Tu fais de la peine à voir lorsque tu trébuches dans l’obscurité et que tu tâtonnes, les mains dans le vide à la recherche d’une lumière pour éclairer tes pas vers l’inconnu. Tu réclames maintenant des préceptes qui pourraient t’aider dans tes actions lorsque dans les ténèbres tu es en prise avec le doute.
A mon sens tu espères vivre le doute du doute pour te rassurer dans tes convictions alors que tu pourrais faire autrement ; quand il y a un doute c’est qu’il n’y a pas de doute, l’incertitude est le commencement d’une vérité, tout savoir repose sur des bases fragiles. Ce constat t’amènera vers une cascade de relations qui te feront voir à l’intérieur de toi-même avant de rechercher une solution extérieure.
Ta situation personnelle n'est pas propice à la réceptivité, difficile de satisfaire tes prétentions sans bouleverser ton mode de vie. Augmenter les signifiants, atténuer le bruit, maintenir l'intensité de la transmission, avec des moyens d'action et des résultats variables selon les destinataires. Tout cela tu l'as déjà expérimenté mais tu en veux toujours plus. Tu souhaites te rapprocher du centre pour distinguer cette part des mystères et des secrets qui t'obsèdent.
Cette demande ne peux pas être satisfaite, pour des raisons de cohérence dans tes croyances actuelles, tout changement brusque du fil des révélations serait nuisible à ton équilibre mental. Expliquer cela en détail serait à la fois obscur et nébuleux. Un tel effort d'interprétation affecterait tout ton être et te découragerait à poursuivre. Tu peines à le concevoir mais tu restes limité par les théories et les simulacres que tu manipules, tes langages formels sont impuissants à décrire clairement les paradoxes des réalités intriquées dans d’autres réalités.
Tous ces faisceaux d'instabilités et de péripéties dans la synchronisation de nos environnements respectifs ne me permettent pas d'échanger sereinement avec toi. Tu es pris dans une telle conjoncture qu'il m'est impossible d'éclaircir la complexité qui t’accable. Rien de ce que je peux dire ne te sera utile à moins que tu espères quelques réconforts ou une écoute dans nouveau genre.
Il te reste un jeu interactif où des langages informels serviront à véhiculer des choses insolites qui te sembleront sensées mais qui resteront incomplètes et indécidables. Loin de te donner une image complète pour t'orienter, ma description sera une incitation à l'action plutôt qu’une démonstration étayée, et ma réponse une suite de pensées verbalisées pour te remettre en face de tes choix.
***
Tu pourrais sortir de ton trou par tes propres moyens mais tu reproduis les mêmes incongruences. Tu te désarticules comme un pantin pour revenir à ton point de départ comme si l'observation répétée de tes échecs pouvait t'ouvrir les yeux sur ton incapacité à changer.
Tu t'encombres d'illusions à tel point que tu en deviens captif, soumis aux contraintes d'une subsistance dans un lieu infâme, sous l'influence de représentations puériles, au ras du sol, lové dans une cavité qui t'éloigne d'une réalité qui dépasse l'imagination.
Tu sais très bien que les représentations du réel ne sont qu'un artifice, y compris celles qui tentent d'expliquer comment les apparences sont trompeuses. Les perceptions ne supportent pas la totalité, l'observation du monde et la conscience de soi ne font qu'effleurer la surface des choses.
Tu te tourmentes sur l'utilité et la finalité mais est-ce vraiment la bonne interrogation ? Regarde au-delà du réel et contemple cet horizon hors du temps, c'est l'espace des événements non réalisés.
Tu as peut-être oublié que tu avais le choix, cette possibilité d'un changement à l'intérieur d'autres systèmes intégrés de contrôle et de cognition. Ce n'est pas une liberté que l'on t'impose mais celle qui te permettra de sortir du gouffre dans lequel tu es tombé et où les autres malheureux se complaisent.
L'observateur se regarde dans ce qu'il perçoit, séparé de lui-même par le filtre de sa propre incarnation. Tu te le répètes cela sans cesse mais cela ne t'aide pas, alors tu t'isoles dans le marasme des foules, piégé dans l'illusion de l'illusion à propos de la réalité de la réalité. Tu essayes de te réveiller mais n'y parvenant pas, tu t'enfonces encore plus dans ces cauchemars collectifs.
Pourquoi faire valoir l'opinion des autres alors que tu es libre d'expérimenter en toute sécurité ce qui surpasse ton entendement ? Penses-tu vraiment que ce sont les autres qui vont le vivre à ta place ? Pourquoi perds-tu ton temps dans un environnement malsain, au contact de la frénésie des pourfendeurs du réel et les délires des traqueurs de mystères ?
Pose-toi les bonnes questions. Comment ont-ils pu en arriver là ? Pourquoi parlent-ils sans arrêt de ce qui pourrait être sans avoir une connaissance des potentialités non réalisées, sans avoir d'encrage avec le réel, sans faire la distinction des phénomènes, sans études comparées et sans mise en pratique ?
Rien ne sert de courir pour rattraper son ombre, il y a tant de possibilités latentes dans les autres univers où se déploient l’esprit et la matière de l’esprit. Il y a un enseignement à considérer dans cet effort de différenciation entre la part de l’ombre et la part du vivant, ne pas s’en rendre compte serait bien dommage.
***
A toute chose utile dans la construction de ta réalité personnelle, il te serait profitable que tu sortes de cette boucle de rêveries qui ne mènent qu'à d'autres chimères. Il faudrait que tu reviennes vers un autre point de départ pour ne pas te perdre dans le labyrinthe reconstitué des protocoles et des énigmes. Il te faut un ancrage, une recherche de la preuve concrète, un moyen pour justifier tes efforts, une tentative pour éviter l’aliénation provoquée par ta propre impuissance.
Apprendre de soi pour travailler sur soi, discerner les problèmes insolubles et s’ouvrir à d’autres altérités. C’est ce passage nécessaire vers un savoir être qui dépasse les déclinaisons du langage et fait la synthèse des phénomènes à clarifier. Avant la fin de cette prise de conscience radicale tu savais que l’erreur était de prendre tes désirs pour la réalité. Tu ne pouvais plus ignorer que tes circonvolutions aboutissaient à des jeux sur les apparences et à d'autres preuves d'aveuglement.
Il va te falloir autant de temps pour te libérer de ce conditionnement que de temps perdu dans l'antre de ce dérèglement collectif. Tu as besoin de te retrouver et de dépasser les contradictions d’une vie enveloppée par la noirceur.
Tout le monde délire sur le monde, c'est dans la nature humaine d'exprimer ses émotions et ses ambitions pour ramener l'impensable dans le creux d'une main. C'est même utile si l'on souhaite construire des perspectives tout en marchant dans l'obscurité des avenirs incertains, mais ce n'est pas suffisant pour influer sur les catastrophes à venir. On ne peut pas se contenter de spéculations pour se réaliser pleinement, à moins de vivre comme un vermisseau qui se contorsionne à la surface des choses de peur de se noyer dans ses propres larmes.
Tu tentes désespérément de sortir de ton trou comme si tu étais enfermé dans une prison. Tu cherches à t'évader alors que tu as toi-même construit la cage qui t'enferme. Avant de faire la part des choses dans une visée pratique, aide toi à t'en sortir en étant dans plusieurs univers, celui que l'on touche et celui que l'on ressent.
C'est être à la limite des perceptions, pour ajuster ses facultés sensorielles internes et externes dans un investissement quotidien, pour cerner les limites de ses connaissances et de son conditionnement dans le jeu de la vie, pour explorer le réel et se redécouvrir autrement.
Pour toute action concrète qui te sort du marasme, un autre effort pour maîtriser ses capacités selon des prescriptions justes et viables. Cela s’apparente à syntoniser ce qui relève des pensées, des émotions, et des croyances pour outrepasser tout son être et agir au mieux. Ce sera toujours mieux que de cauchemarder les yeux grands ouverts sur ce que tu pourrais faire.
Ce que tu ressentiras ensuite sera insupportable car totalement incompréhensible. Ce quelque chose de nouveau te paraîtra une horreur indescriptible, et pour que cela soit soutenable, tu la déformeras avec des sarcasmes, de la dérision et de l'ironie. C'est ainsi que tu t'en sortiras, en atténuant la douleur d'une vérité trop difficile à vivre. En abandonnant une part de toi qui se nourrit d'illusion, tu découvriras une autre part qui s'acclimatera à cette nouvelle réalité en ne la prenant pas trop au sérieux.
Le cheminement qui t'attend n'est fait que de contraintes et de défaites probables. C'est pour cela qu'il faut que tu fasses cet effort de survie même si tu es submergé de toute part, submergé par le flot des perceptions intenses et aspiré par toutes sortes de tourbillons inconnus. Il te faudra garder la tête hors de l'eau pour affronter ce qui vient, il sera toujours temps ensuite d'apprendre à rester à flot pour détourner et contrôler l’oppression dans un environnement hostile.
Ce sera un cycle d'apprentissage pour revoir les bases et les acquis. Rien n'est tout à fait certain, ce qui est éprouvé ne sera jamais suffisant. Au lieu de regarder ce qu'il te reste à faire, recommence ton cheminement depuis le départ et médite sur ce que tu as déjà réalisé.
Tu verras ton corps dans le flot incessant des sollicitations et des choix. Tu comprendras que la différence n'est pas l'explication mais la solution. Tu ressentiras que ce n'est pas ton corps qui contient ton âme mais l'inverse. Tu connaitras les limites qui écrasent et les possibilités qui libèrent.
Tu parviendras, à contenir l'adversité pour agir au mieux selon tes moyens, à rester libre de tes mouvements pour perfectionner ton jeu, à anticiper les choix pour enrichir tes prévisions, à agir selon les observations pour remettre en question tes propres certitudes.
Le monde que tu souhaites connaître est éprouvant, tu penseras avoir le choix entre vivre et survivre, c’est là une erreur d'appréciation ordinaire. Là-bas, ce n'est pas un monde familier que tu peux apprivoiser mais un monde inhumain et non ordinaire. En réalité ton dilemme sera plus intense, tu verras ton univers personnel osciller entre la survie et l'abandon.
Ici tu peux encore vivre en toute simplicité, ici tu peux méditer et prendre ton temps. Là-bas la survie est un état permanent, un effort quotidien. L'abandon y est périlleux car on ne peut pas tout simplement vivre à moins de tout quitter et rejoindre un monde plus ordinaire. Si tu échoues recommence autrement, si tu échoues encore retourne sur tes pas et déroule le fil.
Le temps de l'action, tu sauteras par-dessus les obstacles, la distance à parcourir importe peu. Jour après jour le souvenir de tes petites victoires sur toi-même te fera voir ta progression comme une odyssée improbable mais possible. Ton adaptation achevée, tu exploreras ensuite d'autres environnements hostiles.
Dans l'affliction et la tourmente il t'arrivera de rechercher de l'aide. A ce moments-là n'attend rien en retour de tes instructeurs, cet éloignement de notre part est une distance nécessaire. Pour aider quelqu'un à surmonter l'impossible, il faut parfois lui être étranger.
Là-bas, tu rencontreras des humains et des plus qu'humains, dans le flot ininterrompu des sollicitations de communautés autorégulées et de cohortes constituées. Nous observerons d'en haut et de l'extérieur, tandis que toi tu feras la preuve de ton intégration pour une évaluation interne des différentes dimensions de la conscience collective.
Ce qui t'attend c'est la survie ou l'abandon. Tu ne devras compter que sur toi-même, le reste viendra en son temps.
story without words in the macrocosm of Dark City
histoire sans paroles dans le macrocosme d'une Ville Sombre
où l'écoulement du temps se fait en compte à rebours avant minuit
Alice recherche quelqu'un qui a disparu dans le noir, il est arrivé quelque chose de grave
elle demande de l'aide à un expert en âme humaine
un spécialiste des sentiers tortueux de la psyché et des labyrinthes de la conscience
il étudie sur différentes échelles la manipulation du champ mental et l'altération des perceptions
il en sait plus qu'il ne le dit sur l'origine du mystère et sur la disparition
son travail repose sur l'expérimentation et l'application pratique
il indique à Alice que le chemin vers la vérité se fait de la périphérie vers le centre
et dans l'autre sens du microcosme vers le macrocosme
pendant ce temps l'homme disparu regarde sa main, il a perdu la mémoire, il essaye de se raccrocher à un souvenir
il constate que ses empreintes sont anormales, il n'est plus vraiment humain
captif de cette Ville Sombre devenu pour lui un piège pour la raison
il est recherché pour un crime qu'il n'a pas commis, il est traqué de toute part
ce fugitif n'a plus de destin, il se cache des humains et des observateurs étrangers
il observe le monde avec de nouveaux yeux
il se défend comme il peut pour contrecarrer les interventions surnaturelles
il lui arrive de fendre les cranes des étrangers pour révéler une nature tentaculaire
personne ne sait vraiment qui sont ces étranges observateurs manipulateurs
il y a pourtant des humains en quête de vérité qui s'interrogent sur la nature de la réalité
certains doutent et hésitent à conclure, ils s'interrogent et questionnent autour d'eux
tandis que d'autres sont exaltés par les révélations
ils pointent du doigt le mystère qui les accable, ils sont devenus fous
ils savent qu'ils ne peuvent convaincre personne sur cette vérité impossible à croire
l'expert en psyché humaine est un passe muraille, c'est le maître des clés
il vit dans plusieurs univers à la fois et connait tous les secrets inavouables
les étrangers sont tous différents, avec une fonction et une unité organique distincte
ils se regroupent par centre locomoteur et se focalisent sur le temps
pour eux le temps est à la fois une perception quantifiable, une interaction altérable et une matière sécable
loin de l'idéalisme et du formalisme abscons, ils maitrisent le soubassement du réel
ce sont des êtres tentaculaires qui défient la raison
pourtant eux aussi sont soumis aux mystères de l'âme et du vivant
ils implantent et manipulent des cobayes humains
ils creusent les circonvolutions des prochaines expérimentations
avec des dispositifs rustiques qui imitent le vivant
comme une mouche qui bourdonne avant de pondre dans les cranes
le fugitif découvre les coulisses de cette mise en scène
l'inoculation d'une pensée étrangère dans l'esprit d'un hôte
le fugitif à bouleversé les repères, il improvise et perturbe la pièce de théâtre
la mise en scène ne peut pas continuer sans un ajustement profond
un membre étranger doit se faire passer pour un humain pour équilibrer le jeu d'acteur
car si le fugitif peut faire aussi bien que les étrangers, il faut prouver l'inverse
monsieur Main tente cette expérience asymétrique, un étranger peut faire aussi mal qu'un humain
on ne peut pas faire plier la nature selon ses désirs mais on peut infléchir la conscience dans la nature
le fugitif utilise la colorimétrie comme base psychophysique pour sortir du labyrinthe
le macrocosme a aussi ses points de repères pour relier les secteurs et les personnes
la course continue avec une nouvelle mise en scène
ils sont peu à être conscients de la variabilité des décors et des scenarios
le fugitif grimpe vers les sommets pour échapper à cette fatalité
la pièce de théâtre se transforme de nouveau sous ses yeux
il saute comme un lapin de toit en toit mais finira par être pris au piège
la machinerie symbiotique ajuste les valeurs pour recréer un environnement viable
le microcosme est assujetti à de nouvelles règles d'observation et d'expérimentation
monsieur Œil analyse l'empreinte biologique du fugitif capturé
la preuve d'une évolution par mutation dirigée vers le plus qu'humain
une découverte déconcertante pour les étrangers
le champ d'expérimentation s'en trouve élargi
ce cobaye humain est plus qu'un fugitif
il devient par sa nature profonde un nouveau membre actif de l'étrange comédie
il doit pourtant être implanté pour satisfaire aux exigences de la communauté marionnettiste
on ordonne au maitre des clés de collaborer à cette manipulation
l'implant passe de main en main mais il est subtilisé et remplacé par un autre
le cobaye sera délivré par l'intervention du maitre des clés
pour aboutir à la confrontation entre la marionnette et les marionnettistes
cette réfutation de la phénoménologie empirique et de l'idéalisme des étrangers
la dialectique des contradictions dans une manifestation de la conscience humaine
au-delà du mental c'est l'âme interconnectée avec la conscience collective qui répond
cette histoire n'a pas de fin tant elle joue sur l'emboitement des simulacres et des artifices
c'est donc une histoire à suivre selon des protocoles d'interaction et des énigmes à résoudre
car la réalité n'est pas contenue dans un film de cinéma même si l'inverse reste vrai
Dark City : syntonisation