13. Drogue dure

Infernal chacun de nous est drogué,
Prisonnier mental d'un désir vital:
Combler un degré du vide abyssal
Qui s'installe sans la moindre pitié.

La pire drogue a le doux nom d'amour,
Elle assure sans commune mesure,
Sans détour elle bouffe à toute allure
La raison pure de ceux qui sont pour.

Au plus jeune âge naît la dépendance,
La carence s'étire en noir nuage,
Monstre hideux au visage de naufrage
Sur un rivage de désespérance.

Nul besoin d'y goûter pour être accroc,
Ardemment voulu, l'amour à l'insu
Dans le cerveau s'insinue comme un flux,
Un reflux jaillissant à fleur de peau.

L'amour ne tue jamais par overdose
Mais le manque étincelant nous déchire,
Cause la douleur impossible à fuir,
Et il n'est d'élixir qu'à l'eau de prose.

 Cupidon du ciel décoche ses flèches,
Seringues fraîches, fixs aux effets flashs,
L'émotion palpite le coeur se lâche,
Lèche et s'attache au poison sur la brèche.

Quand dans ses bras belle Vénus nous berce,
Que la substance amour hante les sens,
Déverse de l'ivresse en délivrance,
La jouissance des frissons nous transperce.

La passion nous drague dur, quelle crack!
Le bon sens bivouaque quand l'amour pique,
Jamais l'être ne se désintoxique
Et l'esprit pratique en devient patraque...
26/10/00