Mon intervention dans un forum cinéma internet que je fréquente,
en réponse à une autre intervention portant sur les intentions
du CSA, sur ses motivations et sur l’état général
de la productions de films destinés aux adultes.
Mel Vadeker ( juillet 2002).
La motivation du CSA, c'est le constat d'impuissance, le législatif n'arrive pas à contrôler les comportements des spectateurs et la consommation de produits réservés aux adultes, et le monde politique n'arrive pas non plus à expliquer et comprendre certaines déviances sociales. Ce sont des problèmes très difficiles et très complexes, impossible d'en faire une étude légère ou faire du simplisme. Les implications morales et politiques sont très nombreuses, survoler ce problème comme cela a déjà été fait reviendrait à refaire la politique de l’autruche.Je pense que ce sont ce sont des croisades qui décrivent des comportements désespérés de régulation. Hélas, les moyens de contourner ce genre de système répressif sont tellement nombreux que cela risque d’être un coup d’épée dans l'eau. Cela ressemble à une mesure psychologique à la destination du grand public pour calmer toutes sortes de mécontentements et de critiques.
On peut au moins saluer un effort de protection de l'enfance, il semble que de nombreux parents ayant un abonnement au câble ou au satellite, négligent de surveiller ce media. Les enfants ont une curiosité naturelle pour ce genre de films, si les parents n'investissent pas le champ de l’éducation sexuelle, et ne bloquent pas l’accès pour les enfants, c'est la porte ouverte à de nombreux abus et dérapages qui toucheront la psychologie de l'enfant.
Comme j'ai pu le lire dans un article du Monde (le monde.fr) :
… l'autorité de régulation invoque l'article 22 de la directive européenne Télévisions sans frontières, qui prévoit que les chaînes ne doivent diffuser "aucun programme susceptible de nuire gravement aux mineurs". En particulier lorsque ces programmes comportent "des scènes de pornographie ou de violence gratuite".On peut dire que la pornographie à la T.V., n'est pas une chose que l'on peut prendre à la légère, il faut un minimum de réflexion éthique et se donner les moyens de protéger certaines catégories de spectateurs. Mais il ne faut pas, à mon sens, faire des amalgames entre genre cinématographique, produit de consommation de faible qualité, appels à la censure, exploration esthétique ou artistique par certains cinéastes. Quand on parle d'une chose il faut vraiment préciser dans un contexte précis le sujet qui motive le débat.
Entre les grand idéaux du CSA et l'application concrète, il y a un monde, ca m’étonnerait que certaines chaînes payantes abandonnent un moyen de faire facilement de l'audience et un instrument pour augmenter ses abonnements pour un coût dérisoire.
Le débat, s’il a lieu avec les responsables des chaînes, doit d’abord expliquer le sens de l’interdit, et proposer les définitions claires pour que tous les participants se mettent d’accord sur ce qu’on appelle un film pornographique et un film de violence gratuite afin de creer les conditions d'un débat rationnel sur le genre de contenu susceptible de choquer et de perturber les enfants. Puisque c’est de ça dont il s’agit dans le fond, protéger les mineurs.
De l’interdiction pure et simple au compromis qui arrange toutes les partis, il y a de quoi imaginer différents scénarios :
1) L’interdiction complète, mesure extrême qui ne règle pas le problème mais qui ne fait que déplacer une source possible de mécontentement et de frustration. Les enfants seront toujours curieux et enclins à consommer des produits adultes par d’autres voies et les adultes privés de leurs films se reporteront sur des productions sur d'autres supports (cassette video, dvd, cd-rom, internet, etc.)
2) L’interdiction partielle, limitée à certains types de films, jugés comme trop violent ou trop dérangeants. Une production de films pour adultes acceptables et moins dégradantes serait alors favorisée. Toujours limitée à une audience adulte, ces films seraient de qualité, leur accès seraient limité au possesseur d’une clé informatique (code ou décodeur spécifique).
3) Les chaînes à péages ne veulent pas perdre une source de financement, un accord de principe est envisagé pour protéger les mineurs. Une classification spéciale est rédigée, certains films susceptibles d’être nuisibles pourront avoir un système de cryptage ou d’authentification spécifique afin que seul l’adulte abonné et légalement responsable puisse y avoir un accès complet. Des systèmes techniques ou informatiques peuvent jouer le rôle de vigile.
Que va-t-il rester de ce débat, les parents seront-ils plus responsables et les enfants moins curieux ?
L’occasion de faire participer les parents à l’éducation de leurs enfants doit être favorisé, ainsi que toutes contributions éthiques des chaînes à l’égard du spectateur, comme par exemple la construction d'une charte de bonne conduite afin de les éclairer de certains dangers ou dérapages pouvant toucher les mineurs. J'evoque ici, le cas du débat qui se déroule dans de bonnes conditions, faisant intervenir différents acteurs sociaux afin de réfléchir sur le fond. Cela ne va pas régler tous les problèmes, mais il restera au moins un souci d’écoute et d’information du spectateur.
> -------Message d'origine-------
> De : al zheimer
> Date : 05/07/02 18:17:20
>
>
> Cette semaine le CSA fait parler du lui. Ayant constaté que
> les chaînes françaises diffusent mensuellement plus de 800
> films X, il propose d’interdire ces diffusions.
>
> En ce qui concerne le fait de savoir si ces films ont ou
> non des effets dangereux sur les adolescent(e)s qui les
> regardent, je doute que quiconque ait des arguments
> sérieux, dans un sens ou dans l’autre. Aucune étude
> scientifique digne de ce nom n’a été menée sur cette
> question. Que chacun parent agisse avec ses enfants en
> fonction de sa propre éducation et de ses propres
> convictions.
>
> Mais quelle que soit la manière souhaitable de traiter la
> diffusion de tels films, une éventuelle interdiction de
> diffusion télévisée serait dérisoire. Il se loue chaque
> mois en France 7 millions de DVD et VHS pornographiques. Le
> chiffre d'affaires de la vidéo X est supérieur à celui de
> tous les autres genres cinématographiques réunis. Les
> kiosques à journaux sont remplis de magazines
> pornographiques. 80 pour cent des connections enregistrées
> sur Internet sont à destination de sites pornographiques.
> Si le remède contre la diffusion d’images de sexe
> accessibles aux mineurs ne concerne que la diffusion des
> films à la télévision, autant s'inquiéter du rhume de
> quelqu'un qui meurt d'un cancer.
>
> Alors quelle est la motivation réelle de cette initiative
> du CSA ?
>