QUESTION 5 (Substitutions répétées)

On s'intéresse maintenant à la question de la répétition du processus de substitution décrit dans les question 2, 3 et 4, et qui a pour forme générale

X =/= X
X1 =/= X2

Ce processus implique une redéfinition de X, par séparation de notions XI et X2.
Une fois ce processus terminé, existe-t-il  une impossibilité logique quelconque à sa répètition?

Cette répétition pourrait s'effectuer par exemple, à partir de la nouvelle notion X1, et s'effectuer comme suit

X1 =/= X1
X1a =/= X1b

Et du reste, une fois, cette seconde étape terminée, existe-t-il une impossibilité logique quelconque à la voir se répéter encore?

Il s'effectuerait par exemple

Xla =/= X1a
X1al =/= X1a2

et aprés cela du reste, existerait-il une impossibilité logique à poursuivre plus loin encore cette série de substitutions ?

Ne pourrait-on pas imaginer même des cas de circularité, avez retour à la situation X initiale?
 

REPONSE à la question 5

Rien n'empeche effet, sur un plan strictement logique, que les définitions des termos que l'on emploie pour parler soient successivement et indéfiniment remodifiées. Mais il y a tout de même à priori quelque chose de dérangeant dans l'idée d'une répètition excessive d'un tel processus, en
raison du travail de calcul (cf.question 3) lié à chaque étape de substitution.

Aussi trouve-t-on fréquemment dans des conversations ordinaires, des marques d'insistance en faveur d'un concept X, pour réclamer que ce concept soit considéré comme non révisible :
 

"Le vin que je vais vous verser à boire mérite infiniment, comme vous le verrez, la noble appellation de Saint-Emilion''

"La beauté de cette femme est une vraie beauté"

L'insistance en faveur d'une non révisibilité se manifeste du reste parfois de manière très énergique, en se donnant force de loi. Tel est le cas par exemple d'un certain nombre de définitions posées par le code penal.
 
"Est qualifiée effraction tout forcement, rupture, dégradation, démolition, enlèvement de murs, toits, planchers, portes, fenêtres, serrures, cadenas et autres ustensiles ou instruments servant à fermer ou empêcher le passage de toute espèce de clotûre quelle qu'elle soit" (code penal art.393)

"L'homicide commis volontairement est qualifié
meurtre" (art.295)

"Tout meurtre commis avec préméditation ou guet-apens est qualifié assassinat" (art.296)


Il reste enfin l'hypothèse selon laquelle la non révisibilité serait imposée dans certain cas, tout simplement par la nature des choses.

Il n'y a aucune raison par exemple pour qu'un certain jour, un paysan dans sa ferme décide d'appeler vache son cheval et cheval sa vache, puis de permuter encore le lendemain, et ainsi de suite. On pourrait donc supposer que certains termes factuels sont pratiquement intangibles. mais l'exemple de la chanson de Jivukuji est, dans cet ordre d'idée troublant, comportant visiblement une remise en cause par soi-même de l'identité du sujet parlant.

Cette question de l'identification du langage à la nature des choses renvoie à un débat ethnométhodologique célébre, qui est celui relatif à la substitution des expressions indexicales par des expressions objectives.


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