Société du spectacle pour un désordre systémique mondial. Rester ou sortir de la boucle sans fin de la récupération médiatique. Le problème des guerres culturelles et du contrôle social de la contestation et de la subversion.


Etes-vous vraiment des êtres humains conscients ou des animaux à deux pattes qui ont perdu toutes notions de bon sens ? Savez-vous que la vie humaine n'est pas vaine et que vous pouvez agir concrètement pour améliorer le sort d'une humanité qui sombre. Encore faut-il que vous ouvriez les yeux devant les terribles tragédies collectives que bon nombre prétendent ignorer de peur de bousculer l'ordre établi. C'est un acte inutile et désespéré que de rêver les yeux grands fermés à un sauvetage, ou d'espérer plein d'espoir à un nouveau monde fabriqué par des élites obnubilés par l'étendu de leurs pouvoirs et la conservation de structures sociales sous contrôle. Il n'y a aucun sursis à espérer, votre rêve insensé ne se réalisera pas. La vérité est toute simple mais son cheminement est difficile tant vous aimez accumuler les obstacles à votre prise de conscience.

Vous réaliserez probablement trop tard que vous participez à la société du spectacle qui anime le désordre mondial. Alors faites-vous le jeu de ce système en devenant à ce point idiot et en entretenant le fantasme d'une révolution qui n'arrive jamais ? Etes-vous à ce point naïfs pour participer sans le vouloir aux finalités d'un système que vous êtes censé combattre. C'est dire l'efficacité d'un tel système qui ambitionne de devenir un outil efficace de contrôle de l'information et dont l'ambition est l'assujettissement des cerveaux à une source de pouvoir concentrée et dont la portée serait universelle.

Nous retrouvons toujours les mêmes stratégies qui parviennent à faire que des mouvements politiques ou de contre-cultures soient subtilement infiltrés, habilement encadrés ou carrément phagocytés et recyclés pour entretenir l'illusion de révolutions en cours. Cela prend souvent la forme d'un divertissement ou pire d'une diversion. Avec un minimum de recul et d'acuité, nous pouvons reconnaître ce spectacle médiatique qui fait le jeu d'un système de contrôle social et politique. Un système qui prétend défendre la liberté d'expression et se défend d'être totalitaire mais qui révèle ses contradictions par des investissements pour conforter son emprise. Un système qui exprime ainsi ses objectifs par la mise en œuvre d'une mécanique complexe de propagande et de censure et l'exploitation d'une gigantesque infrastructure de surveillance.

Que dire lorsque des revendications sont justifiées et émanent de personnes rationnelles qui se défendent contre différents totalitarismes ? Ces mêmes minorités qui espèrent créer une alternative ou la constitution d'un véritable contre-pouvoir se retrouvent alors enfermées dans une boite aux contours parfaitement délimités. C'est ainsi qu'est annihilé le risque contestataire. On peut s'en apercevoir lorsque les tentatives de révoltes au lieu de participer au changement du système ne font que participer à son affirmation. Paradoxalement tout contre-pouvoir ainsi recyclé sert les buts de ceux qu'il est censé combattre.

Que faire une fois ce constat posé et les annonces alarmantes proférées  ? Il s'agit encore d'appréhender les contours d'une crise systémique, d'une crise de la connaissance dont les manifestations les plus préoccupantes sont celles de guerres socioculturelles et économiques qui répriment tout désir de voir apparaitre une société plus humaine, plus égalitaire et plus juste. Une situation qui ne peut que perdurer lorsque les tentatives de changement sont orchestrées et que le désir révolutionnaire est réprimé, orienté, étouffé. Point n'est besoin d'imaginer des conspirations, il n'y a qu'a observer froidement l'évolution des sociétés et analyser logiquement les mécanismes en œuvre.

Les solutions envisageables pour sortir de cette boucle sans fin, sont la constitution de phénomènes de subversions à la fois si paradoxaux et si contraignants qu'ils en deviennent impossibles à détourner ou à récupérer. Ce qui importe, ce n'est pas la poursuite d'une révolution bridée à l'intérieur d'un système totalitaire mais plutôt de changer de cadre de référence, de redéfinir les règles du jeu social. Le but est bien entendu de faire muter le système en provoquant un phénomène de rupture qui favorisera la création d'autres formes de gouvernance, d'autres méthodes de gestion collective de la connaissance et des richesses.

Pour ceux qui n'auraient toujours pas compris, la somme de toutes les peurs, l'enjeu stratégique qui importe le plus, c'est le contrôle de l'information. Il y a une différence entre effectuer un changement DANS le système et provoquer le changement DU système. Différentes forces sont en opposition, d'un coté nous avons ceux qui veulent conserver le système tel quel le plus longtemps possible, et de l'autre ceux qui luttent pour en construire un nouveau. Entre ces deux extrêmes, nous avons un vaste théâtre d'opération pour des conflits d'un nouveau genre. Une guerre se déroule sous vos yeux, une guerre tranquille avec des armes silencieuses, une guerre pour la mainmise sur les cerveaux en libertés.

On ne peut plus l'ignorer, l'information c'est le pouvoir. Rien ne sert de grincer des dents et de faire comme si de rien n'était. Peut-on encore rester apathique face à un danger imminent, c'est à dire continuer de ne rien faire pour s'en préserver tant les rivalités et prétentions individuelles sont nombreuses et concurrentes ? Et que dire de ces prétendants pour un quelconque pouvoir toujours trop nombreux à comploter au lieu de s'acharner à éviter le désastre.

Il existera toujours des possibilités pour sortir du cycle des revendications qui n'aboutissent pas, y compris lorsque ceux qui dénoncent des injustices sont eux-mêmes les acteurs consentants ou non de manipulations plus vastes qu'ils dénoncent. Quand bien même la situation resterait désespérée, l'instinct de survie serait notre ultime moyen d'action. Tout simplement parce que le fonctionnement d'une société et avant tout une construction humaine, une unité évolutive de différents réseaux sociaux. Cela n'est d'aucune manière immuable. Tant que la vie est possible, il reste possible de faire émerger de nouvelles manière de vivre et autant d'alternatives pour résoudre des problèmes qui semblaient impossibles à appréhender auparavant.

Le problème le plus crucial est d'arriver à surmonter les différentes évolutions de la guerre de l'information et d'apprendre à se défendre avec de nouvelles armes intellectuelles. Dans une société du spectacle mondialisée, la confusion est démultipliée autant de fois qu'elle sert la manipulation des cerveaux et l'affirmation d'un pouvoir. Dans ces univers des totalitarismes, le monde se fragmente de plus en plus, il perd de sa cohésion et voit s'affirmer jour après jour des idéologies détestables et immorales. Pourtant dans ce désordre entretenu, on s'aperçoit que le monde se divise en deux catégories, ceux qui savent traiter l'information pour exploiter un système construit de toute pièce et ceux qui ne se rendent pas compte qu'ils sont dans un système qui les asservit.

Mel Vadeker, 2010



Il est fréquent sur Internet d'utiliser des extraits de film pour illustrer ou défendre des idées, ils servent alors de clips vidéos pour illustrer en toute simplicité une démonstration. Cependant, dans le cas de la lutte contre la propagande médiatique, il est paradoxal d'utiliser hors contexte des scènes du film culte Network (Sidney Lumet, 1976). Il y a tout simplement un contresens et une réinterprétation naïve de la problématique du film. C'est un bien étrange détournement qui masque l'intérêt et la portée du débat sur la récupération de la subversion. Le film Network, stigmatise à juste titre cette forme de recyclage de nouvelles formes de la contestation par un système médiatique omniprésent et organisé de telle façon qu'il maintient l'assujettissement des spectateurs.

Nous avons ici un exemple de montage avec incrustation d'images d'actualité et l'ajout de musique.




Un extrait de l'article de wikipédia à propos du film Network : Howard Beale (Peter Finch), présentateur de la chaîne de télévision UBS News, lâche publiquement ce qu'il pense de la société américaine, des mensonges sur lesquels elle repose... Son premier coup d'éclat à la télévision sera dû à sa déclaration lors du 20H, annonçant qu'il va bientôt se tirer une balle dans la tête en direct, ce qui ferait sensiblement remonter l'audimat. Howard Beale va rapidement devenir une sorte de prophète des temps modernes des Américains pour qui la télévision est bien plus réelle que leur propre vie, télévision qui a une emprise énorme sur ses spectateurs. Tout ce qui sort de ce petit écran ne peut être que vrai. Mais Howard Beale va finir par lasser, à commencer par les dirigeants de sa propre chaîne, les vérités qu'il énonce étant pour le moins déprimantes (« vos vies sont inutiles », « vous êtes interchangeables », etc.). Network est une critique acerbe et cynique sur le pouvoir et le monde de la télévision, sur le commerce qu'elle génère, où tout doit se réduire à des chiffres, à des taux d'audience, au détriment de l'humain. Diana Christensen (Faye Dunaway) incarne ce néocapitalisme sauvage, déshumanisé, elle qui réduit sa propre vie et tout ce qui l'entoure à des synopsis de séries B, formatés pour la télévision.


Quelques  extraits du films Network, abondamment diffusés et récupérés sur internet

 

Fou de rage !

 

 

La Télévision c'est une illusion !

 

 

Le monde est un business !

 

 

Mad as Hell (typography)

 

 

Ressources internet :