Idiodysée : la prétention de conquête du cosmos


«We have traveled from stones to spaceships, multiplying our knowledge rapidly with every passing second. Yet, the greatest horizon still awaits untouched, with its wonders ready to behold. But with each passing advancements of our race, how could we become a member of the cosmos? Are we brave enough to join the stars? Are we ready to be judged by their eyes? Will we be worth their welcome?»

 

La prétention de l'Homme dans la conquête spatiale et l'exploration de l'univers est à la fois dramatique et mythique, elle a tous les attraits de l'ambivalence qui caractérise la nature humaine. La moralité de cette ambition est douteuse et cette prétention à conquérir l'espace revêt les traits de l'hypocrisie et de la guerre.

La volonté de comprendre la nature de l'univers, d'en analyser les rouages et en explorer les étendues, n'a d'égal que l'appétit de possession et d'exploitation des ressources lointaines. Est-ce là une motivation suffisante pour que l'humanité sorte de son berceau et tente de dépasser les frontières du possible ? Est-ce le fait d'un désir malsain, d'une avidité sans borne, ou du désir secret de se prendre pour une divinité ? Quelle est donc cette ambition, et quelles en sont les multiples facettes ?

L'idée d'un élan naturel au dépassement de soi, cet attrait à la grandeur et à la réalisation, ne serait donc pas une raison suffisante pour aborder le défi de la conquête du cosmos. Il faudrait quelque chose d'autre pour motiver l'Homme, cette fascination des conflits avec des rivaux terrestres pour ce qui relève d'une forme de vie extraterrestre.

Etranges fantasmes de pouvoir et de contrôle de l'information sur un ailleurs qui serait potentiellement déstabilisant, comme si la découverte scientifique ou la recherche de vérité constituait un danger qu'il faut restreinte et maintenir absolument à un niveau acceptable. Elle est donc loin cette promesse d'une sagesse à redécouvrir et cette humilité face aux splendeurs et puissances de l'univers.

Faut-il que les idéalistes et les rêveurs se battent à mort avec les conquérants et les entrepreneurs, tous les rêves et idéaux en compétition ? Le grand bisness de l'espace à notre portée, il importe peut-être de vendre du rêve et d'en attendre les dividendes. Que restera-il de ces nobles idéaux d'antan ? Les menaces alarmistes d’une extinction de l’espèce humaine et les récits mythologiques d’une finalité programmée vers d'autres humanités.

Alors ce qui compte vraiment ce n’est plus la destination mais le voyage. Malgré les périls à venir, dans ces périples tortueux où les rêves se matérialisent par la science et se cristallisent dans les chairs meurtris par les épreuves, il ne reste qu'à sacrifier naïveté et innocence pour admettre enfin que les vertus affichées ne sont que les oripeaux qui masquent la peur et la violence que l'on s'inflige devant l'infinité qui écrase.

Banales fatalités humaines sur une planète qui ne satisfait plus, à la surface à peine explorée et ses territoires inconnus immergés sous de vastes océans, mais le désir de s'extraire de son monde natal et l'aveuglement par excès d'ambition vont de pair. Une quête avouée, une conquête incertaine, une passion pour l'inconnu, l'attraction des chants des sirènes. La planète à des bornes mais le désir de s'en affranchir n'en a point.