MORTS MYSTERIEUSES D'ANIMAUX DANS LE MONDE

CRIER AU LOUP OU RECHERCHER LA VERITE

 
 

Divers montages vidéos, des dépêches de presses, des annonces alarmantes propagées par email, tout une campagne de peur aussitôt relayé et amplifié. Le sujet n'était pas anodin puisqu'il s'agissait de faire état de la mort massive d'animaux partout dans le monde au début de l'année 2011. Serait-ce un nouveau signe de la fin des temps ou tout bonnement la diffusion sur internet d'annonces sensationnelles ? En cherchant un peu, on trouvera même une carte (google maps fr) qui répertorie le décompte d'animaux morts en masse dans le monde de décembre 2010 à février 2011.

Mettre en avant l'inexplicable et l'insolite pour attirer l'attention, est une stratégie qui peut s'expliquer mais cela ne fonctionne qu'un temps. A moins que l'unique motivation soit la création sans cesse renouvelée d'un "Buzz Apocalyptique", autour d'une angoissante vision d'un futur qui condamne l'humanité à périr sous toutes sortes de cataclysmes. Une fois l'effet de surprise passé, sans vouloir être pessimiste à tout prix, on peut se dire que la mort d'animaux en masse se produit chaque année sans pour autant faire la une des journaux. Les années précédentes, de tels événements n'ont pas attiré suffisamment l'attention et il fallut la mort spectaculaire et mystérieuse d'oiseaux à la fin 2010 pour créer une prise de conscience parmi les internautes et bloggeurs.

Ce qui est plus préjudiciable pour la recherche de la vérité, c'est cette obsession du sensationnalisme et de l'alarmisme triomphant. Surtout lorsqu'il n'y a ni recherche d'explications, ni prise de recul, si ce n'est la volonté affichée de toujours mettre en avant l'inexplicable. Ce sont souvent des effets d'annonces qui se propagent comme des rumeurs pas les nouveaux médias électroniques (blogs Internet, forums et réseaux sociaux de communautés virtuelles). Passons tous les bons sentiments ou les mauvaises raisons pour faire de l'agitation. Si le monde est une maison, et qu'elle brule de toute part, pourquoi toujours sonner l'alerte comme s'il n'y avait que cela à faire ?

Il suffit de prendre quelques exemples pour s'en convaincre, en regroupant des chiffres n'importe comment, tout en suggérant une mystérieuse coïncidence ou d'improbables corrélations, on participe à une désinformation qui tend à amplifier les explications les plus fantaisistes. Ne vaudrait-il pas mieux exposer les problématiques argumentées et rechercher les solutions aux défaillances des différents écosystèmes ? Des explications à la mort massive d'animaux, les biologistes les connaissent bien, et elles ont le plus souvent une explication locale. Dans de rares exceptions, il subsiste des mystères à résoudre mais faire une généralisation pour l'ensemble du monde est bien évidemment abusif et sans aucune mesure avec la réalité des faits.

Nous avons deux stratégies qui doivent se compléter pour créer un dialogue constructif, tout en évitant de jouer sur l’ambivalence pour les opposer. Il n’est pas raisonnable de toujours crier au loup (alerter) sans apporter des solutions (guérir) mais l’on ne peut guérir si l’on n’est pas alerté. Nous pouvons aborder de cette manière de bien nombreux problèmes tout aussi préoccupants. On peut même dire que cela relève du simple bon sens. Par exemple, on ne peut pas d'un coté, continuer éperdument à faire de l’humanitaire (guérir) alors qu’on n'améliore pas d'un autre coté, le contexte géopolitique et économique (créateur de pathologies).

Par ailleurs, certains réalisateurs de films l'on bien fait souligné : « Les films d'alertes et catastrophistes ont été tournés. Ils ont eu leur utilité, mais maintenant il faut montrer qu'il existe des solutions, faire entendre les réflexions des philosophes et économistes, qui, tout en expliquant pourquoi notre modèle de société s'est embourbé dans la crise écologique, financière et politique que nous connaissons, inventent et expérimentent des alternatives. »  citation de la réalisatrice Coline Serreau, en rapport avec son  film documentaire "Solution locale pour désordre global"

Finalement, l'attention portée à la mort mystérieuse d'animaux est une affaire qui semble ironique tant elle a monopolisé l'attention sur les animaux familiers que le gens voyaient périr autour d'eux mais qui n'étaient pas véritablement menacé d'extinction alors que de nombreuses espèces animales sont vouées à disparaitre dans l'indifférence générale. Qui se souvient encore de l'agitation médiatique de 2007 à propos de la mort massive d'abeilles partout dans le monde et de ce qu'on appelait le syndrome d'effondrement ? Véritable catastrophe écologique qui reste encore une menace mais que l'on a vite fait d'oublier car elle ne fait plus la une de l'actualité.
 

Mel Vadeker; 2011

 

Ressources internet :


Pour illustrer ce problème rien ne vaut une fable de LA FONTAINE qui aborde les aspects suivants :
- une peinture de la société animale au travers de laquelle on discerne une satire de la société humaine
- une allusion aux rapports entre les hommes et les animaux.

Pour prolonger l'explication de texte aller sur le site  PHILO-LETTRES

Les Animaux malades de la peste

Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Jean de LA FONTAINE (1621-1695)