Les mots (Mel Vadeker, 1994 )Si jamais les mots, si seulement jamais les mots ! Je n'ai pas assez de vocabulaire pour d'écrire tout ce que je ressens. J'inventerais bien un langage qui me permettrait d'adhérer au monde des humains. Un langage que je pourrais comprendre et qui le serait de tous ceux qui me lisent. Si seulement jamais les mots !
J'aurais pu d'écrire la naissance d'une pensée jaillissante de l'inconscient.
J'aurais décrit ces émanations intangibles du Soi qui fait du cerveau un émetteur-récepteur d'ondes de toutes sortes, ondes télépathiques venant du moi-esprit, ondes du tissu vivant planétaire ou onde-corpuscule de la surdimensionnalité qui fait de l'ordre implicite de l’univers un monde caché qui se projette à nos yeux.
J'aurais témoigné pour toutes ces âmes en peines qui errent après la mort faute de reconnaître leur nouveau statut de désincarné et refusant le passage dans les mondes de l'au-delà. Je me serais prouvé ma force créative en allant au font du voyage intérieur pour alimenter cette description révélée du monde de l'esprit.
J'aurais pu adhérer à la réalité collective par la prose, l'éditer ensuite par le manuscrit et vivre du plaisir nouveau d'être un auteur lu.
J'aurais écrit une lettre d'amour à cette femme inconnue et qui serait celle de ma vie, elle aurait lu ma déclaration dans le journal du matin puis touchée dans son coeur elle se serait reconnue et viendrait me rejoindre pour vivre ce dialogue émotionnel entre deux êtres passionnés.
J'aurais exploré la vie dans ce qu'elle m'apporte pour le révéler dans la prose et le poème.
J'aurais fait de la musique, dessiné des paysages, senti des odeurs, touché des objets, goûté des aliments, réagit à la prescience, éveillé le pouvoir psychique tout cela dans l'art intérieur, dans l'art étrange de l'écriture.
J'aurais revécu ma vie par la lecture de mes écrits pour ensuite savourer l'art littéraire qui m'a dépassé et qui m'affecte à chaque fois que je redeviens lecteur.Ha !... Si j'avais les mots, si seulement j'avais les mots !
J'aurais maîtrisé le mot dans sa capacité de description. J'aurais décrit clairement les limites du symbole tout en énonçant les moyens de le sublimer pour ressentir autrement l'univers mental évoqué. J'aurais dit tout ce que je sais, tout ce que j'ai fait, tout ce que j'ai cherché à être.
J'aurais fait pleurer le lecteur intériorisé, fait rire le lecteur paresseux, rendu fou jusqu'au point de rupture l'être qui recherche la prise de conscience. J'aurais expliqué pourquoi l'horreur nous détruit quand on la regarde en face. J'aurais prouvé que lecture et écriture sont deux voies sur le même seuil.