Je les observe depuis un moment. Les pauvres hamsters à visage humain, ils essayent de faire décoller la soucoupe ! C'est plus fort qu'eux, ils pensent que c'est en courant comme des fous qu'ils vont réussir à la contrôler. A leur niveau, ils ne peuvent pas comprendre que la soucoupe n'est qu'un instrument pour les occuper pendant que nous les étudions d'un peu plus près.
Surtout lui là, qui s'agite dans tous les sens, et l'autre aussi là, ce sont les deux hamsters faussaires. Nous aimons bien les observer, cela nous aide à comprendre la vie trépidante des chasseurs de soucoupe, et la vie de ceux qui se révoltent contre les mains qui les nourrissent.
La main droite et la main gauche
Je m'inquiète pour lui, c'est notre sujet d'expérimentation favori, il refuse de se nourrir. Il réagit mal au traitement par la main droite, pourtant il mange très bien lorsqu'on le nourrit de la main gauche. Sacré hamster, il ne se rend pas compte que les deux mains sont guidées par le même projet. Au-dessus des mains, il y a encore des fils accrochés et le jeu de marionnettiste continue sur un niveau supérieur. Une autre entité anime celui qui contrôle les deux mains, et d'autres niveaux encore qui sont impossibles à comprendre pour notre sujet d'expérimentation. Je m'inquiète pour lui, il va peut-être faire une grève de la faim.
La farce et attrape contre un fusible
Ils ont essayé de le piéger avec une farce et attrape. Pour le faire sortir de son trou et le capturer, ils ont posé un appât sous ses yeux. Mais ce n'est pas un hamster à visage humain, il est bien différent des autres. Lui c'est le rongeur fusible avec des yeux bleus, très difficile à attraper.
Ô rage ! ô désespoir !
Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
Mon bras qu'avec respect tout l'Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
Ô cruel souvenir de ma gloire passée !
Œuvre de tant de jours en un jour effacée !
Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d'où tombe mon honneur !
Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur;
Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur;
Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne
Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne.
Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
Mais d'un corps tout de glace inutile ornement,
Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
M'as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger, en de meilleures mains.
(Le Cid, extrait acte I, scène 4)