CE TEXTE N'EST PAS UN TEXTE
IL SE SUPERPOSE A LUI-MÊME
POUR CREER UNE JONCTION
ENTRE LE LECTEUR ET SON FUTUR
ENTRE LE PROBABLE ET LE PRÉSENT

Ceci est une tentative de traduction d'une pensée "exotique", d'une pensée condensée dans une trame plus large. L'auteur est-il un précognitif ou un prospectiviste ? Nul ne le sait, et dans un ton prophétique, il donne sa propre description du monde. Voici un passage que je m'efforce ensuite de traduire à ma façon. Ceci est la preuve que l'on ne peut pas penser la traduction en dehors d'un espace de référence plus large. Le passage que je tente de traduire fait appel à un corpus local d'interprétation et à un corpus global de textes dont les références se croisent et s'interpénètrent. Le tout influence la partie et vice-versa. 
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Ceci est la politique zoologique de l'instrumentalisation de l'opinion :
Construire une culture du regard, fabriquée pour les besoins d'une époque et totalement instrumentalisée, telle qu'on la présume et telle qu'on la désire, reposant sur des mécanismes inconscients et conscients ; et qui fonctionne parce que la société y trouve son compte car elle répond aux attentes de toutes les parties et réjouit à la fois les spectateurs et les producteurs.
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EN CONSTRUCTION
( tentative de traduction, version no 1, 2003)

  1. la politique zoologique :
  2. construire une culture du regard
  3. fabriquée pour les besoins d'une époque
  4. totalement instrumentalisée
  5. telle qu'on la présume et telle qu'on la désire
  6. reposant sur des mécanismes inconscients et conscients
  7. qui fonctionne parce que la société y trouve son compte
  8. et réjouit à la fois les spectateurs et les producteurs

0/ POLITIQUE ZOOLOGIQUE DE L'INTRUMENTALISATION DE L'OPINION
Le titre résume le contexte de la définition. Le mot zoologique fait référence à la notion de parc d'exposition ou de politique qui se sert d'un exhibitionnisme forgé de toute pièce en donnant l'impression que le spectacle que l'on exhibe est une image fidèle de la réalité. Il y a une instrumentalisation des faits rapportés, de l'information donnée comme objective. On évite ainsi de poser des questions sur la pertinence des comptes rendus. On évacue le doute pour orienter le regard vers l'attrait du spectacle.
 

1/ CONSTRUIRE UNE CULTURE DU REGARD
Les différents régimes de l'infocratie régnante et des oligarchies prétotalitaires poursuivent une politique entretenue avec force et détermination depuis que la guerre technoscientifique-cognitive est devenue mondiale. Le symbole historique qui servi de déclencheur fut l'emploi des premières bombes atomiques au cours de la seconde guerre mondiale. Le bouleversement qui suivit forgea la doctrine militaire pendant un quart de siècle. De multiples révolutions se succédèrent, la course aux armements et son corollaire la course à la connaissance provoqua une ritualisation forcée de cette apologie totalitaire : la vision hiérarchique et segmentaire des représentations de l'homme dans son monde. Les rapports du dominant sur le dominé conditionneront la politique planétaire. Le dominant possède le savoir et porte son regard alors que le dominé subit une examen de son environnement en recevant à titre de dédommagement de l'information preformatée afin de satisfaire les besoins primaires. Sous les oripeaux d'une démocratie se dessine une soumission de l'esprit à la doctrine du plus fort ou du plus manipulateur.
 
 

2/ FABRIQUÉE POUR LES BESOINS D'UNE ÉPOQUE
La manipulation mentale s'applique alors à tous les actes sociaux, un contrôle sur les produits de la connaissance et sur le support de l'information est mise à l'oeuvre. Cela marque une décisive avancée d'une gestion des populations par un développement insoupçonné d'une ingénierie cognitive polyvalente. Il existe une nécessité de gestion des populations depuis des siècles et cela s'illustre par une tradition historique que l'être humain développa afin d'asseoir son pouvoir. La technologie cognitive une fois prise son essor après l'époque post-informatique a donné de tels capacités d'asservissement que les dirigeants ont décidé à l'unanimité d'interdire l'accès au savoirs stratégiques pour les réserver à une élite se succédant à elle même par la filiation et la cooptation.
 

3/ TOTALEMENT INSTRUMENTALISEE
La forme et le contenu d'une perception s'influence mutuellement et toute information perçue par la conscience ne peut échapper à cela. Manipuler la forme c'est toucher par dérive les futures étapes de l'apprentissage. Le contenu ne possède plus à lui seul sa force d'authenticité, il ne se suffit plus à lui-même, il dépend des zones de l'émergence et de la construction du savoir et ensuite de la restitution de l'information par les procédures de répétitions. La capacité d'instrumentalisation se joue là, dans la capacité que possède un tiers manipulateur d'influencer ces mécanismes inconscients qui seront ciblés par la mise en oeuvre d'une stratégie manipulatoire adaptée aux situations. Pour être efficace cette mise en forme qui s'apparente à une manipulation implicite ne doit pas être facilement perceptible. Pour arriver à cette fin toute la technologie cognitive est déployée dans un large spectre d'application.
 

4/TELLE QU'ON LA PRÉSUME ET TELLE QU'ON LA DÉSIRE
L'influence de première niveau est occultée (celle du fait primaire perceptible), ne subsiste que l'illusion de cette réalité entretenue par une intention. Cette dernière sert à construire une vision qui ne calque pas la réalité mais qui copie et propage par répétition un fantasme, une idéologie, une conviction. La rigueur devient ce que l'on cherche à prouver et non ce qui est factuel ou ce qui est directement perceptible sans trop de déformation. L'intérêt de la démarche est de conditionner un apprentissage par un acte volontairement imposé ou implicitement entretenue. Il n'y a plus de remise en question, ce qui revient à dire : "nous préférons avoir raison qu'être rigoureux". La réalité de l'influence de second niveau est celle du fait secondaire que l'on impose physiquement. Il opère par une intervention sur le support biologique de la cognition : une pollution ou une occultation des perceptions allant jusqu'au l'interférence ou la saturation.
 

5/ REPOSANT SUR DES MÉCANISMES A LA FOIS INCONSCIENTS ET CONSCIENTS
La conscience qui se perçoit n'est qu'une infime partie de l'édifice représenté par la personne dans son enveloppe physique et sociale. L'identité et la personnalité, se manifestant à un instant donné, véhiculent de manière latente tout un contexte historique et pragmatique d'actions et d'intentions. La part consciente est toujours considérée comme prédominante mais la réalité des procédures cognitives sont plus difficiles à comprendre. L'échelle de complexité des relations, entre ce qui est conscient et ce qui ne l'est pas, donne justement une part importante à ces mécanismes inconscients dans le déroulement des péripéties d'actions et d'émotions vécues par la personne. La partie invisible de ces mécanismes est plus importante que celle qui reste visible. Découvrir l'origine de l'intelligence et de la conscience donne un atout supplémentaire pour la production d'instrument adaptée à la manipulation.
 

6/ QUI FONCTIONNENT PARCE QUE LA SOCIÉTÉ Y TROUVE SON COMPTE
Faire passer la manipulation du regard et l'orientation des intentions comme découlant d'un processus naturel et convenablement défini au sein de normes sociales préétablies. Voilà une étape importante pour faciliter l'enracinement et le déploiement d'une politique de l'instrumentalisation de l'opinion. La stratégie doit absolument donner l'occasion à toutes les parties de prendre une satisfaction réelle, supposée ou fabriquée de toute pièce. Le but est de contourner la contestation et la critique en masquant les inégalités des opinions et les alternatives proposées. Il suffit qu'une grande part de la société partage cette attitude de manière implicite pour étouffer la voix de la minorité qui dénonce la manipulation
 

7/ REJOUISSANT A LA FOIS LES SPECTATEURS ET LES PRODUCTEURS
Les sociétés du spectacle, les états coloniaux, les oligarchies prétotalitaires et les intelligentsias répressives, en passant par le même cheminement intellectuel, utilisent de façon cohérente les mêmes stratégies pour d'une part se satisfaire politiquement en niant toute contestation et d'autre part en recadrant une contestation probable dans une vision normative qualifiée comme incorrecte ou subversive. Ce qui fonctionne pour l'ensemble et qui n'est pas dénoncé publiquement triomphe même si cela doit porter préjudice à l'intérêt général. Il s'agit plus de construire un intérêt particulier compatible avec les aspirations de l'élite dirigeante pour ensuite avec une grande intelligence lui donner l'apparence d'une référence commune ou universelle. C'est l'opinion d'une minorité qui gagne sur un collectif et cette opinion doit donner une satisfaction sinon la contestation naturelle finira par germer et franchir un seuil d'activisme suffisamment important pour remettre en question une norme sociale fabriquée et autoconditionnée. La manipulation, outil du totalitarisme ne doit pas se voir, elle doit au contraire être entretenue et désirée.