Avertissement





Le présent travail se donne deux objectifs principaux

*Premièrement, élaborer un lexique de la pensée d'Yves Lecerf selon deux grands axes : son rapport à la Science et son rapport au Politique, ceci incluant sa rencontre avec L'Ethnométhodologie et sa tentative pour rendre celle ci compatible à l'Ethnologie radicale de Robert Jaulin (6).

(Ce lexique se fera à partir des thèmes récurrents dans les documents en ma possession, qui couvrent de façon non exhaustive les dix dernières années de sa vie, et ce dans le respect le plus exact possible de sa propre terminologie.)

* Deuxièmement, ce travail souhaite être le lieu d'une réflexion critique.

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"Toute vision du monde est partielle et critiquable lorsqu'elle prétend réduire le monde à elle seule. "

Ainsi s'exprimait souvent Yves, et je reprends cette formulation à mon compte pour préciser mon positionnement ici.

En effet, sa disparition inattendue ayant déclenché dans son entourage de tels mouvements contradictoires (7) , il me semble important afin de prévenir toute suspicion concernant ma prétention à l'universalité de ce propos, de préciser que cette tentative pour clarifier ce qu'a été son enseignement, n'est qu'une vision locale et personnelle, formulée au jour d'aujourd'hui en ces termes (mais qui pourrait être en d'autres termes demain (8) ou par d'autres), du foisonnement créatif et de l'admirable diversité de sa pensée et de ses actions dans les dix dernières années.

Je m'efforce d'en être constamment consciente, même si l'indifférence ethnométhodologique n'est pas toujours aisée à pratiquer et l'on me pardonnera les quelques faux pas inévitables car ce travail est aussi une tentative pour saisir "un fait social total" dans sa complexité, son mouvement et sa diversité, tentative dont on remarquera quelle était justement l'objet du pari que tentait de relever Yves à travers son enseignement.


7) Si toute succession est génératrice de divergences, on peut toutefois être surpris que l'héritage d'une pensée résolument anti-universaliste et ouverte à toute réflexion originale (en particulier lorsqu'elle émane d'individus "profanes"), l'ait été à ce point.

8) Aucune pensée n'étant statique ni fermée sur elle-même on acceptera l'idée que deux formulations, même successives, d'une même chose ne puissent être semblables, dès lors que la pensée se construit en parlant et qu'on ne parle jamais deux fois « la même chose »...