Parcours à l'UTLS, ma sélection de conférence pour le 1er semestre 2007


Phonologie et cognition
LAKS, Bernard

Date de réalisation : 14/ 02/ 2000

Résumé

Conférence du 14 février 2000 par Bernard Laks. La phonologie analyse l'organisation de la composante sonore du langage. La conférence illustrera l'aspect cognitif et mental de ce fonctionnement phonologique. Les représentations mentales du signe sonore sont constituées par des catégories arbitraires et abstraites, les phonèmes. Selon les langues, le nombre et les limites de ces catégories sont très variables. On en donnera des exemples. Malgré cette diversité, les langues humaines sont extrêmement semblables. La conférence illustrera l'approche "Principes et Paramètres" qui rend compte à la fois de l'universalité de la compétence linguistique de l'espèce et de la paramétrisation singulière qu'on observe langue à langue. Enfin, les représentations mentales abstraites que manipule notre compétence de locuteur ne sont pas linéaires. Leur structure interne et leur architecture cognitive expliquent un grand nombre de processus phonologiques observés. On en prendra des exemples dans diverses langues.


Emotion et rationalités en sciences sociales
LIVET, Pierre

Date de réalisation :27/ 10/ 2002

Résumé

Les sciences sociales, et surtout celles qui tentent une reconstruction rationnelle des interactions des acteurs (l’économie, un certain type de sociologie) ont longtemps considéré le rôle des émotions comme « résiduel » (Pareto), les émotions étant supposées irrationnelles. Durkheim pourtant voyait dans les émotions religieuses la manifestation des normes collectives.
Plus récemment, on note la convergence entre l’intérêt des neurophysiologues et des psychologues (y compris cognitifs) pour les émotions (Damasio, Frijda), et celui de chercheurs en sciences sociales, comme Elster ou Frank, qui recourent aux émotions pour expliquer comment des normes sociales peuvent nous porter à aller contre nos intérêts.
Mais recourir aux émotions pour expliquer ce que notre conception étroite de la rationalité n’arrive pas à comprendre risque de faire des émotions des mécanismes sans raison, ou qui biaisent nos raisons.
Il faut donc montrer en quoi les émotions font partie de la cognition, et comment elles s’articulent avec notre rationalité. Il faut pour cela analyser la dynamique à long terme des émotions. Elles semblent être des signaux d’alarme, nous avertissant que nos attentes et désirs sont mal ajustés à la réalité qui nous entoure, et que nous ferions bien de les réviser. Elles nous permettent aussi de nous révéler à nous-mêmes celles de nos préférences qui sont en nous des valeurs bien enracinées, celles que nous refusons de réviser.
Mais ces tensions créent de l’angoisse, émotion qui peut provoquer un blocage de nos révisions, par un processus localement rationnel, mais irrationnel à plus long terme. Les émotions nous obligent donc à concevoir une rationalité élargie et qui se définit différemment à plusieurs échelles.


Le raisonnement sociologique
PASSERON, Jean-Claude

Date de réalisation : 02/ 04/ 2000

Résumé

"Qu'est-ce que parler veut dire en sociologie ? Que signifie ""faire preuve"" dans une science historique ? Décrire le ""raisonnement sociologique"" - c'est-à-dire ce qui le distingue d'une ""démonstration"" mathématique ou de l'établissement d'une ""loi"" dans une science expérimentale - ne conduit pas à conclure que ses démarches ne relèveraient pas de l'approximation ou de la littérature, du reportage subjectif ou d'une libre interprétation des faits. Comment raisonnent les sociologues - et avec eux tous ceux qui travaillent dans une science historique ? Sur quoi s'appuient-ils lorsqu'ils affirment ou nient la vérité d'une description, d'un récit, lorsqu'ils affirment ou nient la force probante d'une comparaison, d'un calcul statistique, lorsqu'ils affirment ou refusent une causalité ? La sociologie n'est pas ce que la plupart des sociologues en disent : ni lorsqu'ils la vantent orgueilleusement comme un savoir totalisant la société, ni lorsque, se faisant ingénument ""scientistes"", ils la pressent de devenir enfin, à grand renfort de mathématiques, une ""science dure"" comme les autres ; ni, bien sûr, lorsqu'ils se résignent à la considérer comme une ""science molle"" en se consolant de cette position subalterne de la valeur ""humaniste"" qu'ils lui prêtent."


Parenté, familles, interdits sexuels
GODELIER, Maurice

Date de réalisation : 16/ 01/ 2005

Résumé

La famille est une unité sociale de procréation ou d’adoption des enfants ainsi que de leur élevage par des adultes qui ont vis à vis d’eux des droits et des devoirs. La nature d’une famille dépend du système de parenté qui existe dans la société. La parenté déborde les limite de la famille. Les rapports de parentés sont des rapports sociaux qui définissent des alliances et l’appropriation des enfants. Mais qu’est ce qu’un enfant, comment « fait-on » un enfant selon les sociétés, comment s’établissent les « interdits sexuels »


Les croyances collectives
BOUDON, Raymond

Date de réalisation : 29/ 11/ 2001

Résumé

On prend ici le mot croyance dans le sens le plus large (le fait de croire à une proposition, à une théorie, etc.). L’analyse des croyances collectives est un des sujets essentiels de la sociologie. Elle pose une question fondamentale : par quels mécanismes des individus appartenant à un groupe (au sens le plus large de ce mot) croient-ils la même chose ? S’agissant de croyances scientifiques, on n’a guère de peine à discerner ces mécanismes. L’explication peut ne pas être immédiate et impliquer de laborieuses recherches (voir les monographies sur le langage des abeilles, la controverse Pasteur-Pouchet sur la génération spontanée, les études sur la disparition de la croyance au phlogistique, etc.) ; mais, s’agissant des croyances scientifiques, celles-ci peuvent être vues comme le résultat d’une discussion rationnelle. Qu’en est-il lorsqu’il s’agit de croyances qui paraissent infondées (comme les croyances en des relations de causalité imaginaires qui définissent la magie) ou de croyances qui, par principe, ne paraissent pas pouvoir être fondées, comme les croyances prescriptives : celles qui traitent, non de l’être, mais du devoir-être ? La coupure entre les croyances scientifiques et les autres types de croyances est peut-être moins nette qu’on ne le croit : il n’est pas plus facile d’expliquer pourquoi Descartes croyait que la nature a horreur du vide que d’expliquer les croyances magiques. Une première ligne de pensée répond à ces questions, en évoquant l’existence de forces psychologiques ou culturelles, pour parler comme le prix Nobel G. Becker, qui feraient que, dans telle culture, dans tel groupe ou tel ensemble d’individus, l’esprit humain obéirait à des règles d’inférence particulières, serait affecté par des biais, fonctionnerait dans des cadres mentaux invalides. Cette hypothèse a été mise sur le marché par Lévy-Bruhl ; elle est toujours présente dans les sciences sociales. L’autre ligne de pensée, inaugurée par Durkheim est également très présente dans les sciences sociales contemporaines. Elle paraît devoir l’emporter en raison de son efficacité scientifique. Elle consiste à admettre que les croyances ordinaires se forment selon des mécanismes fondamentalement identiques à ceux qui expliquent la cristallisation des croyances scientifiques. Des exemples démontrant son efficacité peuvent être facilement empruntés aux sciences sociales classiques et contemporaines. La même ligne de pensée apparaît comme très prometteuse s’agissant de l’explication des croyances prescriptives : des études portant sur divers sujets et notamment sur les sentiments de justice le suggèrent.


Philosophie de l'esprit et sciences cognitives
JACOB, Pierre

Date de réalisation :31/ 03/ 2000

Résumé

"Le mot ""cognition"" vient du mot latin *cognoscere* qui veut dire ""savoir"" ou ""connaître"". Sous le nom de ""sciences cognitives"", et autour d'un projet commun, se sont fédérées des disciplines aussi différentes que les neurosciences, la neuropsychologie, la primatologie, la psychologie comparée, la psychophysique, la psychologie cognitive, la psychologie du développement, la linguistique, la logique, l'intelligence artificielle, la philosophie, la psychologie sociale et l'anthropologie. Les sciences cognitives ont pour objet d'étudier les mécanismes neurophysiologiques et les processus mentaux grâce auxquels un être humain construit ses connaissances : la perception, la mémoire, l'attention, l'imagerie, le raisonnement, la communication. Elles poursuivent donc par des moyens expérimentaux le projet de ce que les philosophes appelaient naguère - d'un mot formé à partir du mot grec *épistémè* qui signifie conjointement ""savoir"" et ""science"" - l'*épistémologie*. Les sciences cognitives n'étudient pas seulement les mécanismes de formation de connaissances détachées ; elles étudient aussi l'engagement dans l'action, c'est-à-dire : la planification et l'exécution de l'action. Le progrès des sciences cognitives suggère donc que la cognition humaine résulte de mécanismes cérébraux qui donnent naissance à l'expérience consciente subjective, à des représentations véridiques de l'environnement et à des représentations motrices au service de l'action. "


Illusions perceptives et perception de la forme
MONNOYER, Jean Maurice

Date de réalisation :09/ 07/ 2001

Résumé

L’hallucination est une perception fausse vécue par une seule personne sans que celle-ci ne réponde à aucune stimulation. Au contraire, l’illusion, elle, est une interprétation déviante d’un stimulus optique ou auditif, dont presque tout le monde fait l’expérience. Ce sont des erreurs du système sensoriel qui renseigne sur son mécanisme, mais c’est au niveau du problème de l’interprétation que le philosophe porte sa réflexion. Quel est le statut épistémologique de l’illusion ?
Le propos n’est pas de rejeter la réalité des illusions perceptives mais bien d’explorer la déception que l’on peut avoir en lui attribuant une cause.


Production de sens et informatique
BALPE, Jean-Pierre
Date de réalisation :17/ 09/ 2000

Résumé

" Comprendre c'est comprendre autrement " H. G. Gadamer Au début de l'été 2000, sur les murs d'une ville, deux affiches, deux affiches réelles : - La première, affichée dans des bars ou des boîtes de nuit, porte sur un fond totalement noir, en grosses lettres grises l'inscription suivante : " Le problème avec le dernier verre c'est que c'est parfois le dernier " - La deuxième, affichée sur les murs d'une commune de banlieue, plus complexe, représente un petit chien, genre roquet regardant les passants et portant dans sa mâchoire un journal plié dont seul le titre est partiellement lisible. Le slogan de l'affiche est le suivant : " Nous vous l'offrons, lui c'est moins sûr " Tout locuteur français interrogé comprend parfaitement ces deux affiches. Elles ont pour lui un sens évident et un seul. Et pourtant, un examen plus attentif en révèle toutes les ambiguïtés, c'est-à-dire toutes les difficultés à établir l'évidence de ce sens, difficultés qui, pour chacune d'elles repose sur des mécanismes tout à fait différents.


Cinéma, Télévision : entre réalité et fiction
JOST, François

Date de réalisation :15/ 07/ 2004

Résumé

Tout le monde sait à peu près ce qu’est mentir. Chacun trace la frontière entre ce qu’il vit et ce qu’il invente. Même pour la fiction, qui prête à bien des discussions depuis quelques dizaines de siècles, il est possible de s’accorder sur une définition minimale comme « création, invention de choses imaginaires, irréelles » (Larousse 1996). D’où vient alors que, dès qu’intervient l’image, nos certitudes vacillent ? Les uns affirment sans ambages que les images mentent, les autres qu’elles sont manipulées, d’autres que, dès qu’il y a récit, il y a fiction.
D’où vient la fiction, s’agissant de l’image animée ? De l’image elle-même ? De ses utilisateurs ? du récit ? Pour répondre à cette question, il faut interroger aussi bien les façons dont nous regardons les images que les croyances qui s’y rattachent.
Dans un premier temps, de l’examen des divers sens que l’on donne au terme fiction depuis Platon se dégagent trois figures – l’imitateur, le menteur, la faussaire –, qui révèlent aussi trois façons pour les images d’être signes.
Cette classification n’est pourtant pas qu’un premier pas pour comprendre comment réalité et la fiction s’entrecroisent sur nos écrans depuis quelques années : qu’il s’agisse de la retransmission télévisée en direct du 11 septembre, de Blair Witch ou, encore, de la télé-réalité, les fluctuations de la réception ont montré que les croyances jouent un rôle bien plus déterminant que les savoirs sur l’image dans son interprétation. Comment se structurent ces croyances, que visent directement les promesses que font au public les producteurs et les diffuseurs par le biais de la publicité et de la promotion ? Pour répondre à cette question, on se propose, dans un second temps, d’explorer les mondes de l’image qui construisent le terrain commun à la conception, la structuration et la réception des documents audiovisuels.


Les enjeux présents et futurs de la répartition mondiale des ressources cognitives
BLONDEL, Danièle

Date de réalisation :10/ 07/ 2003

Résumé

Théoriciens et praticiens s’accordent aujourd’hui pour voir dans la connaissance le facteur déterminant de la compétitivité des firmes et de la croissance des économies. Les signes sont clairs : tandis que des économistes, de plus en plus nombreux, modélisent la Knowledge-Based Economy, les conseillers d’entreprise en Knowledge Management prennent peu à peu le pas sur ceux qui traitent de la gestion financière.
Le problème de la production et de la distribution de cette source de richesse est donc au cœur de la question de l’inégalité entre les nations, entre les firmes et entre les individus. Ce nouveau régime économique que certains ont appelé « capitalisme cognitif » est-il plus ou moins égalitaire que le capitalisme industriel ?
La réponse est ambiguë. La connaissance semble- a priori- un bien libre et non-rival : celui qui possède un savoir et le transmet à quelqu’un d’autre ne le perd pas pour autant ; ce pourrait donc être une grande chance pour les pays pauvres puisque leur capacité de développement pourrait être enrichie par des transferts de savoirs gratuits qui ne priveraient en rien leurs donateurs ; en outre, cette diffusion pourrait être accélérée par les nouveaux moyens d’information et de communication, rapides et peu coûteux.
Pourtant, une réflexion plus approfondie sur la nature même de la connaissance utile pour créer de la richesse, montre que tous les individus et tous les pays ne sont pas forcément dans de bonnes conditions pour valoriser les informations qu’ils reçoivent. L’appropriation de la connaissance, étape préalable nécessaire à sa valorisation, requiert des compétences très particulières qui ne sont pas transférables en temps réel par les TIC. Le nouveau savoir pour être fructueux doit être ensemencé dans un terreau fertilisé de longue date par l’éducation, la formation et la culture. Confrontés à cette dynamique cumulative qui intègre les différents apprentissages, certains pays en voie de développement ont su profiter du nouveau modèle ; pour d’autres au contraire, l’éviction semble encore plus grave et définitive qu’auparavant. Quelles leçons peut-on tirer de ces expériences pour le rééquilibrage durable du développement mondial ?