Paris, le 18 novembre 2002 - APRIL s'associe à la mise en garde de Richard M. Stallman au sujet des projets Palladium et TCPA de Microsoft et d'Intel qui menacent la liberté de chaque utilisateur, notamment la liberté d'utiliser un logiciel libre, en contrôlant tous les ordinateurs.
Le dénouement du procès Microsoft aux États-Unis est l'occasion de se pencher à nouveau sur les pratiques anti-concurrentielles de l'éditeur de Windows et d'Office. L'accord conclu avec les autorités américaines reconnaît certes Microsoft coupable, mais on est en droit de s'interroger sur l'efficacité des mesures prévues pour éviter d'autres abus de sa position dominante. Ces craintes se renforcent encore si l'on s'intéresse de plus près à Palladium et à TCPA, deux projets complémentaires de Microsoft et d'Intel, qui se dissimulent parfois sous l'appellation rassurante « d'informatique de confiance ».
Un article de Richard M. Stallman [1] a été publié en octobre pour dénoncer justement le risque technologique et politique que constituent Palladium et TCPA : d'une part, le renforcement probable du monopole existant de Microsoft malgré les assurances obtenues au terme de son procès, mais surtout un inacceptable contrôle à distance de chaque ordinateur. APRIL s'associe à cette mise en garde et considère que la mise en oeuvre de projets tels que Palladium ou TCPA mettraient gravement en cause la liberté d'utiliser, et donc l'existence même, des logiciels libres.
La sécurité informatique et la lutte contre les virus sont parfois les prétextes avancés pour défendre Palladium ou TCPA. Microsoft avoue aujourd'hui [2] qu'il s'agit en fait d'instaurer la « gestion numérique des droits » (DRM ou Digital Rights Management) sur tous les ordinateurs de la planète. C'est-à-dire de contrôler à distance l'usage de chaque ordinateur, par exemple pour taxer la simple écoute d'une chanson, ou même la lecture d'un texte. Mais il est avéré[3] que ces technologies ont aussi été conçues pour supprimer la liberté de chacun de choisir ses logiciels, et donc en particulier interdire d'adopter des logiciels libres. Des conséquences bien plus sombres sont malheureusement aussi possibles comme la censure politique et des menaces sur les libertés individuelles.
APRIL appelle, à travers ce communiqué, toutes les organisations concernées par la défense des libertés individuelles à prendre conscience des dangers que représentent des projets comme Palladium et TCPA. Sous un aspect technique anodin et trompeur, ces nouveaux types d'infrastructures se préparent à verrouiller tous les systèmes d'information en mettant en péril la liberté de chaque utilisateur d'ordinateur, et donc de chaque citoyen.
[2] http://crit.org/http://www.t8o.org/~mca1001/crit/cached/0821PalladiumFAQ.html
[3] http://www.linuxandmain.com/modules.php?name=News&file=article&sid=279
Pour en savoir plus, consultez la FAQ TCPA/Palldium de Ross Anderson dont est extrait cette courte présentation. Original en anglais : http://www.cl.cam.ac.uk/~rja14/tcpa-faq-0.2.html et traduction française: http://www.lebars.org/sec/tcpa-faq.fr.html.
Richard Stallman a reçu le prix Hopper Award de l'Association for Computing Machinery en 1991 pour le développement de l'éditeur Emacs dans les années 70. En 1990, il fut honoré du MacArthur Foundation fellowship et en 1996, d'un doctorat honorifique de l'Institut Royal de Technologie en Suède. En 1998, il reçu le prix du Pionnier de l'Electronic Frontier Foundation avec Linus Torvalds; en 1999 il se vit décerner un prix du mémorial Yuri Rubinski.
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