Les allant-de-soi

Toute conversation repose sur une interprétation de ce que dit l'autre. Les allant-de-soi se partagent entre un locuteur et un auditeur.
C'est un non-dit partagé par un nombre restreint de personne, un non-dit qui repose sur un savoir préalable.

Exemple : quand j'étais enfant, j'appréciais beaucoup cet endroit.

Pour comprendre ce à quoi fait référence "cet endroit", il faut indubitablement que le ou les auditeurs soient présents. En effet "cet endroit" perd tout son sens sorti de son contexte.

En dehors de celui-ci, il faudrait pour lui rendre sa signification, préciser que "cet endroit" implique le lieu où le locuteur et l'auditeur sont actuellement, à savoir, dans l'exemple qui nous concerne, le jardin des Tuileries.

Ces allant-de-soi permettent d'alimenter une méthode systématique et cohérente d'interprétation.

Tout comme l"allo" téléphonique est phatique, il ne signifie rien en lui même mais signale simplement qu'il y a quelqu'un qui a décroché le téléphone après que la sonnerie ait retenti et que ce quelqu'un sait se servir de l'appareil qu'il vient de prendre en main.

Les allant-de-soi constituent de fait la cohésion du groupe.

La réflexivité

A tout moment, pour chaque membre du groupe social, la situation où il se trouve lui est transparente. Non seulement il est parfaitement conscient de ce qui se trame autour de lui mais à chaque instant, il se situe dans ce contexte, il s'y voit évoluer, il juge de sa propre qualité de membre par la manière dont il l'assume et de sa compétence à l'exercer dans telle ou telle situation.
Par exemple, àl'adage "nul n'est méchant volontairement", il faut au contraire opposer la certitude que le sujet sait très bien qu'il est un salaud potentiel, avoué, patenté ainsi que le prouvent les écrits de Sartre. (13)

Mais la réflexivité est essentiellement l’idée selon laquelle le sujet qui s’exprime apporte autant sinon davantage d’informations et de renseignements sur ce qu’il est lui-même que sur l’objet de son discours. 

L'accountability

"Les études ethnométhodologiques analysent les activités quotidiennes des
membres comme des méthodes qui rendent ces mêmes activités visiblement-rationnelles-et- rapportables-à-toutes-fins-pratiques, c'est à dire descriptibles (accountable), en tant qu'organisation ordinaire des activités de tous les jours."(14)

Compte tenu du refus du raisonnement par induction qui caractérise l'ethnométhodologie, il nous faudra voir comment les membres d'un groupe social éphémère observent et rationnalisent, de façon à pouvoir rapporter les différentes péripéties de la situation vécue. On ne peut donc dissocier ces méthodes d'observation et de rationnalisation de la notion même de membre.

(13)Jean-Paul SARTRE, Le mur, Gallimard, 1939

(14)HaroldGARFINKEL,Studiesinethnomethodology , Englewoodcliffs, 1967,

Préface in Alain Coulon, L'ethnométhodologie, Que sais-je ?, PUF, 1987, p38