QUESTION 2 (Expressions paradoxales de type "X == X")Montrer que des phrases telles que :
. il y a musique et musique
. il y a littérature et littérature
. il y a talent et talent
. y a théâtre et théâtre
peuvent s'analyser directement comme étant des paradoxes d'indexicalité de type "X=/= X", alors qu'il s'agit pourtant de tournures de langage tout à fait normales, ne conduisant à aucune débâcle logique chez celui qui les emploie.La première de ces phrases sera, pour celà, supposée pouvoir s'interpréter circonstantiellement comme suit :
"Il y a de la musique qui est vraiment de la musique, la mienne par exemple ; alors que la soi-disant musique d'Untel n'est en fait pas de la musique".Et l'on proposera bien entendu alors aussi, pour les trois autres phrases d'exemple ci-dessus données, des interprétations circonstantielles coulées sui le même moule.
REPONSE à la question 2
Les phrases-exemples ici données sont bien analysables en effet comme des antinomies de type "X=/= X" mais elles font en pratique surtout ressenties comme d'utiles et agréables détours de conversation, porteuses tout au plus d'une sorte d'effet réthorique.
Ces phrases sont techniquement spéciales cependant, en ce sens qu'elles appellent implicitement et imposent chaque fois une double et immédiate redéfinition du X impliqué dans l'antinomie X=/=X .
Il y a musique et musique Musique (véritable) =/= Musique (qui n'en est pas)
Il y a littérature et littérature Littérature (de qualité) =/= Littérature (qui n'en est pas)
Il y a talent et talent Talent (d'envergure) =/= Talent (qui n'est que médiocrité)
Il y a théatre et théatre Théatre (authentique) =/= Théatre (de tradition dégradée)On volt que ces redéfinitions peuvent s'interpreter comme des affectations d'index aux mots concernés (ces index littéraux étant ici : "véritable", "dequalité", "d'envergure", "authentique" "de tradition dégradée", etc.), selon un mécanisme comparable à celui qui spécifie
des variables par exemple de type XI, X2, X3, etc .. en affectant à X des Index numériques successifs 1, 2, 3...Il s'agit bien pourtant d'indexicalité, et non pas de sous-spécifications catégorielles objectives des notions en cause ; comme on peut s'en rendre compte du reste en explicitant de la manière demandée des significations pour les phrases d'exemple concernant la littérature, le talent et le théâtre :
"Il y a des écrits littéraires, les miens par exemple, qui méritent vraiment le non, d'écrits
littéraires, alors que la soi-disant littérature produite par Untel n'est que de la Non-littérature.""Il y a des gens qui se prévalent d'avoir du talent et qui en ont, comme moi par exemple ; alors que le soi-disant talent d'Untel n'est que médiocrité soutenue par l'intrigue."
"Il y a des lieux où l'on joue des pièces de qualité avec des acteurs de qualité, produisant ainsi, devant un public de qualité un théâtre qui mérite vraiment le nom de théatre mais ; mais il existe par ailleurs hélas aussi des officines d'histrions qui usurpent de façon éhontée cet auguste qualificatif de théatre pour des palinodies médiocres qui ne sont vraiment pas du théâtre."
Il y a bel et bien chaque fois "indexicalité", c'est à dire désignation, par un certain mot, d'une chose qui n'est pas celle ensuite nommée par la répétition suivante du mot. Un partenaire de la conversation se déclare alors géné par la confusion et "négocie le sens" en réclamant un distinguo : Musique sera sur sa demande dissocié en Musique-1 et Musique-2 ; Littérature sera dissocié en Littérature-1 et Littérature-2, etc..
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