Je me fais la même réflexion qu’au sujet du ragoût de patates … ceux qui attachent à la gamelle … faute de touiller au fond de temps en temps avec une cuillère en bois.
Depuis combien de temps je n’ai pas fait de dessins, écris de poèmes et peins des meubles tout dégingandés ? Bah ! comme le fût du canon … un certain temps …
Mes pinceaux me regardent rangés en ordre de bataille ! « attaquera ? attaquera pas ? »
Les volutes baroques me manquent ainsi que le Bleu anglais, la Terre de Sienne et l’Emeraude du vert, le Lapis Lazulli du bleu et le Carmin du rouge.
Courir la chine, renifler les cuirs cuits, mendigoter un objet, et jeter un œil - juste un œil - à l’objet convoité, flairer l’affaire du siècle et se perdre dans les brocantes de campagne entre deux hot dog et un cornet de frites, le gros rouge qui tache et le pastaga rafraîchi au casse-croûte de pingouin.
Quand la vie s’est étiolée, c’est qu’il n’y a plus d’étoiles dans les yeux …
Les bistrots c’est pour les hommes c’est là qu’ils sont chez eux, en dehors d’eux-mêmes ; ils n’intériorisent plus ils extériorisent.
J’aime Cioran quand il dit : « il faut boire pour compenser la lourde hérédité d’avoir eu des parents vertueux »
« J’importantise » chaque instant, même s’il n’est pas unique, car il est la Vie … Même en restant immobile devant le pendule de Foucauld, à le regarder se mouvoir, et même sans battre un cil, il se passe quelque chose … le temps égraine ses heures …
Fermer les yeux … faire une pause … moment intense où l’on se souvient d’un regard, d’une parole, d’un geste, d’un mot …
Monde intérieur ; monde magique.
Martina
14.03.98