir, à le voir. Mais si la même personne, une semaine
plus tard, découvrait la trilogie de la guerre des
étoiles; il se rendrait vite compte qu'il y a beaucoup
mieux que le film de Gordon. Si cette même personne
continuait son apprentissage du genre, il se rendrait
compte qu'il existe encore mieux que la trilogie de Lucas.Si, d'un autre coté, une personne regressait dans la
découverte du genre, à savoir qu'il passerait de fortress
aux pires séries B du genre, il s'ennuyerait peut-être
fermemment, parfaitement conditionné à la médiocrité, s'il
découvrait la trilogie souvent bavarde et spirituelle de
la guerre des étoiles. Si cette même personne se lancait
dans l'aventure 2001, il saborderait son vaisseau 20
minutes à peine après le début du film. C'est d'ailleurs
le problème avec le chef d'oeuvre de Kubrick: Il faut être
conditionné à savourer le cinéma en terme de lenteur et
d'athmosphère pour l'apprécier, et il faut informer son
âme que le cinéma est apte à transmettre des émotions très
fortes pour le ressentir.Au-délà du gout, l'appreciation du bon cinéma est une
question non pas simplement de culture, mais de
familiarisation.Si aujourd'hui, une personne sur quatre se complait devant
les plus mauvaises productions Besson, c'est avant tout
parce que cette personne sur quatre n'a pas eu accés à un
cinéma plus enrichissant, et je ne sais que trop bien que
le cinéma peut être en tout point enrichissant. Et
pourtant, la télévision, repère des pires images que
l'homme a à sa disposition, diffuse de temps à autre de
très bons films sur les chaines publiques. Mais il faut
faire avec: Entre Godzilla sur TF1 et Barry Lyndon sur
Arte, celui qui n'a pas conscience que le cinéma peut lui
apporter bien plus qu'un simple bon petit moment regardera
TF1 ce soir là. C'est comme ca, et il est impossible de
changer les choses.De plus, à notre époque, le montage a pour standart la
rapidité. On préferera toujours arriver à Toulouse en 4
heures plutôt qu'en 8 heures. Pour le cinéma, c'est
pratiquement la même chose à présent.En revanche, le véritable enemi du cinéma en tant qu'art,
et c'est très récent, est le public, qui se croit à
présent critique alors que la plupart n'ont même pas vu
100 films dans leur vie. C'est comme si moi, parfait
novice en peinture et en litterature, je me permettait de
juger en argumentant donc dans le vent une toile ou un
livre de Zola. En revanche, je pourrais juger les
aventures de Dinomir ou une toile de Di Rosa sans aucun
complexe, car ce serait à mon niveau.A suivre....