Une amitié extraordinaire

 

Il est tombé presque à mes pieds pour m'aider. L'homme qui venait d'ailleurs m'a offert son amitié. Il a fait preuve de perspicacité dans ses démonstrations. Je n'ai pourtant nullement besoin d'un ami. Il insista sur la nécessité spirituelle d'étendre son champ relationnel. J'approuve le raisonnement sans pour autant fraterniser. Sa seule présence altère déjà mon environnement. Encore des perturbations que je ne peux plus supporter. J'ai pourtant appris à éviter ce genre de rencontre mais il insistait si habilement que je n'ai plus eu de choix. J'endurais par habitude et souffrais en silence. Peut-on vraiment empêcher quelqu'un de vous aider ? C'est une leçon de moralité pour ce choc de la rencontre. Je me souviens de la fable du moine, de l'oisillon et du renard. Il serait le moine, je serais l'oisillon et la société agissant comme un renard aux aguets prêt à bondir à la moindre occasion. Difficile de définir ce lien après les péripéties de l'étrangeté. Que faut-il penser de ces épreuves qui font douloureusement mûrir ? Dans le doute et la lucidité, pourquoi ne pas adopter quelques attitudes bien connues comme celles de garder ses amis près de soi et ses ennemis encore plus près. Encore faut-il savoir définir les principales caractéristiques d'un ami : sa capacité à vous décevoir ou à contrarier une attente, son aptitude à connaître votre nature profonde et vous apprécier quand même, son écoute et sa patience pour être à vos cotés lorsque vous êtes dans l'erreur. Au-delà de toutes les précautions et autres principes de bons sens, cette amitié extraordinaire se distingue des autres par son aspect paradoxal : cet ami me fait toujours plaisir en venant me voir , soit au moment de son arrivée, soit au moment de son départ.