I.1 L'indexicalité

L’indexicalité est une notion empruntée à la linguistique, plus précisément à BAR-HILLEL. Ce sont des mots, des expressions dont le sens global ne peut exister hors de leur contexte.

Dès lors que le contexte pragmatique change, l’indexicalité change puisque ses référents, sa contextualité diffèrent. En reprenant le concept d’indexicalité, l’ethnométhodologie s’étend à l’ensemble du langage et des actions. L’indexicalité se rapporte au langage naturel en opposition au langage formel. Elle concerne le domaine de la parole et du non-verbal quotidien.

Ce que l’on entend par contexte :

C’est un lieu d’interaction où l’espace, le temps, les auteurs et leur vécu interviennent.

Ainsi, une activité sociale pratique et une connaissance implicite du "supposé savoir" sont en jeu. On retrouve ici la clause "et cetera" dont parle Jean WIDMER.

"Les descriptions, lorsqu’elles fournissent des prescriptions sur la manière de voir le monde, ne donnent pas ces prescriptions d’une manière qui puisse être préalablement définie. C’est dire que toute description sera munie d’un etc. ..;

Ces descriptions seront évidemment incomplètes. Ainsi, lorsqu’un acteur, par exemple, ajoutera à l’une de ses phrases un etc., il supposera que la ou les personnes avec qui il vit une interaction, comprendront le contenu de cet etc., puisqu’ils sont membres d’un même contexte pratique et langagier à un moment donné.

Cependant, le sens de ce qui est, n’est disponible que par rapport au sens interprété par le récepteur depuis le sens émis par le locuteur".

Pour ce qui est de l’indexicalité comme phénomène empirique, l’ethnométhodologie prend en compte l’occurrence des expressions en tant que telles.

Exemples d’indexicalité:

- Chez les personnes vivant dans la rue.

Une personne vivant dans la rue me dit par exemple: "Je m’appelle Patrick." Selon le contexte que je connais, pour y avoir vécu, une personne sans domicile ne dit généralement pas son véritable prénom. Pour certaines personnes de ce milieu, Patrick est connu pour être un prénom de dissimulation. Dans ce cas, je sais que lorsque cette personne me dit: "Je m’appelle Patrick", non seulement, elle ne porte pas ce prénom, mais de plus m’indique qu’elle cherche délibérément à me le cacher.

Dans une institution psychiatrique, si une personne internée me parle de "pichâtre", je sais, que dans ce contexte, cela signifie psychiatre, pour l’avoir entendu chez plusieurs personnes avec lesquelles j’étais internée, dans deux lieux psychiatriques différents.

J’ai pris délibérément deux exemples différents pour illustrer la notion d’indexicalité.

Le premier exemple montre qu’une expression ou un mot peut selon les contextes, avoir une signification différente. Ainsi, la notion d’incomplétude d’un mot dans l’absolu, en découle.

Le deuxième exemple montre que certains types de mots, en dehors de leur contexte spécifique, ne signifient a priori rien, puisque "pichâtre" est une locution inventée à partir d’un terme réel : psychiatre.

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