1.2 - Qu’est ce que l’Ethnométhodologie ?
1.2.1- Histoire de l’éthnométhodologie et de ses origines.
" Les ethnométhodologues ont développé une technologie alternative et radicale pour l’analyse sociale. " (1)H. Garfinkel.
L’Ethnométhodologie est un courant de la sociologie américaine fondée par Harold Garfinkel dans les années 60. Installé principalement dans les campus Californien, il a ensuite gagné ensuite d’autres Universités Américaines mais aussi Européennes.
L’ethnométhodologie commence donc avec les travaux de H.Garfinkel qui entreprend des études doctorales en 1946 sous la direction de Talcott Parsons, En 1952 il soutiendra sa thése : " The Perception of other ". Parallélement à son doctorat, il s’initie à la phénoménologie, lit A.Schütz, E.Husserl qui exerceront sur lui une grande influence. Garfinkel ne cessera jamais de reconnaitre que T.Parsons a eu une grande influence sur lui.
" Celà s’entend si l’on conçoit que tout d’abord que l’ethnométhodologie était la conséquence logique de l’oeuvre monumentale de Talcott Parsons. " (2) H.Garfinkel.
Mais c’est en 1945 que les prémices de ce qui allait devenir l’éthnométhodologie commencèrent à germer dans l’esprit de son fondateur lorsqu’il participa avec Saul Mendlovitz au projet d’un étude des jurés organisé par Fred Strodtbeck à l’Ecole de Droit de Chicago.
Garfinkel et Mendlovitz devaient écouter des enregistrements dissimulés dans les salles de délibération des jurés de Wichita. Ils s’intéressaient " aux façons dont les jurés utilisaient une certaine connaissance du fonctionnement des affaires organisées de la société - connaissance dont ils se servaient sans difficulté " H.Garfinkel.
En rédigeant ses travaux sur les jurés , Garfinkel fut stupéfait d’apprendre que les jurés avaient des méthodes sociologiques profanes pour appréhender les problémes liés au verdict qu’ils devaient rendre à la cour. Ces méthodes utilisées, Garfinkel les qualifiera d’éthnométhodes. L’idée de l’éthnométhodologie était né. Le terme fut ensuite inventé par analogie avec l’ethnobotanique lorsqu’il consulta les fichiers comparatifs de Yale.
En resumé nous pouvons dire que :
- Cette école se pose comme une " antisociologie " ou " sociologie profane ", qui s’intéresse avant tout aux raisonnements pratiques et au " sens commun ", pour permettre à l’individu de décrypter et d’ordonner le monde qui l’entoure. L’éthnométhodologie s’articule autour d’une critique des méthodes de la sociologie conventionnelle.
- Pour l’ethnométhodologie, il n’y a pas d’objets d’études stables, par exemple des structures sociales fixes (mises en évidence par les travaux de Durkheim), mais des processus à travers lesquels l’organisation sociale est continuellement recréee.
" L’ethnométhodologie substitue à cette hypothèse de la constance de l’objet celle de processus ". (3)
- Pour l’ethnométhodologie, seuls les membres d’un groupe partageant par leur indexicalité une pratique sociale commune sont à même, par leur compétence unique, de décrire ces processus.
- L’éthnométhodologie est une étude basée sur l’observation des accomplissements quotidiens et leur interpretation.
- Enfin comme le dit son fondateur , " c’est l’étude de l’organisation du savoir d’un membre de ses affaires quotidiennes, de ses propres activités organisées. "
Comme outil épistémologique, l’ethnométhodologue s’appuie sur des axiomes qui aident à découvrir les pratiques, les modes de raisonnement, à définir " les allants de soi " que partagent les membres d’une même tribu.
Ces axiomes, que l’on définit au sein du lexique, sont à l’utilisation un outil privilégié d’analyse; Ils permettent en effet, de voir comment un ensemble d’individus s’est approprié le langage et, à travers cette appropriation, l’organisation du monde social.
Ces axiomes doivent être considérés comme un réseau, car tous ces concepts sont liés entre eux et lorsque l’un d’eux est indiqué, les autres sont impliqués bien qu’il ne soient pas en relation hiérarchique ni en relation de sérialité. Il ressemble étrangement à ce que l’on nomme outre-atlantique le CYBERSPACE ...
(1) Interview d’Harold Garfinkel par Benetta Jules Rosette. Revue Société : Septembre 1985 Edition : Masson
(2) Interview d’Harold Garfinkel par Benetta Jules Rosette. Revue Société : Septembre 1985 Edition : Masson
(3) Alain Coulon : Que sais-je ? L’Ethnométhodologie PUF