Le premier combat ( Muad Anton, 1997)

C'est lors de ma première mission que j'ai compris le prix de la vie. Une révélation qui a transpercé mon âme à tout jamais. La première fois que j'ai fait la guerre, c'était un moment d'intense émotion, une peur irradiant le ventre, les pensées au ralenti, les jambes lourdes.

Comment faire la guerre dans ces conditions ? La réponse est simple, c'est l’entraînement qui compte, il suffit à lui seul à conditionner le corps pour certaines actions. Sans cet entraînement il est impossible à la fois de survivre et d'être efficace.

Comme un robot sans cervelle, j'ai pu m'en tirer en mettant ma raison de coté. Je dois l'avouer, au plus dur des combats, je n'avais plus qu'une seule idée, accomplir ma mission et cet objectif l'a emporté sur ma peur de mourir.

Mon premier combat fut l'acte tragique où j'ai perdu ma virginité spirituelle. Choqué, blessé, amer, pleurant sur les restes de certitudes et mon dégout fissurant plus profondément ma conscience. Après il n'est plus possible de revenir sur ces pas, de retrouver ce regard naïf sur l’espèce humaine. Il faut le vivre pour le comprendre.