Onde de choc biomécanique ( Mel Vadeker, 1999 )

Ce que j’ai ressenti lors de l’écrasement de mon corps entre les replis d’une voiture. Un bang sonore et une onde de choc qui se propage à l’intérieure de ma tête. L'onde traverse les replis encéphaliques, pénètre les méninges et rebondi sur le fond du crâne pour revenir s’amortir sur l'occiput. Voilà comment le choc provoqua mon coma. Un accident d'une violence inouïe.

Ensuite la torsion métallique de la ferraille emprisonna mon corps pour faire de ma chair le produit d’une fusion bio-métallique. Je me suis uni intimement au métal en torsion, c’est alors que j’ai perdu mon innocence humaine.

Je suis devenu la créature mécanique, j’ai survécu à l’accident mais je suis devenu un être nouveau. Ma chair est nouvelle. Je me suis reconstruit à l’aide de la technologie biomédicale, elle a fait de mon squelette un corps abritant des broches de métal inerte pour la gloire de ma survie.

J’ai suivi un régime forcé pour revenir dans le monde des hommes, même si j’ai perdu cette part de l’humanité je dois faire en sorte que la mécanique progresse pour réparer le corps violenté par la folie des accidents de la route.

Je travaille pour l’estimation du potentiel humain, c’est mon but dans l’existence, je survis au drame de la résurrection. Je crains d’atteindre une limite biologique, je lutte tous les jours pour faire en sorte que la fusion de mon corps avec l’appareillage technique d’une science du crash tienne la durée. Le problème est de savoir si on est capable de toucher les limites du potentiel de survie humain, je n’ai pas encore atteint le mien.

J’ai fait cette expérience douloureuse, j’ai survécu pour prouver que le destin est une matière que chacun façonne. J’ai arrêté de revoir le passé, il reste derrière, ce qui est fait, est fait, je ne peux pas le changer. L’augmentation de la concentration individuelle telle est l’orientation de ma vie, je vis dans le présent et c’est tout ce qui m’importe en ce moment.