Traduction de l'article du Guardian (Londres) en date du 15/03/01

MERCI POUR LA MEMOIRE

    Des expériences soutiennent ce qui a été considéré comme une hérésie scientifique, dit Lionel Milgrom ce Jeudi 15 mars 2001. Le Professeur Madeleine Ennis de l'Université Queen's de Belfast est, comme la plupart des scientifiques, profondément sceptique à propos de l'homéopathie. Qu'un composé pharmaceutique, hautement dilué jusqu'à ce qu'il n'en reste plus, puisse exercer un effet thérapeutique est un affront à la biochimie et à la pharmacologie conventionnelles qui sont fondées sur des événements moléculaires directs et palpables. Il en est de même pour l'explication possible de la façon dont l'homéopathie fonctionne : l'eau retiendrait d'une manière ou d'une autre une "mémoire" des choses qui y ont été dissoutes. Cette dernière notion, largement popularusée par le biologiste français, Dr Jacques Benveniste, lui a coûté son laboratoire, son financement et finalement sa crédibilité scientifique internationale.
... Cependant, ceci n'a pas découragé le Professeur Ennis qui, étant une scientifique, n'a pas eu peur d'essayer de montrer que Benveniste avait tort. C'est ainsi que plus d'une décade après l'excommunication de Benveniste par le courant scientifique dominant, elle a saisi l'occasion de se joindre à une grosse équipe de recherche paneuropéenne dans l'espoir de finalement en finir avec cette "affaire Benveniste" sur la base de critères scientifiques. Mais elle ne s'attendait pas à recevoir un choc : en effet les résultats les plus récents de l'équipe suggèrent maintenant, de façon à alimenter la controverse, que Benveniste pourrait avoir eu raison depuis le début de ses travaux. En 1985, Benveniste a commencé à faire des expériences avec des globules blancs impliqués dans les réactions allergiques, que l'on appelle des basophiles. Ces cellules possèdent des petits granules qui contiennent des substances comme l'histamine, en partie responsables de la réponse allergique. Ces granules peuvent être colorés avec un colorant spécial mais ils perdent leur coloration (on dit qu'ils sont "dégranulés") en présence d'une substance que l'on appelle l'anti-immunoglobuline E ou aIgE. Jusqu'ici nous sommes dans la science standard. Ce que Benveniste a prétendu, et qui donné naissance à une violente controverse, c'est qu'il continuait à observer une dégranulation des basophiles même lorsque l'aIgE avait été dilué de façon telle qu'il n'en restait plus, à la condition qu'à chaque étape de dilution, d'une manière comparable à la préparation des remèdes homéopathiques, la dilution subisse une agitation très forte.
... Après de très nombreuses expériences, Benveniste a rédigé un compte-rendu de son travail et, en 1988, l'a publié dans la revue Nature, en suggérant que l'eau utilisée dans ces expériences pourrait avoir conservé une sorte de "mémoire" de l'aIgE dissoute à l'origine. Les homéopathes se sont réjouis, convaincus de tenir enfin la preuve solide dont ils avaient besoin pour rendre l'homéopathie scientifiquement respectable. Cependant les réjouissances n'ont pas duré. Sous la direction de l'équipe de Nature qui, notoirement incluait un magicien (lequel n'a pas pu trouver de faute dans la méthodologie de Benveniste - seulement dans ses résultats), Benveniste a été cloué au pilori par l'establishment scientifique. Des scientifiques Anglais du London University College, tent de reproduire ces expériences, a vu son entreprise se solder par un échec et en a rendu compte dans Nature en 1993. Depuis ce dernier s'est efforcé de convaincre d'autres laboratoires indépendants de reproduire ses travauxl, affirmant que des résultats négatifs tels que ceux de l'équipe anglaise étaient le résultat d'une incompréhension de ses protocoles expérimentaux.
... C'est alors qu'entre en scène le Professeur Ennis et l'effort de recherche paneuropéeen. Un consortium de quatre laboratoires indépendants de recherche en France, Italie, Belgique et Hollande, sous la direction du Professeur Robertfroid à l'Université Catholique de Louvain à Bruxelles, a utilisé un perfectionnement de l'expérience originale de Benveniste qui s'adresse à un autre aspect de l'activation des basophiles. Cette équipe savait que l'activation de la dégranulation des basophiles par l'aIgE conduisait à la libération de médiateurs puissants incluant de très grandes quantités d'histamine, laquelle enclenche un cycle de rétroactions négatives qui limitent sa propre libération. Ainsi, l'expérience de l'équipe paneuropéenne impliquait une comparaison de l'inhibition de la dégranulation des basophiles induite par l'aIgE avec des dilutions "fantômes" de l'histamine contre des solutions-contrôles d'eau pure
... C'est cette technique, commente J.Benveniste, que nous avions présentée dans une première version de l'article envoyé à Nature en 1987, qui fut expertisée par l'équipe de A. Spira (INSERM U 292) et publiée dans les Compte-Rendus de l'Académie des Sciences en 1991. Nous lui avions préféré l'activation directe des basophiles, plus simple. Afin d'assurer qu'aucun artefact ne pouvait être introduit dans les expériences par les scientifiques des quatre laboratoires impliqués, ceux-ci ne connaissaient pas le contenu des solutions-tests. En d'autres termes, ils ne pouvaient pas savoir si les solutions qu'ils ajoutaient à la réaction anti-IgE-basophiles contenait des quantités "fantômes" d'histamine ou simplement de l'eau pure.
... Mais ce n'est pas tout. Les solutions d'histamine "fantôme" et les contrôles ont été préparés dans trois laboratoires différents qui n'étaient pas impliqués du tout dans les expériences. L'ensemble de l'expérience a été coordonné par un chercheur indépendant qui a codé toutes les solutions et recueilli les résultats mais n'avait pas été impliqué dans les tests ou analyses des résultats de l'expérience. Par conséquent, il n'y a guère de place pour la fraude ou l'auto-suggestion dans toute cette affaire-la. Si bien que les résultats, lorsqu'ils sont arrivés, ont été une totale surprise. Trois des quatres laboratoires impliqués dans l'essai ont rapporté une inhibition statistiquement significative de la dégranulation des basophiles par les solutions d'histamine "fantôme" comparées aux contrôles. Le quatrième laboratoire a donné un résultat qui était presque significatif, si bien que le résultat total des quatre laboratoires était positif pour les solutions d'histamine "fantôme".
... Mais le Professeur Ennis n'était toujours pas satisfaite. "Dans cet essai nous avions coloré les basophiles puis compté à la main ceux qui étaient restés colorés après l'inhibition de la réaction par l'histamine. Vous pourriez objecter qu'une erreur humaine pourrait s'être glissée à cette étape du protocole expérimental". Elle a donc utilisé une méthode de comptage des basophiles qui avait été développé auparavant et qui pouvait être complètement automatisée,qui impliquait de marquer les basophiles activés avec un anticorps monoclonal, lequel pouvait être observé par une réaction de fluorescence, mesurée par une machine. Le résultat, qui doit être publié bientôt dans Inflammation Research s'est révélé identique au précédent : les solutions d'histamine à concentration pharmacologique et à très haute dilution ont induit une inhibition statistiquement significative de l'activation des basophiles par l'anti-IgE, confirmant les résultats précédents dans ce domaine. "En dépit de mes réserves contre la science de l'homéopathie" dit Ennis, "les résultats me poussent à accepter ce qui m'était apparu initialement comme totalement invraisemblable et à commencer à rechercher une explication rationnelle pour nos résultats".
... Commentaire de Jacques Benveniste :. "Ils sont arrivés à exactement là où nous en étions il y a douze ans". Benveniste pense qu'il connaît déjà ce qui constitue l'effet de la "mémoire de l'eau" et affirme être capable d'enregistrer le signal de substances biochimiques et de le transmettre à l'autre bout du monde par Internet. Ces signaux, affirme-t-il, créent des changements dans les tissus biologiques comme si la substance était réellement présente. Si Benveniste et Ennis ont raison, les conséquences pour la science pourraient être bouleversantes, nécessitant une révision complète de la façon dont nous comprenons le fonctionnement de la chimie, de la biochimie et de la pharmacologie. Une chose cependant paraît certaine, ou bien Benveniste sera maintenant extrait du "placard" où on l'avait enfermé, ou le Professeur Ennis et le reste des scientifiques impliqués dans l'expérience paneuropéenne pourraient aller l'y rejoindre....

Remarques de Benveniste :

1 - Remarquons que les résultats négatifs sont instantanément publiés par Nature alors que les résultats positifs, publiés dans des revues de bon mais de second niveau, passent évidemment complètement inaperçus. Il s'agit d'une véritable entreprise de désinformation, probablement une des plus importantes dans l'Histoire des sciences.

2 - Le journaliste s'est laissé entraîner car, en accord avec le mouvement habituel de la science, nos résultats apportent un élément de plus pour comprendre les interactions d'une molécule, décrypte le langage des molécules, sans rien changer à l'état actuel de la chimie, biochimie et pharmacologie.

pour plus d'informations sur les experiences de J. Benveniste :
site du laboratoire de Biologie Numérique http://www.digibio.com/