Rébellion de la ligue des gentlemen extraordinaire
Mel Vadeker, 2006
Départ avorté pour le centre d’apprentissage du pays nordique. Points de litiges et revendications des collaborateurs.
Voici mes premières impressions issues d’une confrontation d’opinion avec les supplétifs du directoire, et surtout avec l’un de ses représentants, un ancien responsable de secteur promu chef de poste régional et directeur des opérations.
On m'a demandé, la fleur au fusil, de partir à l’improviste pour une formation anticipé afin d’utiliser une technologie proposée par les nordiques, ces grands types au langage incompréhensible. Ce fut un moment de perplexité et d’incompréhension mutuelle. La conversation à peine entamée, j’ai opposé mon droit de retrait en stipulant qu’il n’était pas dans mes prérogatives de faire cet effort d’adaptation sans aucune contrepartie. Confronté à une insistance naïve, la goutte d’eau ayant fait déborder le vase, ma position ferme et déterminée fit l’effet d’une éruption volcanique. Il n’était pas question pour moi d’accepter un voyage qui pouvait être séduisant à première vue mais qui remettait à plus tard la résolution d’une problématique plus urgente à mes yeux.
Ma posture inattendue fit son effet, à voir le visage incrédule de mes collaborateurs qui ne savaient plus faire la part des choses, emporté dans ce doux rêve de voyage vers des contrées exotiques. La surprise fut de taille, encore plus pour les planificateurs que pour mon entourage. J’ai évoqué mon départ définitif en forme de démission, une cessation progressive à court terme de toutes mes activités. Une sorte de chantage, voilà où j’en étais réduit. Comme pour un coup de poker, j’étais prêt à y laisser ma peau, tout abandonner sur une prise de position instinctive.
Immédiatement et dans l'urgence, une confrontation improvisée avec la hiérarchie eue lieu comme un geste de conciliation mais le malaise était déjà installée. L'ultime menace étant pour eux une cessation d'activité est une fuite non planifiée des compétences. Le dialogue devint pour moi une prise de conscience projetée comme une gerbe incandescente, un moment de stupeur pour des managers désemparés. Me voilà devenu malgré moi le porte parole d’une majorité silencieuse.
Mise au point partielle :
- Je ne vois pas pourquoi je ferais un effort supplémentaire alors que la structure décisionnaire n’a rien fait pour gérer rationnellement ses effectifs. Affichant à la fois une reconnaissante et un mépris pour les taches accomplies, elle a perdu le contact avec la réalité du terrain.
- Il existe un ensemble de réclamations et de revendications légitimes qui n’ont pas été satisfaites, revendications sur les conditions d’applications d’un contrat tacite portant sur les conditions de travail ainsi que sur les indemnités. Il est hors de question de travailler sur la base d’un forfait inadapté à nos véritables missions ou de faire du bénévolat.
- Il n’a jamais été fait mention d’aucun dédommagement, ni d’aucune compensation matérielle pour tous les préjudices passés et les sacrifices personnels.
- Je n’ai rien contre les grands blonds d’aspect nordique, mais j’estime qu’un minimum de concertation doit se faire entre les différents pôles décisionnaires et les différents pools de compétences pour palier les faiblesses organisationnelles sur le terrain.
- Je suis réticent pour toute forme de pression psychologique même si cela participe à un exercice de management. Chaque collaborateur prend l’initiative d’organiser lui-même sa mission dans le respect des objectifs opérationnels.
- J’ai passé l’age du bénévolat et des faveurs consenties par conscience morale et au nom de l’éthique professionnelle. Je ne suis pas non plus un mercenaire mais j’estime qu’il existe un juste milieu pour gérer, qualifier et rémunérer nos activités au mieux car elles constituent une plus value dont le bénéfice est quantifiable
- Il devient urgent de répondre à toutes ces revendications, l’accumulation de la frustration est patent et risque à terme de bloquer l’activité globale du projet.
- Nous ne sommes pas des supplétifs décérébrés ou des partenaires que l’on jette après usage. Je revendique un respect mutuel et une reconnaissance officielle de nos qualités humaines et technoscientifiques ainsi que la notification des améliorations apportés par chacun de nous.
Sans le vouloir, j’ai révélé un mécontentement, il se reflétait à travers moi et stigmatisait la frustration de toute une équipe qui dévouée à sa tache se sentait exploitée. Les négociations en cours furent précipitées de peur de créer un mouvement de rejet et une fuite des cerveaux.
Une période de trêve fut proclamée, durant laquelle les diverses parties se donnaient les moyens de faire avancer les négociations. Au terme de ce délai, si les revendications les plus urgentes ne sont pas satisfaites, il est fortement probable d'observer une dispersion des compétences et une démotivation générale.
Conséquences en cas de blocage des négociations :
- Les documents afférents aux divers projets et constitués par l’activité des membres ne seront plus archivées et communiquées
- Des actions de subversions à destination des structures décisionnaires seront organisées
- Des départs sans préavis seront susceptibles de se produire
- Les documents stratégiques, des notes de synthèse et des lettres seront incinérées devant témoins. Le reliquat sera donné en pâture au grand dam des aficionados.