1.11 - Le raisonnement de sens commun
 

 Plus communément appelé « le bon sens » est « ce qu’il est raisonnable de faire », « ce que tout le monde sait », « ce qui est évident » ou « ce qui se fait », il s’observe et on le met en oeuvre, Garfinkel utilise la notion «d’everyday life» .

« D’une certaine manière, le bon sens des investigations de chacun était ...observable et reconnaissable. Il était disponible, d’une manière ou d’une autre pour cette manière particulière de regarder que les membres mettent en oeuvre, cette manière particulière de chercher, de pressentir, de voir , et pas seulement de voir , mais de voir et relater. Il était disponible pour une observation et un compte rendu . » H.Garfinkel

Très souvent employé dans notre vie pour résoudre des problèmes quotidiens comme choisir un vêtement, fixer un itinéraire etc ... le raisonnement de sens commun est habituellement défini par opposition au raisonnement scientifique, qui est tenu pour être plus rigoureux et  infiniment supérieur dans la véracité de ses résultats; Etant donné que celui-ci repose sur des principes démontrés et vérifiés excluant toute approximation et principes non démontrés. Le sens commun, quant à lui renvoie, à une connaissance beaucoup plus intuitive de notre organisation sociale , il renvoie à l’ensemble des allants de soi qui guident notre conduite.

Mais faits étrange : Les sciences et en particulier les sciences sociales qui reposent sur le langage naturel ne peuvent gommer l’indexicalité inhérente de celui-ci.

Or le principe même de l’indexicalité est qu’il rattache tout discours scientifique à son contexte. Par conséquent les raisonnements scientifiques ne peuvent exister dans un espace neutre et se défaire de leurs allants de soi.
En cela nous pouvons dire que l’impartialité affichée est entachée par des raisonnements de sens commun qui « viennent de façon sournoise , couramment s’insérer au coeur même des raisonnements scientifiques comme composante essentielle » Y.Lecerf

Bien que les scientifiques de tous bords revendiquent haut et fort l’objectivité de leurs propos et l’impartialité de leurs points de vues, nous ne pouvons que constater que toute science ou tout raisonnement scientifique  possède sa part de subjectivité.

Je vais donc essayer de donner un exemple courant de l’introduction dans les raisonnements scientifiques de  procédures  de sens commun.

Très souvent lorsque les scientifiques décident d’étudier une population importante, ils partent du principe qu’il suffit de compiler les études de plusieurs micro-ethnies pour avoir la connaissance globale de la région ou du pays. Comme s’il suffisait pour avoir cette connaissance d’accumuler des  multitudes de micro-savoirs, sans se préoccuper du contexte dans lequel ces individus évoluent. Pourtant nul ne s’intérroge sur la validité de cette démarche scientifique qui  consiste à accumuler des parties pour obtenir un tout.

Les sondages politiques sont basés sur ce même principe. Il est communément admis par les scientifiques et « les autres » que cette méthode est « valable » et personne ne songe à la mettre en doute. Pas même les politiciens sauf peut-être lorsqu’ils sont donnés perdants.
Ce constat que le sens commun influence s’immisce dans les raisonnement dits scientifiques devrait nous amener à réflechir à cette valeur que nous accordons à la science mais aussi sur la supériorité affichée des raisonnements scientifiques sur le sens commun. L’Ethnométhodologie s’insurge sur la prédominance du raisonnement scientifique face au raisonnement de sens commun. Mais le but de l’ethnométhodologie n’est pas d’assimiler la connaissance pratique à la connaissance scientifique ni même de les opposer , mais de voir commun l’individu les utilises  en interaction l’une avec l’autre.