74. Héros entre quatre murs

Tu vis dans une ville grise
Un bien triste paysage
Le contraire de la terre promise
Juste un moderne marécage

C'est une ville si gigantesque
Qu'elle en a perdu son âme
On pourrait la croire morte ou presque
Comme désertée de toute flamme

Il est vrai que ceux que tu croises
Paraissent vides de toute vie
Mis à part ces gens qui te toisent
Gorgés de haine et de mépris

Tu ressens de la compassion
Pour tous ces visages inconnus
Tu vis les mêmes émotions
Dans le dédale de ces rues

Tu as l'impression d'étouffer
D'être sans une bulle d'air
Tu es ce que tu détestais
Et bien-sûr tu n'en es pas fier

Tu ne veux pas être cela
Tu penses à changer d'existence
Mais la ville annihile le soi
En imposant la dépendance

En conséquence tu t'enfuis
Dans la fiction et dans les arts
L'imaginaire est ton logis
Au gré et au fil des histoires

Symbole d'un passeport pour vivre
Dans la réalité obscure
Tu deviens en ouvrant un livre
Un héros entre quatre murs!
08/12/98