The Hacktivismo Declaration


Une licence logicielle pour défendre les droits de l'homme

Le vendredi 29 novembre 2002.

Un groupe international de hackers crée une licence logicielle protégeant les internautes des États qui ne respectent pas les droits de l'homme.

Comment empêcher qu'un code source libre soit utilisé par des États afin d'espionner les citoyens ? Hacktivismo, un groupe international de hackers attaché à la défense des droits de l'homme, pense avoir trouvé la solution, en créant un nouveau type de licence logicielle.

Baptisée Hacktivismo Enhanced-Source Softawre License Agreement (Hessla), cette licence logicielle reprend pour l'essentiel les termes de la GNU Public License (GPL), la licence des logiciels libres. Mais, en plus, cette nouvelle licence défend à quiconque d'introduire des « logiciels espions, des technologies de surveillance, ou tout autre code indésirable dans des versions modifiées de programmes sous licence Hessla. »

Le groupe Hacktivismo espère ainsi protéger les utilisateurs de ses logiciels tout en continuant à permettre une libre consultation des codes sources.

« C'est la première fois qu'un transfert de technologie est lié à la protection des doits de l'homme », explique Oxblood Ruffin, le créateur de Hacktivismo. Échanger des informations sans être espionné

La licence précise que tout gouvernement exploitant du code source Hessla dans un projet informatique violant les droits de l'homme renonce explicitement à toute immunité judiciaire vis-à-vis de cours de justice étrangères.
« En d'autres termes, si la Chine continue à violer les droits de l'homme, alors elle n'a pas d'autre choix que d'éviter l'usage des programmes développés sous licence Hessla », peut-on lire dans un communiqué de Hactivismo.

L'un des projets les plus médiatisés du groupe Hacktivismo est la création d'un réseau peer to peer, permettant l'échange d'informations cryptées sur Internet. Baptisé 6/4, ce projet vise à fournir aux dissidents d'États répressifs et non respectueux des droits de l'homme les moyens d'échanger des informations sans être espionnés.
Pour élaborer la licence Hessla, le groupe Hacktivismo a fait appel aux experts juridiques en technologies de l'information de CyberBrief, un cabinet d'avocats.

[source - 01net.com]


Hacktivismo, un groupe international de hackers attaché à la défense des droits de l'homme
 
Déclaration d'Indépendance Manifeste hacktiviste
(The Hacktivismo Declaration)

Pour diffusion immédiate, le 4 juillet 2001

Principes de liberté en faveur d'un internet non censuré

Nous sommes TRES SERIEUSEMENT INQUIETS de l'extension de la censure de l'internet par les gouvernements, soutenus par les sociétés transnationales,

PRENANT POUR BASES les principes et objectifs inscrits dans l'Article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (UDHR), qui déclare que "Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit", ainsi que l'Article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (ICCPR), pour qui

  1. Nul ne peut être inquiété pour ses opinions.
  2. Toute personne a droit à la liberté d'expression; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix.
  3. L'exercice des libertés prévues au paragraphe 2 du présent article comporte des devoirs spéciaux et des responsabilités spéciales. Il peut en conséquence être soumis à certaines restrictions qui doivent toutefois être expressément fixées par la loi et qui sont nécessaires:
    1. Au respect des droits ou de la réputation d'autrui;
    2. A la sauvegarde de la sécurité nationale, de l'ordre public, de la santé ou de la moralité publiques.
RAPPELANT que plusieurs états membres des Nations Unies ont signés l'ICCPR, ou l'ont ratifié de telle sorte qu'il empêche leurs citoyens de s'en servir lors d'une procédure judiciaire,

CONSIDERANT que de tels états membres continuent volontairement de réprimer l'accès libre et ouvert aux informations légalement publiées sur l'Internet, malgré l'assertion claire et nette de l'ICCPR que la liberté d'expression s'entend à toute forme de média,

PRENANT NOTE que certaines sociétés transnationales continuent de vendre des technologies de l'information aux régimes les plus répressifs dont elles savent qu'elles serviront à surveiller et contrôler des citoyens d'ores et déjà réprimés,

PRENANT EN CONSIDERATION le fait que l'Internet sert de plus en plus à la répression plutôt que comme instrument de libération,

CONSIDERANT que dans certains pays le droit d'accès à des informations légalement publiées, entre autres droits de l'homme, est considéré comme un crime,

RAPPELANT que les états membres des Nations Unies n'ont pas réussi à faire pression sur ceux qui violent de façon flagrante les droits à l'information,

CONSCIENT que le fait d'interdire l'accès à l'information entraîne un déclin spirituel, intellectuel et économique, promeut la xénophobie et la déstabilisation de l'ordre international,

INQUIETS de voir gouvernements et transnationales s'entendre pour maintenir ce statu quo,

SERIEUSEMENT INQUIETS de voir les puissants de ce monde échouer à défendre sans équivoque les droits à l'information,

RECONNAISSANT l'importance du combat à mener contre les abus à l'encontre des droits de l'homme dans le respect d'un accès raisonnable aux informations sur l'Internet,

NOUS SOMMES DE CE FAIT CONVAINCUS que la communauté internationale des hackers se doit dorénavant de réagir, et nous

DECLARONS QUE :
 

LE RESPECT ENTIER DES DROITS DE L'HOMME ET DES LIBERTES FONDAMENTALES INCLUE LA LIBERTE D'ACCEDER DE MANIERE JUSTE ET RAISONNABLE AUX INFORMATIONS, QUE CE SOIT PAR ONDES COURTES, COURRIER POSTAL, TELEPHONE, INTERNET OU QUELQUE AUTRE MEDIA.

NOUS RECONNAISSONS LE DROIT AUX GOUVERNEMENTS D'INTERDIRE LA PUBLICATION DE CERTAINES CATEGORIES BIEN PRECISES DE SECRETS D'ETAT, DE LA PEDOPORNOGRAPHIE ET AUTRES ENJEUX RELATIFS A LA VIE PRIVEE ET AUX DONNEES PERSONNELLES, ENTRE AUTRES RESTRICTIONS COMMUNEMENT ADMISES. MAIS NOUS NOUS OPPOSONS A L'UTILISATION DES POUVOIRS ETATIQUES EN VUE DE CONTROLER L'ACCES AUX TRAVAUX CRITIQUES, INTELLECTUELS, ARTISTIQUES OU RELIGIEUX.

LA CENSURE GOUVERNEMENTALE DE L'INTERNET VA A l'ENCONTRE DE LA COEXISTENCE PACIFIQUE ET CIVILISEE, AFFECTE L'EXERCICE DE LA DEMOCRATIE, ET MENACE LE DEVELOPPEMENT SOCIOECONOMIQUE DES NATIONS.

LA CENSURE ETATIQUE DE L'INTERNET EST UN ACTE GRAVE DE VIOLENCE SYSTEMATIQUE ET ORGANISEE A L'ENCONTRE DES CITOYENS, GENERE INTENTIONNELLEMENT DESORDRE ET XENOPHOBIE, ET EST UNE FORME REPREHENSIBLE DE VIOLATION DE LA CONFIANCE ACORDEE PAR LES CITOYENS AUX GOUVERNEMENTS.

NOUS ETUDIERONS TOUTES CHOSES ET MOYENS SUSCEPTIBLES DE CONTOURNER CE GENRE DE CENSURE GOUVERNEMENTALE DE L'INTERNET, ET FOURNIRONS DES TECHNOLOGIES PERMETTANT DE PASSER OUTRE CES VIOLATIONS DES DROITS A L'INFORMATION.

Liens Web :
Déclaration universelle des droits de l´homme
Pacte international relatif aux droits civils et politiques
Reporters Sans Frontières