DÉCOHÉRENCE


Je vous incite à la prudence lors de nos prochaines sessions, étant donné la persistance des infamies dans votre zone d'influence, au vu de ces comportements turbulents que je ne peux commenter sans provoquer chez vous une forte réaction d'indignation.

Le moment n'est donc guère propice pour des échanges en dehors de votre communauté de référence. La probabilité reste importante vous concernant, de perdre du temps avec des personnalités instables et défaillantes, rendant la communication avec les autres cohortes si âpre et laborieuse que vous finiriez par subir également la vindicte des connaisseurs impatients et frustrés. Cependant des solutions furent proposées pour corriger les défaillances dans la gestion des projets en cours, laissant le libre choix aux intervenants d'appliquer les mesures appropriées.

Si vous êtes résilient comme vous le suggérez, peut-être voyez-vous au-delà des apparences pour ne pas juger hâtivement la moindre de nos apparitions. Nous convenons volontiers qu'il est délicat d'appréhender une réalité qui échappe aux regards, cependant il est possible d'organiser votre pensée pour relier toutes les manifestations d'un contenu sans cesse évoqué et dont la simple désignation suffit à semer la crainte et la confusion parmi vos semblables. Nous souhaitons par nos actions, bien que prudentes mais déterminées, à favoriser chez vous un comportement apaisé et ouvert aux autres. Nous regrettons votre enfermement dans le contentement des premières aspirations, faisant suite aux difficiles épreuves que vous avez dû subir.

Nous espérons que vous ne limitiez pas la portée de vos actions, ni que vous abandonniez le développement de votre projet de recherche. Il reste tant d'éléments à expliquer, de collaborations à finaliser, de correctifs à diffuser vers vos partenaires de recherche ; mais notre rôle n'est pas de nous ingérer dans vos prérogatives, ni de prendre une ascendance qui serait nuisible à l'entente réciproque et à la confiance renouvelée. L'incompréhension est inhérente à la rencontre d'écosystèmes humains qui différent fortement par leur culture et leur sociologie, c'est ainsi que nous avons mis en avant des outils technologiques et méthodologiques pour vous aider à surmonter ce premier obstacle.  L'intérêt pour nous tous est l'exploitation d'un mode de communication et de traduction de concepts opérationnels entre les différents partenaires, et cela quel que soit le domaine de recherche, le secteur d'influence, l'origine des recherches appliquées.

En permettant la diffusion de ces procédés cognitifs conformément au plan prédictif, leur appropriation selon les spécificités des terrains d'intervention et  leur adaptation au grès des interactions supervisées ; nous pensons que la qualité de la collaboration sans trouvera améliorée. Chaque intervenant comprendra du fait de son activité dans le réseau intégré que nous évaluons, la nécessité de produire une traduction de son expertise et de ses connaissances avec les concepts d'un métalangage commun qui servira à reconstruire des liens entre les différents membres des communautés dispersées. Ce qui vous permettra d'adapter la diffusion des informations selon la perspicacité de vos interlocuteurs.

Nous avons tout autant que vous intérêt à ce que vous continuez à diffuser les patterns qui nous serviront à stimuler une phénoménologie de la perception et à entretenir la matérialité sans cesse renouvelée de nos participations au sein de votre réseau. Nous devons bien évidemment veiller à ce que la diversité de nos collaborations ne freine pas nos projets mutuels, et faire en sorte que tous ensemble nous soyons en accord pour œuvrer de concert, à l'unisson et dans la même direction. Cela vous semblera difficile ou impossible à réaliser mais sachez que nous pouvons influer sur le cours des événements de façon sporadique et discrète.

Vous avez probablement des raisons qui justifient votre désengagement, et nous souhaiterions vous aider à surmonter des difficultés d'adaptation que nous espérons transitoires. N'ayez crainte même si les moyens et le spectre de nos actions dépassent tout ce que vous pouvez imaginer, nous les utilisons à bon escient et de façon raisonnée. Vous aurez peut être du mal à le concevoir mais un grand nombre de nos activités et leur champ d'application restent loin de tout ce que vous connaissez.

 

 


Vous avez souligné une interrogation concernant l'engagement ainsi que les justifications d'un détachement. Des raisons, on peut en trouver ou en inventer, on peut aussi les chanter ou les gueuler. Comment se faire entendre lorsque les cordes vocales sont fatiguées ? Pour poursuivre cette conversation, il faut parfois changer de tonalité :

 

J'en ai tellement marre de toutes les conneries que les habitants de cette planète s'infligent en raison d'un système de pensée dominant qui les maintient dans la terreur financière. Cette sauvagerie économique qui entretient la servitude, qui fait du chantage pour les moindres besoins fondamentaux en faisant d'eux des consommateurs esclaves de cette même terreur. Tous ces gens qui courent sans arrêt, qui perdent leur vie en essayant de la gagner, tandis que les laissés pour compte sont si misérables. Ici la vie coûte si cher, tout le monde est asservi par l'argent, de la naissance jusqu'à la mort, rien n'est gratuit. Les gens continuent de se dire qu'ils sont la plupart du temps libre de réaliser ce qu'ils veulent, mais comment voulez-vous y croire quand la moindre action est limitée par le coût. Tout est si difficile à faire si vous ne pouvez pas gagner cet argent qu'ils vénèrent. Ils font ainsi de la vie un enfer, si bien que les démunis ou les malchanceux sont pris au piège. Ce qui est complètement ridicule, c'est que personne ne pourra rien emporter à sa mort. Je comprends que ce monde est ainsi fait mais c'est épuisant de vivre dans des conditions pareilles. Un monde où la plupart des gens ne pensent à rien d'autre qu'à ce qu'ils vont gagner. Le plus fou c'est de voir des habitants de cette planète qui arrivent à vivre par autosuffisance mais ils finissent par être malmenés par cette convention dominante, le partage des coûts de la construction sociale et la recherche du gain dans la course effrénée à la globalisation financière. Ce qui nous amène à une autre absurdité, il faut que tout le monde paye pour avoir le droit de vivre.


Je suis malade de cet amoncellement de bêtises et d'hypocrisies. Tous ces gens qui s'étripent à longueur de journée et qui se détestent pour d'obscures raisons alors qu'ils sont de la même espèce. Fondamentalement, à raison de brassages génétiques depuis des millénaires, tous les gens sont apparentés. On pourrait remonter à la préhistoire, et plus loin encore mais à quoi bon. De toute les façons ils sont d'accord avec ce fait, les terriens aiment à se définir comme une seule et même espèce : les humains. Alors qu'est-ce que veux dire cette énormité qu'on leur inculque, la justification de cette absurdité qui a fait long feu, la suprématie d'un humain sur autre humain ? Comment peut-on avaler de telles foutaises, si ce n'est pour justifier la violence politique et la brutalité qui ne sert qu'à défendre des intérêts particuliers.


Je ne supporte plus ces gens qui n'arrivent pas à voir devant eux. Tous ceux qui passent leur temps à regarder sous terre pour y faire l'autruche au lieu d'entreprendre un futur où ils pourraient s'épanouir. Tous ceux qui se lamentent en permanence en regardant en arrière et dans l'attente du grand soir qui n'arrive jamais. Ceux qui ont des yeux et qui ne voient rien, qui ont des oreilles et qui n'entendent pas, incapables qu'ils sont de voir une vache dans un couloir ou de se regarder dans un miroir. Ils se disent humains alors qu'ils restent en cage comme des animaux apeurés. Ils se comportent comme des robots en perdition dans un labyrinthe, incapables de revenir en arrière, ils tournent en rond en se cognant contre les murs. Parfois ils font semblant de porter des œillères, avec cette angoisse du regard de l'autre, sous l'emprise de cette détresse existentielle, la peur viscérale d'une réalité insurmontable, et ils finissent par croire aux illusions qui les rassurent. Ceux-là sont les premiers à vouloir une assurance contre les malheurs mais ils sont incapables d'entendre les alertes de la nature.


J'ai en marre de tous les guerriers en herbe et en culotte courte, les criminels en col blanc, les politiciens affairistes, les mafieux de bonne famille. Ils intriguent en permanence, se servent de leur intelligence pour satisfaire une vision étroite et égoïste. Accablés qu'ils sont par les comportements véreux qui rongent l'humanité de l'intérieur, ils participent tous à la cécité collective. Et dans ce tumulte des rivalités, il y a ces intelligentsias qui cogitent à n'en plus finir, non pour améliorer un système structuré autour des centres de pouvoirs, mais qui travaillent à juxtaposer aux influences des stratèges et des puissances militaires, cette suprématie de la nuisance à tous les niveaux, au point que la guerre devient une nécessité immorale qu'ils cachent au plus grande nombre. Tel est le principe morbide qui attise le feu des folies destructrices : la politique est devenue la continuation de la guerre par tous les moyens. Une guerre contre les peuples, pour la captation des ressources vitales, pour le contrôle de l'information. C'est toujours une folie à large spectre, la guerre de ceci ou de cela, pour n'importe quel prétexte, si bien qu'elle avance masquée au service d'une paix empoisonnée.


Je n'en peux plus de tous les cons qui participent par leur ignorance à rendre la planète invivable, endoctrinés à longueur de journée par les médias intéressés, les mafias de la connaissance et les lobbys sans scrupules. Cet amoncellement des fléaux sociaux qui manipulent l'information au bénéfice de petits centres d'intérêts qui s'entre-déchirent. Ces diffuseurs d'information alimentent en permanence un flot ininterrompu d'archaïsmes que les idiots récupèrent dans la frénésie, pour les jeter tel des immondices sur la figure de leurs adversaires. Il n'existe plus de retenue dans cette soupe d'absurdité qu'ils s'injectent par médias interposés et qui fait fonctionner les cerveaux de travers. Ils ont tous la tête parasitée par toutes sortes de stupidités, de contradictions et de virus de la pensée, faisant d'eux des humains diminués, à la merci du moindre idéologue qui pourrait les manipuler.


J'en ai tellement marre de ce monde où la stupidité infuse dans les moindres rouages d'une société mondialisée, et qui se sert finalement de paravents pour camoufler ce qui cloche, pour vanter cet idéal démocratique où tout le monde serait traité équitablement avec l'application d'une justice fondamentale. Il suffit de contempler la crétinerie et la mesquinerie des soi-disant experts et des incompétents qui renforcent les cycles des incohérences, les délires idéologiques, les tissus de mensonges. On dirait que ce qui compte dans ce monde, c'est le maintien des inégalités, et ce contrôle systématique de tout savoir subversif pour éviter que le plus grand nombre ne puisse participer à l'éveil des consciences par l'exposition des failles et des contradictions d'un système d'information défaillant.


Je suis écœuré de voir la plus grosse couillonnade mise au piédestal, c'est le terrorisme de la pensée par excellente, la justification de l'immobilisme par la bêtise. Que veut dire cette pétrification de la pensée, ces gens qui peinent à faire évoluer les systèmes sociopolitiques vers un monde à visage humain ? Quand je pense que beaucoup pourrait s'en sortir avec des moyens simples mais avec une technologique avancée et un accès rudimentaire à l'énergie. Je sais qu'il est inutile de vouloir changer les gens à tout prix alors qu'ils n'ont pas les capacités pour affronter cette transformation. Il faut plutôt leur apprendre à utiliser ce qu'ils possèdent pour le transformer, leur donner le moyen de construire des solutions par eux-mêmes. C'est tout simple et pourtant si difficile à appliquer. Il suffit de mettre la tête dans cette contradiction, les gens veulent survivre coûte que coûte mais ils ne se rendent pas compte qu’ils sont assis sur la branche qu'ils sont en train de scier en chantant des hymnes aux pouvoirs de l'argent. Qu'elle grosse bouffonnade, cet immobilisme structurel profondément ancré et qui pénalise des générations entières. Cette défaillance qui se transmet par l'éducation, génération après génération et qui génère autant de frustrations que de maladies mentales. On inculque à force de propagande et de terreurs que les sociétés sont difficiles à transformer, qu'il faut accepter son sort tant il est difficile de faire évoluer les choses. Il faudrait accepter de ne rien faire, de souffrir en silence et dire amen en attendant que des décideurs trouvent des solutions. Et si cela n'est pas suffisant, on terrorise ceux qui pensent autrement ou refusent d'avaler toutes ces conneries.


J'en ai tellement marre de l'euphorie des optimistes, des opinions formatées des idéologues et des démonstrations alambiquées des pessimistes. On peut le déclamer et même le chanter à tue-tête, dire que j'exagère et que je peins le tableau tout en noir. Si j'en avais la possibilité, je leur dirais que je ne suis pas aussi dingue qu'ils le pensent, et je suis honnête avec moi-même pour voir ce qui va et ce qui ne va pas sur ce foutu monde. Au lieu de me contenter de ce qui semble arrangeant, en expliquant que cela pourrait être pire ou qu'il faille se satisfaire d'être encore là. Je dirais plutôt qu'ils n'ont pas compris le problème de fond, à moins qu'ils préfèrent vivre nonchalamment comme les animaux d'un parc zoologique, acceptant leur sort sans réfléchir. Si la nature a pourvu le genre humain d'un cerveau, ce n'est pas pour en faire le dépotoir des chimères et des rêves brisés. De nos jours il est criminel de ne pas se servir de sa tête correctement. Il y a peut-être des choses à faire, comme préserver le cerveau contre les atteintes d'un milieu nuisible, le garder par tous les moyens en bonne santé. Et s'il n'y a que ça à faire, cela veut dire que la situation est désespérée. Que faut-il faire de plus pour s'en sortir ? Peut-être essayer de faire de la société quelque chose qui ne ressemble pas à un enfer planifié, ou pire un enclos pour espèces en voie d'extinction.


Je ne supporte plus cette fatalité que l'on inculque au plus grand nombre, cela tue l'esprit, détruit l'âme et fait que les gens se sentent plus morts que vivants. Regardez cette contradiction, le clivage des populations par origine ethnique ou par classe sociale selon ce qu'elles peuvent rapporter ou dilapider. Dans ce monde, on n'arrête pas de créer des zones de sécurité ou d'insécurité, des territoires factices ou de nouveaux bantoustans, avec des gens que l'on parque et que l'on ne veut pas voir évoluer. Alors c'est là que cela devient extraordinaire, comme si la crétinerie devenait une règle pour les élites dirigeantes et les organisations politiques. Dites-moi pourquoi on voit cela sur cette planète ? On nie la sécurité des groupes de populations que l'on marginalise, puis on les blâme pour leur sort en disant que ces populations sont condamnées à vivre cela pour toujours, on leur refuse une éducation décente, on les achemine lentement vers la servitude forcée ou la délinquance, pour en faire des marginaux, des citoyens de seconde zone, puis on va les qualifier de bons à rien ou de violents. Et ensuite on s'étonne lorsque cet état social injuste, amène certaines personnes à la folie, à la dépression ou à des actes irresponsables et destructeurs. Est-ce que l'on se pose la question de savoir par quels mécanismes tout cela est possible ? Comment quelqu'un de fatigué par cet état social inique en vient à se dire qu'il ne partira pas tout seul, qu'il fera ce qu'il peut pour saccager et tout détruire. Combien faut-il d'actes de folie de désespérés, de personnes vaincues par un système social impitoyable où le recours à la violence est perçu comme la seule alternative ? Comment comprendre que les passe-droits et l'injustice sont le ciment qui maintient un pacte social hypocrite et illégitime ?


J'en ai marre de ceux qui ne font que commenter le marasme. Ils passent leur temps à jacasser pour ne rien dire de pertinent, tout en faisant varier les opinions sur les doctrines dominantes, alors qu'ils n'ont pas le courage de scruter l'origine des défaillances qui minent les sociétés en profondeur. C'est un mal qui gangrène petit à petit, l'injustice systémique, la bêtise structurelle, l'incompétence que l'on flatte chez les gens de pouvoirs, l'incohérence des politiques, la défaillance des nations et des institutions représentatives, et ne parlons même pas des mouvements politiques qui foisonnent à chaque crise, pour supporter les utopies ou réagir contre elles. Je me demande jusqu'à quel point les gens vont jouer sur les mots, articulant à l'envie les langues de bois, générant le jargon de la terminaison des idéologies en "ismes". Tout cela à la gloire de convictions fragiles qui animent l'espérance d'une révolution qui n'arrive jamais. C'est l'éternel retour de ces faux semblants, les sentiments variables et les animosités sans bornes. Ces humains en guerre contre la réalité et qui prétendent la remplacer par l'idée qu'ils s'en font. Voilà un autre paradoxe, il y a tant de gens qui ne veulent pas voir la réalité, qui se racontent des histoires, qui se contentent de manipuler des images en pensant que la réalité va s'y conformer. Tout le monde veut vivre dans un monde meilleur, mais en manœuvre il y a beaucoup de bruit pour rien, plus les gens pensent que cela change et plus ils revivent la même chose. Rien d'anormal tant que le problème de fond demeure, c'est toujours ce changement dans le même système de référence. Plus les gens paniqués se déchaînent et plus la société tend à rester immobile, rien ne change fondamentalement lorsque le paradigme général n'est pas remplacé. Changer ou ne pas changer, c'est plus qu'un problème à résoudre, ils ont si peur à chaque fois. C'est incroyable, ils sont tous effrayés à l'idée d'assister à cet effondrement en cascade. Cette terreur des collapses qui menacent les sociétés du capital-risque, cet enfer annoncé que craignent les sacro-saintes banques, les organisations politiques, les communautés religieuses. Tout le monde a peur de voir l'humanité partir en fumée, mais alors pourquoi tous les systèmes de gouvernance en tiennent compte et s'en servent. On laisse la peur se diffuser pour contrôler la foule anxieuse, pour la faire danser au grès des affaires d'états et des promesses. Que croyez-vous qu'il va se passer lorsque viendra le choix ? Que veulent vraiment les gens, participer à la construction d'un monde incertain, d'un monde que personne ne peut encore imaginer, ou bien vivre dans le mouvement sans fin de l'immobilisme, tout en faisant croire qu'ils participent tous ensemble à ce changement tant espéré ?


Je n'en peux plus de ceux qui regrettant un passé révolu, préfèrent vivre dans un monde familier dont ils connaissent les travers, les faiblesses et les rouages pour mieux les exploiter ensuite. Ils recherchent le confort et craignent l'adversité. Ils sont sans arrêt attiré par la facilité, répugnent l'effort et refusent de voir l'avenir. Ils ne sont pas prêts à construire une nouvelle façon de vivre et encore moins à affronter un monde qu'ils ne maîtrisent pas. Pourquoi ont-ils si peur de se mettre en péril et de tout risquer ? Pourquoi ne veulent-ils pas s'impliquer pour faire évoluer les choses vers le mieux ? Si la vie est une forme d'énergie qui s'adapte en permanence, une énergie qui évolue à travers les bouleversements et les catastrophes, il y a alors quelque chose à apprendre de la nature au lieu de s'enfermer dans des conceptions figées. J'aimerais tant les encourager à se remettre en question, à croire au lendemain, à voir toute adaptation du mode de vie comme une possibilité cohérente et non comme une catastrophe. Hélas, le désir du changement est un vœu pieux, l'hypocrisie un mal qui conforte leur atermoiement, car ce sont les mêmes qui vantent les vertus des révolutions, qui réclament un changement de société mais qui sont ne sont pas capables de l'appliquer pour eux-mêmes.


Je déteste vivre dans ce monde où tout est question d'argent. Ça me rend dingue de voir tous ces gens qui pensent que l'argent va les sauver. Qu'est-ce encore que cette calamité ? L'argent est une création humaine ce n'est pas une loi physique ou un particularisme indéboulonnable de la réalité. Alors dites-moi ce que veulent dire ceux qui ne parlent que d'argent à longueur de journée et qui sont obsédés à l'idée d'en peut posséder toujours un peu plus. C'est une véritable maladie mentale, et je ne parle même pas de ces mafias organisées, de tous les criminels de bas étages dont la principale préoccupation est le détournement des incohérences d'un système en décrépitude. Je parle plutôt de ces castes dominantes et agressives, qui se croient au sommet de la chaîne alimentaire et qui exploitent à court terme au lieu d'investir pour les futures générations. A quoi cela leur sert d'avoir tout ce fric et de ne pas en faire quelque chose qui va réellement changer le cours des événements ? Une fois satisfait les besoins fondamentaux et les fantasmes, que leur reste-t-il de ce pouvoir qui ne repose que sur une illusion ? Un constat de plus qui déchaîne cette lutte du fort contre le faible. Cette obsession de l'argent pour contrôler, ce besoin d'argent pour gouverner, cet attrait à l'argent pour enchaîner la liberté.


Je n'en peux plus de rencontrer des gens qui ont des solutions toutes faites, qui savent pertinemment ce qui cloche, et qui hésitent encore à mettre en œuvre des collaborations fructueuses pour faire changer les mentalités. Ce sont souvent ces personnalités qui animent des cercles vertueux pour construire localement des innovations et qui peuvent ensuite les faire évoluer vers quelque chose de profitable pour le bien de tous. Je me demande alors pourquoi ces gens ont peur de passer le cap, comme s'il y avait quelque chose qui les figeait dans leur élan. Ils ont souvent peur de la bêtise ambiante qui les paralyse. Ils se sentent désarmés et dépassés devant un amoncellement de conneries qu'ils ne parviennent ni à gérer, ni à juguler. Ils se referment sur eux-mêmes, toujours en petits comités, en espérant de meilleurs jours où ils pourront s'exprimer pour changer les choses. Ils se trompent et sont aussi les victimes d'une forme de lâcheté, même s'il n'est pas encore interdit de bien réfléchir et d'être intelligent. Le crime serait de ne pas lutter contre toutes ces âneries et ces stupidités qui empoisonnent les cerveaux, et qui rendent tout travail de reconstruction du monde, plus difficile encore génération après génération. Au lieu de sortir de leur tour d'ivoire pour se battre contre les âneries qui s'amoncellent, ils se complaisent dans la glorification du savoir, sanctuarisant l'accès à la sagesse et réservant leurs connaissances à une frange étroite de la population qui en serait digne selon des normes qu'ils édicteraient. Ils prônent ainsi un élitisme de bon aloi mais qui ne fait que renforcer l'incohérence d'un système social hors de l'équilibre et qui tend crises après crises, à produire les inégalités et les conflits qu'ils déplorent ensuite.


J'en ai marre de voir que l'accès à une bonne éducation est réservé à une élite pour sa propre préservation ? Quel étrange attitude de leur part, ne pas s'impliquer pour sortir des dilemmes moraux, ne pas faire face aux incohérences de leur pouvoir, nier la réalité des problèmes auxquels ils participent, et maintenir un conservatisme de façade en espérant être épargné par un malheur qui réduit le monde en morceaux. Pourquoi maintenir cette incapacité à produire une éducation décente pour le plus grand nombre ? C’est dire qu'il devient difficile d'éduquer les cerveaux quand on se contente de les laisser sous l'emprise d'un système d'abrutissement général. Dans un monde où prolifère des systèmes d'information, où l'on communique sans interruption pour le contentement de petites émotions, pour la gloire de la rentabilité et l'amour de l'argent, en écartant ce qui empêche toute satisfaction immédiate. Lorsque l'on voit que le taux de gens raisonnables stagne et que celui des crétins augmente, que croyez-vous qui va l'emporter à la fin ? Si personne ne fait d'effort pour contrecarrer cette défaillance structurelle, la planification institutionnelle de la bêtise, cette programmation de la connerie pour les générations futures, que croyez-vous qu'il va se passer ? Quand la majorité deviendra intellectuellement déficiente, sous dépendance de gadgets, avec des robots à tout faire qui réfléchiront à leur place, dites-moi comment l'humanité va s'en sortir ? Les humains vont peut-être programmer des intelligences artificielles pour penser à leur place, en espérant que toutes les machines trouveront le moyen de les faire sortir de tout ce merdier ? Le jour où la majorité des savants complètement abrutis par tant de conneries, se mettront à faire tourner des simulations à n'en plus finir pour ensuite divaguer en pleurnichant sur l'amplification du bordel ambiant, il sera trop tard. Rien de telle qu'une bonne simulation pour rassurer les gouvernants et les décideurs. Sachant tous que la réalité ne sera jamais être décrite, ni comprise dans sa totalité, ils continueront à ingurgiter des prophéties à base de doctes sciences, pour anesthésier un peu plus les sociétés apeurées par un avenir incertain. C'est alors que d'autres savants rêveront de coloniser l'espace avec l'espoir d'emporter avec eux un bout de l'humanité pour qu'elle survive à sa propre extinction. Quel projet ambitieux, reconstruire une nouvelle société dans un espace lointain, mais c'est vite oublier le problème fondamental. S'ils ne sont pas capables de réduire les problèmes ici, rien ne garantit qu'ils ne les emportent pas avec eux. Il n'est pas besoin d'être un génie pour comprendre que le monde a des problèmes mais il faut être sacrement con pour croire que les génies sont de taille à les résoudre.


Je déteste vivre dans ce monde où les luttes mesquines foisonnent à n'en plus finir. J'en ai assez de toutes ces querelles et rivalités de personnes qui naissent du terreau fertile de l'incohérence partagée et de la faillite de la raison. Il faut sans cesse se battre pour remédier à ces petites défaillances que les gens entretiennent gaiement. Il faut sans cesse adapter des stratégies et des précautions pour faire évoluer les mentalités. Ça ne s'arrête jamais au point que j'ai pris conscience de la prééminence de la détresse psychologique, des défaillances comportementales, et de tout ce qui entrave au bon fonctionnement mental. J'ai l'impression d'être dans un monde de fous furieux. S'il vous plaît, ne me dites pas que j'ai tant de raisons de rester ici, qu'il me faut regarder du bon côté de l'humain ou faire appel à des capacités supérieures aux miennes pour m'aider. Je l'ai déjà entendu trop de fois. Je sais qu'il y a de nombreuses bonnes personnes, de beaux esprits, et de magnifiques choses qui perdurent malgré toute la laideur. J'aime et je déteste tellement ce monde, mais je ne veux tout simplement prendre du recul pour observer un désastre. Je peux ressentir cette désolation qui touche le plus grand nombre, aussi bien que ma propre douleur, et cela me contraint à m'adapter pour le pire et non pour le mieux. Comment faire pour me sortir d'un tel désordre ? La confusion règne tant ici que je ne sais plus si cela a encore un sens de poursuivre ma tâche. Ici toutes les priorités sont malmenées, il faut sans cesse se mettre à l'épreuve pour retrouver un semblant de contrôle. Jour après jour, cela se répète avec lassitude et harassement. Il m'arrive alors de perdre de vue la finalité pour me transformer en machine. A ce moment-là, il me reste une certitude, je ne veux plus rester ici.


J'en ai marre de voir des gens raisonnables au pilori lorsqu'ils prônent l'autocritique, vantent l'humilité et parlent de l'apaisement. Que dire lorsque l'honnête homme est tout simplement réduit au silence lors de confrontations avec des gens bornés, violents et sans scrupules ? Comment voulez-vous aider les habitants de cette planète lorsqu'un climat de tension fige toutes les formes de compréhension ? Quelle est donc cette folie qui se propage et qui se sert de l'inquiétude comme une massue qui écrase la raison ? On insuffle ici-bas l'impuissance du dialogue face au désœuvrement des égarés, comme si on voulait manipuler des petites détresses humaines pour contrarier l'éclosion d'une peur encore plus grande. C'est ainsi que l'écoute bienveillante et la sagesse sont vouées aux gémonies tandis que l'incompréhension réciproque devient la torture des gens de bonne volonté. Si les humains ne parviennent pas à se comprendre et à vivre ensemble alors on en vient à cette terrible réalité, celle de perdre du temps dans la résolution de querelles insignifiantes et de problèmes insolubles. A quoi leur sert un cerveau évolué s'ils ne sont pas capables de faire mieux que les autres espèces du règne animal ? Est-ce si difficile de vivre en harmonie parmi ses semblables ? Il suffit d'être avec eux pour comprendre les conditions de vie éprouvante des minorités maintenues dans un état socio-économique précaires. Il suffit de voir les pensées qui nourrissent la haine, les mensonges qui entretiennent de basses émotions, et comment la lâcheté des forts entretient le malheur des démunis. Cela se fait avec une telle énergie, un tel endoctrinement, qu'il est difficile de ne pas y voir une forme de culte consacré à l'ignorance, c'est une véritable guerre contre la réalité. Sur cette planète, la haine de l'autre est un sentiment contagieux, un sentiment qui se diffuse si bien que cela gangrène tout. Que de temps perdu pour de si bas instincts. Ce monde me surprendra toujours, il n'y pas de limite à la bêtise même lorsqu'elle se camoufle sous le paravent des bons sentiments et des bonnes intentions, mais on finit toujours par apercevoir la connerie humaine exacerber son propre illogisme.

 

Je pense avoir énuméré assez de paragraphes, mais faut-il encore que je fasse comme ces autres observateurs qui comptent à rebours avant que ne sonne minuit. ?
 


Voici une progression qui oscille dans l'obscurité.

Un instant pour une récitation dans le mystère.

Le temps de s'immerger mais n'est-ce pas un moyen de s'élever ?

Si vous saviez ce que j'ai vu et compris ce que j'ai tu.

Au fond de l'abyme et dans l'ombre d'une créature sans nom.

Peut-être voudriez-vous comprendre et ainsi tout oublier ?

Hélas, sur un vaisseau agité, je n'ai plus le cœur à çà.

J'ai retenu l'ampleur des remous, la fumée des afflictions.

Supporterez-vous cette résolution, l'incertitude d'une apparition ?