Foire Aux Questions (FAQ) sur le Protocole MOE


I. Fondamentaux et positionnement épistémologique

 

1. Quelle est la nature exacte du Protocole MOE ? Est-ce un modèle, une méthode ou une praxéologie ?

Le Protocole MOE (Module Opérationnel Ethnométhodologique) se définit le plus rigoureusement comme une praxéologie. Ce terme est crucial.

C'est une praxéologie, c'est-à-dire une science de l'action pratique et de sa logique immanente. Son objectif n'est pas de produire une connaissance sur un objet (un OVNI, un événement), mais d'analyser le processus de production de la connaissance lui-même. C'est une démarche de second ordre : elle n'enquête pas sur le phénomène, mais sur les pratiques d'enquête.

2. Comment le MOE se positionne-t-il par rapport à la science traditionnelle ? Est-ce une approche scientifique ?

Oui, le MOE se revendique comme une approche scientifique, mais en redéfinissant les critères de la scientificité. Il s'inscrit en rupture avec le paradigme positiviste (qui postule une réalité objective accessible par un observateur neutre) pour s'ancrer dans un constructivisme praxéologique.

Sa scientificité ne repose pas sur la réfutabilité au sens de Popper, mais sur la rigueur, la transparence et la réflexivité de sa démarche. Le MOE est un paradigme scientifique complet, avec :

3. Le MOE est-il une forme de relativisme ? Si toutes les rationalités sont analysées symétriquement, n'y a-t-il plus de vérité ?

Cette question est fondamentale. Le MOE n'est pas un relativisme ("toutes les vérités sont égales"), mais un relationisme ("toutes les vérités sont construites et doivent être analysées par la rigueur de leur construction"). Le principe de symétrie analytique ne signifie pas que la version d'un témoin "vaut" celle d'un scientifique. Il signifie que le rôle de l'analyste est d'évaluer, avec les mêmes outils, la robustesse de la "chaîne de factualisation" de chacun.

Une version des faits soutenue par une chaîne d'inscriptions, d'analyses et de validations multiples est socialement plus robuste qu'un simple témoignage isolé. La "vérité", dans le cadre du MOE, n'est pas une correspondance avec un réel transcendant, mais une qualité émergente de la robustesse d'un réseau socio-technique.


II. Le protocole en pratique : concepts et opérations

 

4. Concrètement, comment le MOE articule-t-il ses quatre piliers théoriques (énaction, autopoïèse, systémique, ethnométhodologie) ?

Le MOE n'est pas une juxtaposition de théories, mais leur intégration opérationnelle dans une grille d'analyse multicouche. Prenons l'exemple d'un rapport d'incident officiel qui conclut à une "erreur d'interprétation" :

  1. Lentille Ethnométhodologique : L'analyste MOE n'évalue pas la validité de la conclusion. Il analyse le rapport comme l'accomplissement de la tâche bureaucratique de "clore un dossier". Il étudie le langage, la structure et les procédures mobilisés pour produire cet effet de clôture.
  2. Lentille Systémique : Il analyse ce rapport comme un "coup" dans le jeu communicationnel. C'est une "solution tentée" qui vise à réduire la complexité et à restaurer l'ordre, mais qui peut paradoxalement générer une boucle de rétroaction de méfiance et de théories alternatives.
  3. Lentille Autopoïétique : Il analyse le rapport comme une action de l'institution (vue comme un système vivant) pour maintenir sa cohérence interne. L'anomalie est une perturbation ; le rapport est une stratégie de compensation qui "digère" la perturbation pour préserver l'identité et l'intégrité de l'organisation.
  4. Lentille Énactive : Il analyse comment le rapport fait émerger un "monde" dans lequel l'anomalie n'a pas eu lieu, un monde où les procédures ont fonctionné et où l'ordre n'a jamais été réellement menacé.

L'analyse MOE est la synthèse de ces quatre lectures pour produire une compréhension profonde de l'événement.

5. Comment le MOE gère-t-il le "mur d'informations" et le caractère ingérable d'une enquête exhaustive ?

C'est une objection pragmatique et essentielle. Le MOE n'est pas un protocole d'archivage exhaustif, mais une heuristique stratégique. Il ne demande pas à l'analyste de tout documenter, mais il lui indique où regarder avec le plus d'efficacité. Le travail ne consiste pas à cartographier tout le territoire, mais à identifier les "sites d'accomplissement" : les nœuds stratégiques où la réalité est visiblement et activement construite, négociée ou réparée (une déclaration officielle, une interview clé, une controverse entre experts, etc.).

Concernant les cas historiques, la rareté de la documentation n'est pas une limite, mais une donnée en soi. Elle informe l'analyste sur la rationalité locale de l'époque et sur ce qui était considéré comme digne d'être enregistré.

6. Quelle est la différence entre le MOE et d'autres méthodes de méta-analyse comme l'AMS ou la Synthèse Agrégative ?


III. La posture de l'analyste

 

7. Quel est le rôle de la subjectivité de l'analyste dans le protocole MOE ? N'est-ce pas un biais ?

Oui, la subjectivité de l'analyste est un biais. Et c'est précisément pour cela que le principe de réflexivité est au cœur du MOE. Contrairement à une approche positiviste qui tente de cacher ou d'éliminer la subjectivité de l'analyste, le MOE l'expose et la transforme en outil d'analyse.

Ma subjectivité n'est pas une faille ; elle est mon instrument de mesure, à condition que je le calibre en permanence. Le format du "journal de recherche" est un accomplissement de cette exigence : en rendant mon propre processus de pensée (mes doutes, mes choix, mes intuitions) transparent, je le rends critiquable. Dans le paradigme MOE, la subjectivité assumée, documentée et analysée devient une forme supérieure de rigueur scientifique.

8. Quel est le profil idéal d'un analyste MOE ?

L'analyste MOE n'est pas un expert dans un domaine, mais un architecte de ponts conceptuels. Son identité se fonde sur la fusion de trois rôles :


IV. Finalité opérationnelle

 

9. Concrètement, à quoi sert une analyse MOE pour un décideur ?

Le MOE ne fournit pas de "réponse" ou de "solution" simple. Il offre au décideur une lucidité accrue pour naviguer en contexte d'incertitude radicale. Le livrable final, la "cartographie de la complexité", permet de :

En somme, le MOE est un outil stratégique pour notre époque, une époque où la question la plus importante n'est souvent plus "Quelle est la vérité ?", mais "Comment la vérité est-elle fabriquée ?".