SEPT COULEURS


"La conscience mentale n’est qu’une gamme humaine et elle n’épuise pas toutes les gammes de conscience possibles de même que la vue humaine n’épuise pas toutes les gradations de couleur ou l’ouïe toutes les gradations du son car il y a quantité de choses qui sont invisibles et inaudibles à l’homme. De même il y a des gammes de conscience au dessus – gammes supramentales – et au dessous – gammes submentales – avec lesquelles l’être humain normal n’a pas de contact et qui, de ce fait, lui semblent « inconscientes »." Sri Aurobindo, Letters on Yoga, 22:234

 

«...Plus haut encore, cela touche le genre immortel ;
Ce qui est ici en bourgeon, là, s’est épanoui.
Là, se trouve le secret de la Maison de Flamme,
Le brasier bienheureux de pensée divine,
L’idéalisme de la perception supérieure ;
Là sont les voix adorables, le rire solaire,
Les remous gargouillants des rivières de la joie,
Et les mystérieux vignobles du marc de la lune,
Tout le feu et la douceur dont à peine ici-bas
Une ombre brillante visite la vie mortelle.
Bien que les joies du Temps s’y expriment aussi,
La main de l’Immortel est sentie sur le sein
Et sont perçus les sons infinis de Sa flûte.
Ici sur la terre sont de premiers éveils,
Des instants qui tremblent dans un air plus divin,
Et, nourris par l’aspiration de son sol,
Les hélianthes du Temps regardant l’Or éternel :
Mais, là, sont les béatitudes impérissables.
Un million de lotus oscillant d’une tige,
Monde après monde de couleur et d’extase
Montent vers une lointaine épiphanie...
»

Sri Aurobindo, Savitri. Extrait du Livre 2, Chant Douze - Les cieux de l'Idéal.

Quelques traductions en français de Savitri :


J'écris avec l'encre

J'écris avec l'encre noire, les chagrins de tous les jours,
Et leur trame sans histoire, et leur éternel retour...
J'écris le deuil des saisons et le mal de la raison,
Et le jour près de s'éteindre.

J'écris avec l'encre verte un jardin que je connais
J'écris les feuilles de l'herbe que le printemps remuait...
J'écris la lumière douce des chemins de mon pays...

Avec l'encre violette, j'écris les soirs de bruyère
Sur les terres désolées et j'écris les âmes fières
De n'être pas consolées

J'écris avec l'encre rouge tous les feux qui m'ont brûlée
Et tous les rubis qui bougent dans le fond des cheminées,
Et le soleil qui se couche sur ses plus longues journées,
Et toutes les roses qui sur la mer s'en sont allées.

J'écris avec l'encre bleue le vol du geai dans les bois
J'écris la mer un dimanche et sa frissonnante voix.

Germaine Beaumont (1890 - 1983)

 


Deux petits éléphants

C'était deux petits éléphants,
Deux petits éléphants tout blancs.

Lorsqu'ils mangeaient de la tomate,
Ils devenaient tout écarlates.

Dégustaient-ils un peu d'oseille,
On les retrouvait vert bouteille.

Suçaient-ils une mirabelle,
Ils passaient au jaune de miel.

On leur donnait alors du lait :
Ils redevenaient d'un blanc frais.

Mais on les gava, près d'Angkor,
Pour le mariage d'un raja,

D'un grand sachet de poudre d'or.
Et ils brillèrent, ce jour-là,

D'un tel éclat que plus jamais,
Même en buvant des seaux de lait,

Ils ne redevinrent tout blancs,
Ces jolis petits éléphants.

Maurice Carême (1899-1978)

 


Sept couleurs magiques

Rouge comme un fruit du Mexique
Orangé comme le sable d’Afrique
Jaune comme les girafes chics
Vert comme un sorbet de Jamaïque
Bleu comme les vagues du Pacifique
Indigo comme un papillon des tropiques
Violet comme les volcans de Martinique
Qui donc est aussi fantastique ?
Est-ce un rêve ou est-ce véridique ?
C’est dans le ciel magnifique
L’arc aux sept couleurs magiques.

Mymi Doinet