Mel Vadeker
28 janvier 2004
Le mouvement de régulation de l'internet était planifié d'avance, cela fait 10 ans que j'en suis le développement, depuis que le cyberespace est devenu un enjeu commercial. L'internet est devenu accessible du fait de l'éclosion de nouvelles technologies comme le navigateur web, l'émergence des langages de description de pages évoluées (html, xml) et des divers outils de travail collaboratif suscitant ainsi de nombreuses convoitises.
D'un coté nous avons les pionniers qui résistent et rêvent d'un internet démocratiquement régulé par ses membres, un internet en perpétuel auto organisation. Et de l'autre coté, nous avons les multinationales du multimédia, les majors publicitaires, les industriels qui défendent leurs intérêts en espérant de nouvelles parts de marché en se déployant dans le cyberespace.
Nous retrouvons également cette lutte entre deux organisations du savoir. D'une part nous avons l'hypertexte et sa structure dynamique, non hiérarchique et fortement maillée et d'autre part nous avons l'arborescence et sa structure pyramidale, hiérarchisée et cloisonnée.
Défendre l'hypertexte, l'hypermedia et le travail collaboratif serait un acte de défense des nouveaux jeux de vivre, une e-democratie planétaire fière de sa nouvelle liberté d'expression. Alors que maintenir la pensée arborescente serait un ultime sursaut pour transformer le cyberespace en un mass média comme la télévision et la presse écrite.
Ce qu'il se passe maintenant avec les nouvelles propositions de loi sur l'internet et les tentatives de régulation de l'information partout dans le monde était pour moi extrêmement prévisible. Nous étions beaucoup déjà à prévoir, dans une anthropologie du cyberespace, cette guerre ouverte sur les contenus numériques et sur les moyens de réguler à la fois l'accès et le contenu.
L'internet tel que nous le connaissions était dès 1994 condamné à mourir. Il faut se rappeler pour ceux qui ont la mémoire, les déboires en France des providers alternatifs (fournisseurs d'accès et d'espace de publication gratuit) et les procès à répétitions qui ont fait taire à jamais certaines personnalités de l'underground culturel et scientifique.
A t-on planifié la destruction de l'internet ouvert au public au profit d'un autre internet régulé comme un média de masse ? Nous étions nombreux à dénoncer ces diverses menaces, nous avions vu le vent tourner du mauvais coté à plusieurs reprises. Une partie de la communauté des artistes et des intellectuels engagés ont souvent boycotté internet en signe de protestation en fermant des sites qu'ils avaient créés ou en arrêtant des services numériques. Cette époque de la manifestation silencieuse est révolue. Il est temps maintenant de mener les batailles politiques en première ligne.
De nouvelles générations d'utilisateurs s'étonnent devant cette bataille ouverte mais les signes étaient manifestes depuis des années. Il suffisait d'ouvrir les yeux à temps, il y en a toujours qui se réveillent au dernier moment. Mon opinion est qu'il est un peu tard, le combat semble perdu pour la reconnaissance d'une véritable liberté d'expression. Maintenant c'est le combat pour l'éducation qui importe le plus. Plus les gens seront sensibilisés et éduqués et plus ils trouveront des parades légales pour démontrer leur droit à une autonomie numérique dans le respect du bien commun. Il n'y a rien de pire que la résignation et l'assujettissement.
L'autre bataille concerne l'autorégulation du contrôle social des institutions par la base, c'est à dire surveiller ceux qui nous gouvernent pour que toutes les parties rendent des comptes. Mais c'est encore une autre histoire.
Courrier des lecteurs : réactions sur les projets de loi sur l'economie numérique en France (La L.E.N.)Avertissements : Je recommande autant que possible de revenir aux textes de la LEN pour éviter les querelles d'opinions sur des interprétations divergentes. Il faut apprendre à revenir à la source du débat comme le ferait un juriste.Expediteur : José
Sujet : Bienvenue dans un pays de merde...
Date : mercredi 28 janvier 2004... ou comment la France se transforme en état policier (pour ne pas dire
fasciste).Ce n'est pas une nouveauté, depuis l'"élection" du gouvernement
sarkozy, notre pays s'est lancé dans une politique ultra-sécuritaire qui ressemble
de plus en plus à celle des états-unis.
Conséquence directe, nous sommes tous considérés comme suspects par défaut,
et soumis à une surveillance croissante sous couvert de lutter contre
l'insécurité ou le terrorisme. La justice devient expéditive quand elle
n'est pas tout simplement privatisée.
Voir sur le sujet les prises de position de la présidente du Syndicat de
la Magistrature :
"OPA sur la Justice"
http://www.politis.fr/article806.html
et plus généralement :
http://www.syndicat-magistrature.org/Le pendant de ces directives dans le monde internet est le projet de "Loi
pour la Confiance dans l'Economie Numérique" dirigé par la ministre
de l'industrie Nicole Fontaine. Les poncifs rituels économie+confiance de
l'intitulé de cette loi devraient déjà en faire sourire plus d'un, et pour
cause puisque l'origine de cette loi, désastreuse pour la liberté
d'expression, est à chercher dans l'industrie du disque, incapable de faire
face à une nouvelle donne qui les dépasse complètement autrement que par
la répression, et représenté par le Comité de Liaison des Industries
Culturelles (sic ! cherchez l'erreur).En résumé cette loi :
-supprime le statut de correspondance privée pour les emails,
-instaure un filtrage des contenus par les providers (comme en Chine, preuve
indiscutable de l'ouverture de la France envers ce pays hautement
démocratique),
-impose une surveillance des pages perso par les hébergeurs, rendant cette
activité quasi-impossible étant donné les coûts qu'elle génère, c'est la
disparition de l'hébergement gratuit à très brève échéance.Voir :
http://www.01net.com/article/230560.html
et surtout :
http://www.odebi.org/
http://www.iris.sgdg.org/actions/len/
(Odebi est une association regroupant plusieurs collectifs qui se sont
déjà illustrés pour faire valoir les droits des utilisateurs face aux abus de
différents providers, notamment lors du lancement des offres haut-débit
dans différentes villes françaises)Peut-être n'êtes-vous pas sensibles à ces problèmes, car utilisateur
occasionnel d'internet. Je vous prie cependant de bien vouloir prendre
le temps de lire au moins ce résumé simplifié :
http://www.odebi.org/lalenpourlesnuls.pdf
et de participer aux actions de lobbying proposées en 1e page du site odebi.Vous trouverez peut-être ces actions dérisoires, dans la mesure où il ne
s'agit que d'envoyer quelques emails. Mais ça mérite au moins d'être essayé,
à moins que vous n'ayez quelque chose de mieux à proposer...
Je n'ai pas d'actions à soumettre pour le moment en ce qui concerne les
lois Sarkozy et le Droit en général, n'hésitez pas à m'en faire part si vous
en connaissez (vous pouvez déjà signer la déclaration de paris initiée par
Eva Joly www.declarationdeparis.org). Sur ce plan, c'est carrément tout le
gouvernement qu'il faut jeter.Ne soyons pas fatalistes...
Amicalement,
José.P.S : N'oubliez pas : "C'est notre Affaire à tous" (titre du
premier livre d'E. Joly sur l'affaire Elf).
Attention suite à un vote de l'Assemblée, les courriers électroniques ne sont plus considérés comme de la correspondance privée. Et les hebérgeurs seront tenus pour responsables des sites hébérgés et de leurs contenus, ce qui mène à la disparition de la liberté d'expression par internet.
Je vous invite donc à faire passer ce message à tous vos contacts et à faire preuve de la plus grande prudence dans la rédaction de vos courriels.
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LES INDUSTRIELS ONT VOULU LA LEN... DEVINEZ QUI SERA TONDU...
Ce n'est pas une surprise, la LEN (Loi de confiance dans l'Economie
Numerique) a été adoptée en seconde lecture par l'Assemblée Nationale.Aboutissement logique de plusieurs années de lobbying du secteur industriel
pour un Internet « propre » et dénué de toute expression autre que
commerciale, ce texte signifie :Que vos courriers électroniques ne seront plus considérés comme de la
communication privée, ce qui leur retire le droit à une totale
confidentialité qui leur était jusqu'alors reconnu.Que les hébergeurs se voient imposer une obligation de surveillance par
défaut de toutes vos données stockées et transférées sur le réseau, qu'il
s'agisse de vos sites web, vos interventions sur des forums, des
espaces de discussion en direct, etc.Que les fournisseurs d'accès devront participer à la censure a priori des
contenus visibles en mettant en place des outils de filtrage dont il est
notoire qu'ils n'empêcheront pas seulement d'accéder à des contenus
illégaux.De récents exemples (affaire Metrobus vs Ouvaton ou déboires du RAS pour
l'hébergement de contenus yndicaux) ont montré que le secteur marchand avait
déjà très bien compris l'intérêt de cette loi avant même son adoption, loi
qui va lui donner un pouvoir d'intervention directe et de pression sur les
prestataires techniques.Aujourd'hui les grands fournisseurs d'accès eux-mêmes, au travers de
l'Association Française des Fournisseurs d'Accès (AFA,
http://afa-france.com) soulignent le caractère totalitaire de ces nouvelles
mesures et appellent à la mobilisation, allant jusqu'à menacer de fermer
leurs services en guise de protestation.Signe d'une réelle urgence, si l'on
considère les réactions peu virulentes de ces structures qui jusqu'alors se
posistionnaient essentiellement en tant que commerçants sans engagement
politique à l'égard de leurs activités.Alors je vous engage à la vigilance et vous appelle à l'action, car
:L'Internet n'est pas un un repère de pédophiles, de nazis, de terroristes
ou de pirates informatiques, l'Internet c'est VOUS.Les prestataires d'accès et d'hébergement sont au service de votre
expression, ils ne doivent pas en être les censeurs ou les évaluateurs.Il n'est pas trop tard pour agir car cette loi, au-delà de son caractère
anticonstitutionnel, va au-delà et à l'encontre de la législation
européenne.Propagande.org se rapprochera des autres prestataires alternatifs pour
envisager des actions communes rapides. je vous tiendrai informés. En
attendant :POUR VOUS INFORMER :
Dossier sur la LEN sur le site de l'Assemblée Nationale :
http://www.assemblee-nationale.fr/12/dossiers/economie_numerique.aspDossier d'IRIS :
http://www.iris.sgdg.org/actions/len/Réactions de la Ligue des associations Haut Débit françaises :
http://www.odebi.org/Position des prinicpaux fournisseurs d'accès français :
http://www.afa-france.comArticle « FAI : tous ensemble contre la loi numérique ! » dans le
journal du Net :
http://www.journaldunet.com/0401/040114afalen.shtmlPar mail :
N'hésitez pas à me contacter pour en savoir plus
POUR AGIR :
Si vous utilisez les services d'un des principaux FAI français, signez
la pétition mise en ligne sur le site de l'AFA :
http://www.afa-france.com/actions/petition.phpParticipez aux actions de la Ligue ODEBI :
http://www.odebi.orgEcrivez au député de votre circonscription pour exiger des explications
et une révision de la loi (pour! trouver ses coordonnées et/ou connaître
ses positions) :
http://www.mon-depute.com/Restez attentifs aux prochaines communications de Propagande.org sur la
page news du site, et relayez les sur vos propres sites.ET...
Signez la pétition de Propagande.org contre la LEN et mettez un lien vers
cette pétition sur votre site.Have Fun !... tant qu'il en est temps...
-- Erick ? admin@propagande.org
http://www.propagande.orgLe 15 janvier 2004