état(s) modifié(s) de conscience
un témoignage d'un lecteur désirant conserver l'anonymat.
Bonjour, Je tenais à partager avec vous une expérience que j'ai eue que j'assimile à un(des) état(s) modifié(s) de conscience. Peut-être pourriez-vous me donner quelques impressions sur cela ? Voici le récit: L'expérience que j'ai vécue s'apparentait à ce que l'on pourrait appeler un 'rêve conscient', cela pour plusieurs raisons. Je ne suis pas un spécialiste des rêves, ni du cerveau, je parle à travers l'expérience personnelle et intime que j'en fais. Cette expérience a pris sa source dans un terrain psychologique particulier, d'ouverture, à partir de circonstances préparatrices particulières, qui en ont facilité, je pense, la venue: rencontres, nouvelle compréhension intérieure après un déblocage psychique,... Lorsqu'elle a débuté de manière consciente, l'état d'esprit était un état de bien-être, de connivence avec le monde environnant, un état libre de toute agressivité. -Cette expérience s'est déroulée dans une certaine trame, comme une histoire rêvée, dont le décor, les personnages, appartenaient au monde réel, de l'état de veille. J'emploie ces mots, à défaut d'autres, dans une perspective commune et généralement admise de la "réalité". -La pensée, loin d'être absente, participait activement à ce vécu. La pensée, à l'état de veille habituel, agit de manière réactive en nous, à des stimuli extérieurs ou à d'autres pensées ou impressions. Dans le cas de ce vécu, la séparation induite par une pensée réactive n'existait pas; c'est-à-dire que la pensée n'était pas une réaction, mais participait de manière non séparée au vécu, par correspondances. -Le monde intérieur et le monde extérieur n'était pas séparé par le voile habituel de la conscience: ce qui était à l'intérieur communiquait à l'extérieur et vice et versa. -Le vécu de cet expérience ne se déroulait ni dans le réel, ni dans l'imaginaire, mais dans la "coïncidence" entre les deux, pour reprendre une expression de Carlo Suarès. En cela, c'était comme si mon être intérieur profond s'articulait dans le monde extérieur vécu de l'état de veille. C'est une sensation incroyable de non-dualité. -Ce vécu est une expérience intime à l'image d'un rêve personnel, bien qu'il se soit déroulé dans la vie de tous les jours. -Certaines perceptions de ce vécu s'apparentaient à une perception modifiée: certaines images prenant énormément d'ampleur par rapport à d'autres, un peu comme dans un rêve. La perception générale étant très active et vive, s'attachant à de nombreux détails. Cette expérience est survenue dans le cadre d'une recherche intérieure, alors que je ne m'y étais jamais préparée, n'employant aucune technique de relaxation, de méditation particulière et n' a jamais été recherchée. Cela s'est passé en état de veille et non pendant le sommeil. C'était une sorte d'immersion dans un imaginaire plus ou moins 'sacral', lié à l'environnement extérieur et aux personnes rencontrées durant une promenade, un après-midi d'été. La trame de cette expérience semblant se projeter en une sorte de 'plan de vie', personnel. Cela a commencé l'été dernier. En août, si mes souvenirs sont exacts, à la suite d'une crise douloureuse, liée à une sorte de déblocage psychique. L'année précédente avait été marquée par des montées d'énergie au niveau du crâne. Le phénomène ayant commencé durant le sommeil, avec, non pas un cycle établi, il me semble, de sommeil paradoxal et de sommeil profond, mais avec une lucidité présente tout au long de la nuit, pendant quelques jours. Une sorte de conscience progressive ou évolutive dans le cheminement des pensées, durant le sommeil. Une investigation progressive et non contrôlée par la pensée sur la nature de l'esprit, accompagnée de la mise en conscience de peurs refoulées... La nuit a débuté par l'apparition d'une intuition (je ne sais comment nommer cela autrement) en anglais (langue que je parle de manière bien incorrecte): The real difficulty of learning a language is the dramaturg act of the life Mind is no language Je dirais plutôt que l'esprit est sur le langage, en superposition. En fait, je n'en sais rien. Peut-être que l'esprit dont il est question ici n'est pas seulement l'esprit humain tel qu'il peut se montrer à travers le langage, mais cet ultime dont on parle qui est 'au-delà' de la pensée. Durant la nuit, la douleur s'est résolue en un bien-être intense, accompagné de pulsations au niveau du front et une sensation de nouveauté, liée notamment avec l'image d'un homme préhistorique (genre homo erectus) remplie d'une immense joie et d'un grand attendrissement dans l'observation d'une flamme. L'expression de son visage était reproduite sur le mien ainsi que les sensations correspondantes. Durant ces nuits, j'ai ressenti et nommé (de manière non analytique mais naturelle) une sorte de réappropriation à la fois du langage et du corps. Les nuits suivantes (2 ou 3) se sont déroulées de manière tout aussi lucide, mais sans que je puisse me souvenir précisément des images ou idées qui me sont apparues. A l'état de veille, diverses intuitions ont accompagnées cette période, notamment à propos du corps, que je ressentais par moments corrélé à tout l'univers, jusque dans le moindre détail. Lors d'une promenade, en passant à côté d'une église, mon regard s'attarda sur une statue d'une vierge noire, qui était vivante au niveau des yeux. C'était peut-être le fruit d'une hallucinose, en tout cas, il n'y avait que les yeux de la statue qui suscitait en moi une perception altérée par rapport à la réalité ordinaire. Il y avait une résonance et une sensation de bien-être avec mes propres yeux, comme un contact physiologique entre deux regards. Je retranscris ici l'expérience dont j'ai fait mention dans un premier message que je reproduis ici, en ayant déjà parlé autre part: Elle s'est déroulée l'été dernier alors que je me promenais avec mes parents sur l'île de Batz. elle a commencé alors que je prenais le bateau pour arriver sur l'île, (mais dans un contexte psychique démarré quelques jours plus tôt): Ce jour-là était apparue une trace rouge en dessous de mon oeil gauche, comme une éraflure et semblable à une larme qui disparut au bout de deux jours. L'expérience a commencé avec l'idée d'unité avec toutes les personnes se trouvant dans le bateau Par la suite, effectivement, durant toute la durée de la visite (le jardin Georges Delaselle), mes pensées évoluaient dans une pseudo-histoire symbolique, semblable à un rêve, entre un homme et une femme, agrémentée par le contexte extérieur global. Il s'agissait un peu d'une sorte de 'plan de vie' associé à l'exploration de nombreux domaines de la pensée. Difficile à expliquer. La fin de l'"histoire" se termine par un choix proposé: l'immortalité ou le retour. Ce choix est conditionné et ne dépend pas de moi, mais de la partie féminine. Je ne prends jamais de drogues (même si j'ai eu l'occasion de toucher au cannabis lorsque j'étais plus jeune, à regret), et bois assez rarement de l'alcool. L' idée m'est venue (sans jugement sur celle-ci) que la localisation géographique (méridien, je ne sais pas) avait un rapport avec la possibilité de l'expérience...(réseaux de Hartmann ??). Tout cela se déroulait dans un état psychique particulier de détente et de bien-être (vacances, beau temps...) et résonnant dans toute l' atmosphère, et une conscience plus profonde des échanges (significations verbales, symbolismes des paroles et pensées qui m'apparaissaient). Alors que nous nous apprêtions à regagner le port pour prendre le bateau, une chienne noire avec des yeux amandes se mit à mon niveau sur ma gauche alors que je marchais tranquillement, me regardant d'un air vraiment amical; je ne pus m'empêcher de lui caresser la tête de la main gauche, bien qu'elle sembla timide. Je me retourna alors pour voir ses maîtres: un couple d'un certain âge (un monsieur barbu au regard très sympathique et une dame au visage très accueillant), qui me sourirent alors, tout cela dans une atmosphère très détendue et amicale. Le couple me dépassa alors marchant plus vite que nous. Quelques secondes plus tard, nous les retrouvâmes au détour du chemin: le monsieur apparemment décontenancé ramassait un bouquet d'agapanthes bleues (http://www.barbadine .com/pages/agapanthus_lien.htm) assez imposant liées avec de l'herbe qui se trouvait au beau milieu du chemin alors que celui-ci était très fréquenté et que quelques mètres plus loin des touristes marchait tranquillement. On ne peut trouver sur l'île des agapanthes que dans les jardins privés et il n'y a pas de fleuristes. Que faisait ce bouquet d'agapanthes au milieu du chemin ? Sans compter le symbolisme s'y rapportant (agapan: aimer en grec). De plus tout cela se déroula dans un contexte de conscience très particulier à mon niveau, chose qui ne s'est jamais reproduite depuis. La première chose qui m'est venue à l'esprit (au risque d'être pris pour un fou), c'est que c'était un miracle, que le bouquet était tombé du ciel (littéralement), ou alors (figurativement) qu'il s'était matérialisé là, au milieu du chemin, chose extraordinaire; et que cela avait un rapport avec la chienne noire. Je précise que je suis à l'origine non croyant, et très rationaliste et ai une formation de base scientifique. Le monsieur barbu ayant ramassé le bouquet, ne sachant quoi en faire, le déposa sur le bord du chemin. Et tout le monde (eux, moi et mes parents (n'ayant pas fait de cas)) reprit la direction du port. Alors que nous les recroisions au port deux à trois minutes plus tard, je voulais recroiser le regard de la chienne, mais celle-ci semblait bouleversée, fixant le sol et rien d'autre. Et j'entendis en les dépassant le monsieur dire à sa compagne, un peu abasourdi, (à peu près): "je ne comprends vraiment pas, je sens que je vais cogiter toute la nuit...", puis je fus trop loin d'eux pour entendre la suite de leur conversation. L'homme en question semblait décontenancé par l'événement, qu'il ne semblait pas avoir lui-même compris, un peu "groggy", si je relate bien ma perception de la scène. Je ne me souviens plus trop de l'attitude de sa compagne, ou j'y ai moins fait attention. La chienne, quant à elle, semblait avoir changé de tout au tout de comportement entre le moment où elle est apparue à mon niveau et le moment ou je l'ai revue sur le port, comme si ce n'était plus la même chienne. Je ne sais pas si c'est l'attitude du maître qui en est l'origine, car celui-ci m'a toujours apparu très calme. Je ne sais pas dans quelle mesure je suis susceptible de déformer et d' interpréter les faits (par interférence avec mon propre positionnement psychique). Mes parents n'ont prêtés aucune signification particulière à l'événement, n'y ayant même pas prêté attention. Je ne suis pas croyant à l'origine, mais là, j'avoue que cet événement me dépasse complètement, ne sachant comment interpréter ce que j'ai perçu. Je ne sais pas à l'heure actuelle quoi penser, dans l'incapacité de toute façon d'avoir le témoignage du couple concerné par l'événement en question. Sur le chemin du retour, sur le bateau, je suis entré en reliance avec une femme située à l'autre bout du bateau, avec ses trois petits enfants autour d'elle. Etait présent simultanément l'univers tout entier, elle et moi dans une seule et unique perception, je suis incapable de dire combien de temps cela a duré. Il y avait cette même impression physiologique au niveau des yeux. Entre temps d'autres détails me "sautaient" aux yeux comme l'appareil-photo d'une femme traversant le bateau. J'avais déjà prêter attention à des appareils-photos durant ma promenade sur l'île en question, sans trop savoir pourquoi. En longeant la passerelle pour arriver sur le port, je croisais un père disant à son enfant que le messie allait revenir sur terre pour sauver l'humanité, et je pensais à quel point le conditionnement imposé à nos enfants était grand, encore aujourd'hui. Puis sur le port, l'expérience se continua un peu dans une atmosphère toujours un peu irréelle. Durant ces quelques jours, chaque soir, il y avait un arc-en-ciel dans le ciel et je ressentais une sorte d'union entre ces sensations psychiques et l'environnement dans son entier. Tout cela peut sembler issu d'un délire mystique, ou d'une pathologie hallucinatoire, pour l'oeil sceptique d'une personne rationaliste n'ayant vécu aucune expérience de ce type. Je ne comprends pas ces expériences-sensations et ne sauraient encore moins leur donner des significations précises, n'ayant aucun cadre raisonnable pour expliquer ces phénomènes. Et peut-être que tout cela n'est simplement pas explicable. Je vous autorise à publier ce récit, si vous le souhaitez, mais en préservant mon anonymat.