LES STRUCTURES PARADOXALES

Nous appellerons progression paradoxale, la structured'oppositionoù l'un des termes ne croît pas aux dépens de l'autre.

Dans la structure d’opposition raditionnelle , plus je mange moins j'ai faim, établit une relation entre faim et le fait de manger tel que plus j'ai faim moins j'ai mangé et plus je mange et moins j'ai faim,et cette opposition progressivese noteavec l’opposition:+ // -.

Ce n'est pas le casde la progression paradoxale qui, au contraire montre que deux opposés croissent ensemble. Ainsi -plus les capitalistes s'enrichissent- pourrait se traduire par -plus les ouvriers sont riches.

Evidemment si nous disions -plus les riches sont riches, plus les pauvres sont pauvres,- , nous retombons dans la structure d’opposition progressive. Mais si au contraire nous disons -plus les gens sont pauvres plus ils mettent de l'argent de côté-, l'épargne est opposée à la pauvreté et pourtant elle croît en fonction même de la pauvreté. Et donc nous aurionsune progression paradoxale .

Et donc plus il y a de détritus dans la ferme, plus le cochon va pouvoir s'engraisser et donc le détritus, l'épluchure qui ne se mange pas est opposée au cochon qui, lui, se mange et contrairement à ce que l'on pourrait penser, plus il y a de détritus, plus le cochon engraisse et plus la non-nourriture fournit de la nourriture.

C'est cette relation paradoxale que l'on entend par progression paradoxale..

La relation paradoxale d'inversion:c'est par exemple, l’inversion des rôles ou des fonctions. Dans le film Au Nom du Père, c'est le fils qui va finir par réhabiliter la mémoire de son père. Cette réhabilitation se caractérise par le fait quele filsva prendre en charge ce qui est normalement la fonction du père. Effectivement, en prison, il va soigner son père, il va lui sauver la vie, il va réhabiliter sa mémoire après sa mort ; c'est ce que l'on attend traditionnellement d'un père.

Ainsi le fils prend la fonction du père et le père joue le rôle du fils. C'est cette inversion des fonctions et des rôles qui nous donnera la relation paradoxale d’inversion.

C'est l'équivalent de la relation d'identité mais avec inversion des rôles. Quand on dit le chasseur chassé ou tel est pris qui croyait prendre, c'est une telle relation rhétorique qui exprime le paradoxe.

Nous appellerons Pertinence paradoxale la structure paradoxale où la pertinence n'est pas simplement dans la différence, mais où la pertinence est dans la négation. 

Exemple type : nous ne savons pas ce qu'est la vie mais nous savons ce qu'est la mort. Et nous dirons donc que la relation entre la vie et la mort est telle qu'à défaut de savoir ce qu'est l'existence, nous savons ce qu'est la mort.Et c'est cette pertinence dans la négation de la vie qui constitue la relation paradoxale . 

Et enfin nous appellerons la relation paradoxale d’exclusion, l'oxymoron ou la relation paradoxale qui est une condensation mais qui condense des opposés qui s'excluent. Par exemple : lorsque je dirais l'impuissance du prince ; s'il est prince c'est qu'il est puissant et parler d'impuissance à son propos c'est pratiquement un oxymoron, c'est comme si je parlais l'impuissance du Potentat. 

DEFINITION DES TRACTUS

Le tractus est ce qui permet de relier le petit élément -a- au petit élément -b- selon un relation R1 (relation d'identité), et ensuite le petit élément -b- au petit élément -c- toujours selon la même association d’idées, telle que la relation qui relie -a- à -b- soit la même que celle qui relie -b- à -c-.

Ce qui fait que la relation -a- à -c- constitue la même association d’idées qu’entre a- et b et b- et c.

Cesoutils constituent donc le modèle des différents agencements rhétoriques utilisés par la fiction, soit pour la construire, soit pour la déchiffrer.

Ces modèles qui apparaissent avec la littérature de fiction et la poésie demeureraient donc au coeur des patterns anciens dont s'inspirent implicitement les spectateurs quand ils voient un film.

Ainsi donc, ces outils nous permettraient de comprendre comment s'articule et s'agence une métaphore à partir de la dénotation.

Il existe également un outil privilégié pour inspirer l'interprétation du spectateur, c'est le signe ou l'ensemble de signes qui par métonymie est, par excellence la traduction métaphorique du raisonnement par induction. De la même façon que le soldat inconnu dans le film de B.Tavernier, La vie et rien d'autre, représente à la fois tous les morts français de la grande

guerre et à la fois chaque soldat de la grande armée française, de la même façon l'on est en droit de se demander ce qui dans l'oeuvre de Jean-Luc Godard : Le mépris , pourrait résumer les intentions de l'auteur.

La métonymie dans un film constitue donc l'un des outils supplémentaires dont pourrait user tout spectateur.