RECUEIL HORIZON ( MEL VADEKER, 1997)
L’horizon personnel du poète guerrier. Première partie.
La foi s'est transformé, la peur a diminué. Je peux me regarder en face sans hurler. La machine élémentaire contient toujours entre les molécules un esprit désincarné. La conscience, le corps, le cerveau, la trilogie efficace que j'ai démontrée par mon existence. Je n'ai pas peur de ne pas exister car même mon corps n'y peut rien, la conscience survie quoi que je fasse. Le suicide ne change rien, l'esprit revient pour apprendre est corriger les erreurs de sa croissance. Inutile de lutter contre le destin de l'univers. Vivre est un message pour soi, pour faire grandir la connaissance de l'âme sur son histoire. Inutile de résister, la vie n'en sera que plus facile.
J'ai perdu la foi, je ne crois plus en rien. Je retourne à la cendre d’où je suis venu. C'est pire que tout ce que je croyais, c'est pire que tout ce que j'imaginais. Avant la crise, ma vie était pleine de rêves. Comme un retour du destin la vie m'a simplifié. J'ai dit adieu pour toujours à ce mythique espoir. J'ai dit au revoir aux sentiments pour me réaliser. Le réalisme triomphe maintenant chez moi. Je dévoile sans détours les tréfonds de l'âme humaine, les détours des imperfections invisibles. Je deviens la machine humaine que le destin a voulue. Inutile de lutter, la vérité intérieure triomphe des chimères. J'ai vu des choses que personne ne désire voir en face. J'ai compris la machine humaine avant qu'elle ne me comprenne et me brise.
Le rêve d'horizon s’accomplit en profondeur. Mes pensées sont plates et efficaces. Plus je vieillis et plus je me simplifie. Je souffre de platitude, je deviens rectiligne. Etiré sur plusieurs dimensions, j'explore l'univers de l’intérieur et de l’extérieur. Grandeur et décadence tel est la loi qui s'organise du grand arrangement cosmique.
J'ai vu des univers exploser comme des bulles de savon et d'autres se contorsionner dans mille dimensions.
J'ai vu des êtres renaître des centaines de fois pour en apprendre assez et quitter cet univers.
J'en ai vu d'autres refusant de corriger les erreurs et nier les appels à la progression spirituelle se condamner eux-mêmes aux enfers terrestres et aux purgatoires de la réincarnation.
J'ai vu des civilisations se congeler par excès d’autosatisfaction et d'autres se détruire par excès d’égoïsme.
Je suis l'animal humain que j'ai toujours rêvé d'être. Je suis l'animal qui soulève ses idées pour en découvrir l'origine sacrée. L'animal qui recherche l'origine de l'information, la genèse de TOUT CE QUI EST et du NEANT. J'ai lutté toute ma vie pour me cacher tout ce que je savais. J'ai lutté pour oublier toute ma connaissance. J’ai lutté en vain, il est impossible d'effacer de ma conscience ce qui est à son origine, l’œil qui s'observe ne peut oublier son regard contemplatif. J'ai découvert les secrets de l'univers et je le regrette. J'aimerais oublier mais tous mes efforts n'ont fait qu’améliorer ma connaissance. Ma pensée est prise dans une topologie sans fin, je marche sur l’unique face d’un ruban de moebius.
Je suis immortel, je renais de mes cendres encore une fois pour accomplir un destin plus que personnel. Vais-je donc me sacrifier pour accomplir ma vie? Le mystère reste entier, le sacrifice continue. J’œuvre pour la grandeur du cosmos en dévouant ma vie ainsi. Les animaux conscients sont des dieux en miniatures perpétuant sans cesse des mondes subjectifs. Je me découvre accomplissant ce prodigieux exploit. Elle est terrible la sagesse quand elle n'apporte aucun profit au sage.
Je lutte pour la survie de mon humanité en sachant que l’expérience restera à jamais indicible. Je ne souffre plus depuis que l'univers et ses dimensions m'ont enseigné la sagesse, il faut apprendre à être heureux dans la solitude. C'est le sort d'une conscience qui se contemple sans détours, c’est le moment permettant de sentir la propre solitude de TOUT CE QUI EST. J'ai appris à être heureux dans la contemplation de ma propre existence. J'ai vécu de nombreuses vies à étudier ce qu'il était possible de faire avec la vie. J'ai plus appris dans la pratique de la survie que dans l’étude abstraite de la réalité. Le message est clair, seule l’expérience de la vie compte pour l'âme humaine. Il faut donc utiliser ses compétences pour répondre aux provocations extérieures, la contrainte étant une stimulation pour l’évolution, il faut sans cesse changer car c'est la pensée en mouvement qui est la source de toute connaissance.
Je parle ici à visage découvert, j'ai vu des choses que je ne peux décrire. Il faut découvrir par soi-même, c'est la seule solution raisonnable. La connaissance ne se transmet pas, elle se vit dans la chair qui progresse dans l'accomplissement d'une tache qui la dépasse. La voie du perfectionnement est pavée par le travail rigoureux d'une discipline de survie et par l’analyse de ces énormes quantités d'information qui se déversent à chaque instant à travers nos sens internes et externes.
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