Les variations de cette fable au grès de l'humeur d'un pachyderme de grande taille.
Des variations en probabilité, pour ceux qui le reconnaissent en toute humilité.
Que les certitudes, les opinions, et les divagations ne vous fassent pas oublier la nécessité et la finalité.
Cette réalité ne peut être capturée par des mots, des dessins ou des équations.
De celui qui crie vers celui qui pleure, face à l'ignorance tout le monde est égal.
Tous deux isolés devant l'ampleur du phénomène, le voyant ou l'aveugle ne pourront rien.
L'émergence d'un effort constructif et collectif pourra peut-être y remédier.
« Les aveugles et l’éléphant » (fable anonyme)
Il était une fois un village entièrement peuplé d’aveugles. Un colporteur informa les habitants qu’un prince, venu de loin, traversait la contrée à dos d’éléphant. « Qu’est-ce qu’un éléphant ? » demandèrent les aveugles. Il n’y en avait pas dans les parages, et ils n’avaient jamais entendu parler de cet animal-là.
Le colporteur leur dit qu’il s’agissait d’une bête gigantesque, en tout point extraordinaire. Il piqua si bien leur curiosité que les aveugles voulurent tous approcher l’éléphant pour s’en faire une idée personnelle. Tous, c’était beaucoup trop. Par conséquent, on décida d’envoyer une délégation de trois personnes, que le prince voyageur reçut de bonne grâce. Il autorisa les représentants du village à palper son éléphant à loisir. Ils palpèrent donc, remercièrent et rentrèrent chez eux.
Aussitôt, ils furent entourés et assaillis de questions par les autres villageois. « C’est un animal qui ressemble à un tapis rugueux battu par le vent sur une corde à linge », dit un aveugle qui n’avait touché que l’oreille. « Pas du tout, dit celui qui n’avait tâté que la trompe, c’est une sorte de serpent très épais, très nerveux, à tête poilue et humide. » « Comment donc ! s’indigna le troisième, qui n’avait palpé que la patte, c’est une bête épaisse et calme comme un arbre. » « Entendez-vous ! » demandèrent les villageois.
Loin de s’entendre, les trois aveugles en vinrent aux mains, chacun prétendant avoir raison. Les autres prirent parti et la querelle tourna à l’affrontement général.
Quand tout le monde fut las de donner et de recevoir des coups, un sage proposa d’envoyer une autre délégation, plus nombreuse, formée de personnes choisies pour leur intelligence, et qui prendraient le soin de demander au prince lui-même une description de sa monture – car les aveugles, se souvenant des paroles du colporteur, doutaient que l’on puisse voyager à dos de tapis, à dos de serpent ou à dos d’arbre.
Il fallut plusieurs jours pour se mettre d’accord sur la composition de cette nouvelle ambassade. Lorsqu’elle arriva, le prince avait levé le camp.
Les variations sur une même ligne mélodique.
The Pedant and the Elephant - A Parable
A variation upon the old tale , by Ned Ludd
Five blind men and a pedant (who had eyes but could not see) decided one day that their mission in life was to discover an elephant. They had all heard that there was such a thing as an elephant, but none had any idea of what an elephant was.
So they set out, and traveled far, in search of the elephant. Finally, in a strange land, a man they met on the road told them they could find an elephant in the shadowy bower of nearby forest.
"Now, my poor blind brothers," said the pedant (who was just as blind as all the rest), "we must approach the elephant with caution. We must not use mentation or concepts or any mental process in discerning the elephant, but only depend on the raw sensation which comes from the elephant to us."
All the blind men agreed, and so the pedant and the five blind men groped their way forward into the darkened thicket of the forest. Sure enough, a calm old elephant, worn down by years of work and drudgery, stood in the bower, munching on leaves.
The men stealthily crept forward, uncertain of where they were, or where the elephant was. Gradually they circled the elephant, until each man stood before a different part of the great beast.
The man who stood by the elephant's side said, "Aha! The elephant is just like a wall, solid and smooth and flat."
"No!" said another of the blind men, who stood by the tusk of the elephant, "It is very much like a spear, it is sharp and pointed and hard."
"No, no," said a third, who held the elephant's trunk, "the elephant is just like a snake, a huge twisting snake."
"But you are all mistaken," said the fourth, who happened to be standing by the elephant's leg, "for the elephant is exactly like a tree, an enormous firmly-rooted tree!"
The fifth blind man, who was by the elephant's ear said, "Ach, you are all wrong - for the elephant is like a fan, or the frond of a large palm tree!"
As it happened, the pedant was standing by the rear of the elephant. "Blind you are all, and blind you shall be," he exclaimed, "deluded by your mentations and discriminations. I shall tell you precisely what the elephant is!" The pedant's head was right before the elephant's anus, and as the pedant slowly advanced, the elephant lifted its tail and farted. And the pedant's head entered the elephant's rectum.
"AHA!" came the great echoing cry, "The truth of the elephant is emptiness, for it is exactly like an enormous foul-smelling cave!"
In the immortal words of the poet:
"And so these men of Indostan
Disputed loud and long,
Each in his own opinion
Exceeding stiff and strong.
Though each was partly in the right,
They all were in the wrong!"
-- John Godfrey Saxe
Moral:
If you're blind, and you know you're blind, don't follow a man with his head up his (or any other being's) arse.
Le pédant et l'éléphant - une parabole
Une variation du vieux conte, de Ned Ludd
Cinq aveugles accompagnés par un pédant (qui avait des yeux mais ne voyait pas pour autant) décidèrent un jour que leur mission dans la vie était de trouver un éléphant. Ils avaient tous entendu dire qu'il existait un animal appelé éléphant, mais aucun d'entre eux n'avait la moindre idée de ce que c'était.
Ils se mirent donc en route, et voyagèrent longtemps, à la recherche de l'éléphant. Finalement, dans un pays lointain, un homme qu'ils avaient croisé en chemin leur dit qu'ils pourraient en trouver un dans la verdure ombreuse d'une forêt avoisinante.
"Donc, mes pauvres frères aveugles", dit le pédant (qui était tout aussi aveugle qu'eux), "il nous faut nous approcher de l'éléphant avec précaution. Nous ne devons pas utiliser la pensée discursive, des concepts, ou tout autre processus mental pour discerner l'éléphant, mais nous ne devons dépendre que de la sensation brute qui nous proviendra de l'éléphant."
Les aveugles acquiescèrent tous, et c'est ainsi que le pédant et les cinq aveugles se frayèrent un chemin dans les sombres fourrés de la forêt. Enfin, un vieil et calme éléphant, usé par des années de travail et de peine, se tenait dans une clairière, en train de mâcher des feuilles.
Les hommes s'avancèrent doucement, incertains d'où ils étaient, où d'où était l'éléphant. Peu à peu, ils entourèrent l'éléphant, de sorte que chacun d'entre eux se trouvait face à une partie différente du grand animal.
Celui qui se trouvait près du flanc de l'éléphant dit: "Aha! L'éléphant est comme un mur, solide, plat et lisse."
"Non!" s'exclama un autre aveugle, qui se trouvait près d'une des défenses de l'éléphant, "Il ressemble beaucoup à une lance, il est dur pointu.
"Non, non!," rétorqua un troisième, qui tenait la trompe de l'éléphant, "l'éléphant est tout comme un serpent, un immense serpent qui s'enroule sur lui-même".
"Mais vous vous trompez tous," s'étonna le quatrième qui se trouvait près d'une patte, car l'éléphant est exactement comme un arbre, un gros arbre fermement enraciné!"
Le cinquième aveugle, qui se trouvait près de l'oreille de l'animal, dit: "Ach! Vous avez tous tort! Car l'éléphant est comme un éventail, ou la fronde d'un grand palmier!"
Pendant ce temps, le pédant se trouvait derrière l'éléphant. "Aveugles tous vous êtes, et aveugles vous resterez!," s'exclama-t-il, "trompés par vos pensées discursives et vos discriminations. Je vais vous dire précisément ce qu'est l'éléphant!" Sa tête se trouvait juste devant l'anus de l'éléphant, et comme il s'avançait lentement, l'éléphant leva la queue et péta. Et la tête de le pédant pénétra dans le rectum de l'éléphant.
"AHA!" fit l'écho de son grand cri, "La vérité de l'éléphant est vacuité, car il est exactement comme une grande caverne qui pue!"
Comme l'écrivait l'immortel poète:
"Et ainsi ces hommes de l'Hindoustan
se disputèrent fort et longtemps,
chacun soutenant son opinion
obstinément et à l'excès.
Quoique chacun ait eu raison
en partie, pour l'ensemble
ils avaient tous tort!"
-- John Godfrey Saxe
Moralité:
Si vous êtes aveugle, et que vous le savez, ne suivez pas un homme qui a la tête dans le cul (le sien ou celui d'un autre être).
Les autres variations à prévoir, selon les rites et les usages courants des hominoïdes devant le miroir.