I.4 La contextualité

Elle trouve sa justification en ethnométhodologie, de par le fait que cette discipline refuse toute généralisation, toute définition universelle. Elle s’oppose ainsi au structuralisme, qui le plus souvent s’arroge le droit de projeter sur d’autres systèmes ou organisations ce qui est valable dans un milieu donné, avec des acteurs sociaux et une temporalité spécifique. En cela, elle s’oppose à l’universalisme de LEVI-STRAUSS, et plus généralement, à toute tentative absolue d’explication du monde.

Cette contextualité est intrinsèquement liée à l’indexicalité (elle-même générant une nécessaire réflexivité qui implique d’être membre).

Deux types de contexte sont à dissocier, selon Louis QUERE :

le "contexte d’accomplissement" et le "contexte de compte rendu".

- Le premier se déroule lors de l’action pratique. Il est défini comme étant un prolongement de l’action elle-même. Elle accompagne un certain regard sur le monde qui est propre à ce temps "présent" de réalisation et de symbolisation de cet acte.

- Le second situe le discours qu’il engendre sur le registre du Passé: ce passé, afin d’être conceptualisé, nécessite "un temps de latence" permettant l’apparition d’un espace symbolique nécessaire au compte rendu. Le regard et la situation sur le contexte étudié n’est dorénavant plus le même pour cette raison, il est nécessaire de les distinguer. Si le marquage du temps, de l’espace est important pour différentier ces deux types de contextualité, le concept dedans/dehors est également important. Il l’observe de l’intérieur.

L’espace symbolique rejoint cette extériorité nécessaire à l’action vécue afin de pouvoir la raconter.

Je compare cette situation au rêve ou aux images hypnagogiques. Dans ces deux cas, au moment où chacun les vit, l’image est fortement présente parce qu’il y a une "forclusion" de l’espace : nous sommes dedans, imprégnés d’imagerie mentale dans laquelle nous agissons. Lorsqu’après coup, nous tentons de les verbaliser, à chaque description, la vision tend à disparaître, substituée par le discours (Non pas qu’elle disparaisse totalement, mais elle devient souvent plus floue, imprécise).

Mais les mots peuvent parfois rendre compte d’une intensité qui n’est plus.

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