Comment prendre en charge et comprendre les syndromes de l'appareil musculo-squelettique ?

Il s'agit de troubles allant des TMS (troubles musculo-squelettiques) fréquent chez les travailleurs sédentaires à la fibromyalgie un syndrome multifactoriel beaucoup plus étendu.

Pour ce genre de maladie, il n'est plus possible de réduire le corps humain à de simples éléments que l'on va traiter séparément. La thérapie doit s'adapter pour, à la fois diagnostiquer des troubles multifactoriels, et répondre de manière adaptée à la demande du patient.

Un témoignage qui explique la problématique.


Comme vous le savez tous, j'ai du faire face il y a quelques mois à un problème de santé qui a pesé lourd dans ma décision de quitter la start-up dorée XXXXX. Je présentais alors tous les symptômes du SCC, le syndrome du canal carpien, ce mal dont souffriraient de nombreux informaticiens pour avoir trop utilisé le clavier ou la souris. Petit historique de mes pérégrinations médicales pour vous éviter de subir le même traitement.

Mon généraliste m'a renvoyé chez un neurologue qui a conclu au canal carpien. Son diagnostic s'appuyait sur une des manifestations typique de cette pathologie : le signe de Tynel. Frappez sur les tendons au niveau de l'articulation de votre poignet : une décharge dans le pouce, l'index, le majeur et une face de l'annulaire est généralement le signe d'une inflammation du nerf médian qui irrigue ces doigts. Cette inflammation est généralement causée par une compression du nerf, coincé entre des tendons eux-mêmes enflammés. Le neurologue m'a renvoyé faire un EMG (électromyogramme) pour confirmer son diagnostic. Sachez que l'EMG est un examen pas très agréable qui consiste à envoyer des décharges dans le nerf médian via une électrode de surface pour mesurer la vitesse de conduction du nerf. Le neurologue préconisait de procéder à une infiltration en cas de confirmation de son diagnostic. L'infiltration consiste à injecter un puissant anti-inflammatoire dans le canal carpien. Problème : l'infiltration est une opération qui ne saurait être répétée plus de deux fois car l'anti-inflammatoire attaque les tissus. Un sujet qui a subit trop d'infiltrations peut ne plus être opérable tant ses tissus sont fragilisés. Après quelques péripéties, j'ai atterri dans un cabinet de radiologie pour effectuer l'EMG.

Premier conseil, évitez ce radiologue, c'est un marchand de tapis doublé d'un incompétent qui utilise un matériel totalement obsolète (oscilloscope analogique).
XXXXXXXXXXX
XXXXXXXXXXXXXXXXX
750XX Paris

L'EMG n'a pas mis en évidence de compression patente. Sur la base de ces résultats, mon kiné m'a enjoint de consulter un ponte de la chirurgie des mains :
YYYYYY
XXXXXXXXXXXXXXXX
750XX Paris

Comme vous le voyez, je ne sors pas des adresses prestigieuses. XXXXX a diagnostiqué le canal carpien et a commandé un autre EMG auprès d'un de ses confrères pour confirmation :
XXXXXXXXXXXXXXXX
XXXXXXXXXXXXXX
XXXXXXXXXXXXX
750XX Paris

XXXXXXXX dispose d'un bon matériel (oscilloscope numérique couplé à un logiciel d'analyse) et est extrêmement compétent. Il a pris le temps qu'il faut pour mettre en évidence le problème : compression très localisée sur la main gauche, compression plus typique sur la main droite. Sur la base de ces résultats, YYYYY a refusé d'opérer et a préconisé l'infiltration. En effet, une opération consiste à sectionner partiellement ou totalement des ligaments pour dégager le canal carpien. Et la cicatrisation peut générer un bourrelet qui reproduit la compression ...

Je suis donc allé me faire infiltrer - au sens propre comme au figuré car il prend 500 F pour une piqûre - par :
ZZZZZZZZ
ZZZZZZZZZZ
750ZZ Paris

ZZZZZZ est sans doute compétent. En tout cas il fait très bien les piqûres. La première infiltration a donné quelques résultats (notez qu'on infiltre dans une seule main car résoudre le problème dans une main le résout dans l'autre, pour une raison que tout le monde ignore) : le signe de Tynel, qui autrefois pouvait être mis en évidence à tout instant de la journée, ne pouvait plus être mis en évidence que durant une certaine période suivant l'utilisation du clavier.
Par contre un autre symptôme s'est développé : une soudaine sensibilité du nerf cubital. Il me suffisait, après avoir utilisé le clavier, de passer la main sur la face intérieur de mon bras (de l'aisselle au coude) pour déclencher une décharge dans l'auriculaire et une face de l'annulaire. L'infiltration a été suivie d'une seconde quinze jours plus tard, comme le veut la tradition. Cette fois-ci, j'ai décidé d'enrober, sans la compresser, ma main gauche avec du Coheban, un tissus spécial dispendieux et vendu en pharmacie. Je voulais maximiser les effets de l'infiltration en sollicitant aussi peu que possible la main la plus atteinte. Le problème du nerf médian subsistant, celui du nerf cubital devant alarmant, je suis retourné voir mon kiné qui m'a renvoyé vers une de ses élèves spécialisées dans la rééducation des musiciens :
MMMMMMMMM
MMMMMMMMM
750MM Paris

Forcément le quartier est moins beau que tous ceux dans lesquels je me suis jusqu'alors rendu. En plus c'est moins cher car de 500 F le quart d'heure on passe à 300 F l'heure. Mais la compétence semble inversement proportionnelle au standing de l'adresse. Pour la première fois, quelqu'un me demande dans quelle posture je travaille (même YYYYY, à qui j'ai tenté de l'expliquer, n'en avait rien à battre).
Il ne lui a pas fallu plus d'une minute pour détecter un blocage musculaire du coude. Après 15 minutes de manipulation du bras droit, je suis rentré et j'ai commencé à utiliser le clavier, non sans avoir modifié la hauteur de mon écran, à hauteur de mes yeux dorénavant de sorte que je peux m'appuyer sur le dossier de ma chaise en travaillant.

Incroyable. Miraculeux. Impossible de faire revenir les symptômes du canal carpien ! Ce courrier que vous lisez, je l'ai tapé d'une traite. Avant de la voir (c'est-à-dire avant-hier), je n'aurais jamais pu en taper plus de deux paragraphes sans voir revenir les symptômes. Pour conclure. Je me suis donc entretenu avec un généraliste, un neurologue, un chirurgien de la main, un kiné, deux spécialistes de l'EMG et un rhumatologue, tous des spécialistes reconnus dans leur domaine de compétence (professeurs ou internes). Pas un ne m'a demandé comment je travaillais. Tous se sont contentés de ne voir pas plus loin que leur spécialité. C'est lamentable mais c'est ainsi. Les spécialistes sont tous bornés, il ne faut jamais les consulter que pour avis, et encore faut-il en consulter plusieurs de disciplines différentes pour recouper leurs diagnostics.

Par extrapolation il ne faut jamais se lancer dans un traitement contraignant, et encore moins dans une opération, sans avoir épuisé la filière des médecines non invasives. Pensez en particulier aux kinés. Carfinalement, ce sont les seuls à avoir le courage d'entrer en contact avec lecorps de l'autre, c'est-à-dire de le voir, de le toucher, d'entendre ses plaintes et - comment l'éviter ? - de le sentir - et sentir c'est goûter - bref de vous percevoir dans toute votre humanité par leur cinq sens grand ouverts, plutôt que d'éviter de vous voir en examinant des radios, des scanners ou des EMGs, plutôt que d'éviter de vous toucher en utilisant des instruments et des tenues de combat, plutôt que d'éviter de vous entendre envous renvoyant chez vous avaler des médicaments ou alors en vous anesthésiant, vous verrez ça ne fera pas mal, mais on aura pas mal, on aura peur. Ce qu'elle peut être bête parfois la médecine, quand ceux qui la pratiquent oublient comment elle a commencée.

Denis


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