Du temps de perdu...
 

« Si t’as le temps, tu pourras me faire ça ? »
« J’ai pas une minute à moi »
« Je perds mon temps »
« J’ai pas le temps de t’expliquer »
« Eh bin, t’en as mis du temps ! »
« Tu crois que j’ai tout mon temps ? »
« J’ai encore perdu du temps dans les transports »
« Avec le temps, ça passera »
« Il faut lui laisser le temps… »
« Donnons lui le temps de refaire surface »
« Il faut laisser le temps au temps »
« Quelle heure est t-il ? »
« Quel jour sommes nous ? »
« Pas le temps de vivre, avec toi ! »
« Il est bien temps d’y penser ! »
« Il faut vivre avec son temps ! »
« Le temps c’est de l’argent »
« Faut que je me trouve un passe-temps »
« Quand est ce qu’on arrive ? »
« T’en as encore pour longtemps ? »
« T’as  5 minutes à m’accorder ? »
« L’heure c’est l’heure ! »
« Quel sale temps ! »
« Profitez de vos 20 ans, il est déjà bien plus tard que
vous ne le pensez ! »

Autant d’expressions qui nous sont familières dans notre
quotidien qu’on y prête plus attention tant ce facteur
temps est entré dans nos mœurs.

Pourtant, celui ci est un sujet à controverse du fait de la
bêtise humaine de croire et d’affirmer qu’ « il faut vivre
dans le présent ». Eux qui se plaignent sans cesse de
manquer honteusement de temps pour se réaliser dans leur
volonté.

Ca ne mène à rien.
Le temps qu’il nous manque, voilà bien l’un des pires maux
de ce monde actuel.

On ne peut s’empêcher de faire référence au temps dans
notre discours quotidien que l’on inflige aux autres.

A tout instant, il est présent. Dès lors que je m’exprime
là, ici, maintenant, j’en parle sans le vouloir et il prend
alors possession de moi.
Il me faut du temps pour comprendre, pour savoir où il
disparaît ainsi et ce aussi pourquoi il le fait.

Pourquoi me dépasse t-il ?
« Comment rattraper le temps perdu ? », voilà bien encore
une expression qui signifie peu et tout à la fois. On peut
la comprendre au premier degré mais c’est en
approfondissant l’expression que je me cherche également.
Comment poursuivre le temps qui nous échappe ici bas depuis
que nous avons pris possession de notre vie humaine ?
Il y a une expression anglaise qui dit « Life is the thief
of Time » (pour les non puristes « la vie est le voleur du
temps »). C’est en vivant que nous perdons du temps. Parce
que vivre c’est mourir un peu chaque jour (conférer la mort
de mon âme), de part le temps qui s’écoule sans fond.

Un film de Harold RAMIS, « Un jour sans fin » (1993)
illustre cette perte de temps par le renouvellement
continuel d’une même journée, journée qui rend fou
puisqu’interminable et éternellement remise en boucle comme
un enregistrement audio. Bill Murray (l’acteur principal),
se fait petit à petit maître du temps puisqu’il peut chaque
matin faire ce qu’il veut du même jour qui passe. Il se
rend alors « time master’s » (maître du temps) au fur et à
mesure avec cette folle journée (pas de Ferris Bueller,
cette fois-ci) sans se soucier du lendemain qui sera le
même jour, puisqu’il est enfermé dans une probable fissure
du continium espace temps, dont il est entièrement le SEUL
prisonnier.

La boucle semble bouclée sans espoir de pouvoir la déserrer
et pourtant le temps est alors avec lui et c’est à ce
moment là, qu’il est important de comprendre que le temps a
une faille de taille.

Même si le côté fantastique de ce film semble improbable,
il nous démontre que le temps peut se changer, comme nos
vies, à l’infini.

Il suffit parfois de croire au mieux, pour améliorer nos
vies et part là même, cesser de penser au temps qui nous
dépasse. Le destin est donc bien loin de pouvoir être déjà
écrit (conférer « croire en une destinée ? » ).

Corps et âme sont intimement liés dans cet espace
restreint qu’est la temporalité imperturbable du fait de sa
continuité latente.

Que pouvons nous tenter dès lors ?
Rien, il n’est rien possible d’y entrevoir quoi que ce
soit.

Chaque matin, le temps continue d’être, de passer devant
nous, de s’écouler sans même que l’on y fasse réellement
attention et ce jusqu’au lendemain où le tourbillon
continue ses méandres  temporelles.

Tout espoir à le retrouver me semble aujourd’hui perdu,
ne serait ce qu’un instant si court soit t-il.

Il est plus fort que ma patience et mon engouement à le
rencontrer un jour.

Plus tard peut être, je le rattraperai… ; je comprendrai
son mécanisme…

Pour le moment, je l’observe, apeurée par ma condition
d’humaine.