Contretemps narratif intemporel


STARMAN : Observe le attentivement… Il recommence à improviser… Il s'écarte encore du scénario et prend le risque de supporter une réaction adverse de la part de congénères qui ne conçoivent pas la narration à contretemps. Cela génère chez eux des émotions vives et contradictoires, avec une difficulté à organiser dans le temps une représentation compréhensibles des évènements.

K-PAX : Cette chaîne de causalités et de synchronicités peut avoir un effet délétère si elle n’est pas correctement réorganisée par une observation des phénomènes. La tension nerveuse et l’angoissante perception d’une réalité qui échappe à la raison conduit inexorablement cette population à vivre des états de panique. Si nous pouvions observer des ajustements systémiques pour l'amortissement des réactions émotionnelles intenses, cela serait plus intéressant pour notre étude.

STARMAN : Nous avons étudié tellement de comportements collectifs que nous n'avions plus rien à apprendre de ces égarements instinctifs et irrationnels. Évidemment notre mandataire a beaucoup de difficultés lors des interactions, il semble y avoir une légère acception de la part d’un échantillon même si le reste de la population ne répond pas à nos attentes. Nous avons quelques réponses positives malgré cette rediffusion d’une information hors temps pour d’autres réalités non réalisées.

K-PAX : Je vois qu'il est suivi par des observateurs qui font des efforts d'analyse, et de loin par une foule inquiète qui ne sait plus quoi penser et quoi faire.

STARMAN : Les observateurs qui veulent résoudre le développement narratif peuvent connaître un trouble cognitif et une incapacité à communiquer sur cette perception inhabituelle. Cela produira inévitablement de nouveaux psychodrames avec des seuils de vulnérabilité après la décompensation.

K-PAX : On voit là encore cette incapacité d’ouverture à l’inconnu et pourquoi notre mandataire s’éloigne du référentiel canonique. Il le fait pour élaborer un scénario de rupture sur les fondamentaux. Il anticipe une mise en abyme avec une narration qui se déploie dans les diverses perceptions du temps personnel.

STARMAN : J’y vois là plutôt une autre stratégie pour nous faire patienter. Il redémarre un nouveau cycle en espérant refermer les boucles temporelles.

K-PAX : C'est du moins ce qu'il espère, au vu de l’augmentation du désordre à venir, je ne pense pas que ses congénères lui laissent la possibilité de terminer ce projet sans qu’il fasse une mise au point sur la nécessaire résolution des dissonances. D’autant plus que la rétro propagation de cette prise de conscience, par l’intégration d’un scénario plus complexe et éprouvant, pourrait endommager tout le réseau interactionnel.

STARMAN : Je pense qu’on devrait le laisser faire, il a un point de vue qui n'est partagé ni par nous, ni par ses congénères. Son point de vue reste en marge de nos propres prévisions.

K-PAX : J’ai un doute. Si on le laisse faire, il va provoquer une réaction en chaîne et assumer une forte tension émotionnelle, ce qui l'amènera inévitablement à reprendre une activé avec nous.

STARMAN : Le genre humain est surprenant, ce mandataire ne voulait plus avoir affaire avec nous et voilà que ce sont ses propres congénères qui l’ont motivé à reprendre la continuité du scénario.

K-PAX : S'il n'y avait pas eu autant de stupidité humaine, je crois que nous l'aurions perdu. C'est le paradoxe de nos interventions, nous l'avons indirectement réactivé par nos interférences.

STARMAN : Ce n'est pas fini, il y a encore beaucoup à faire. Va-t-il réussir à surmonter ce défi par son immersion dans un terrain plus difficile ? S'il se met en péril en participant à la prochaine étape, il y a encore ce risque de le perdre.

K-PAX : Ses motivations nous échappent, nous ne pouvons pas le canaliser et encore moins le contrôler sans qu’il perdre sa capacité d’action. C’est en pleine autonomie qu’il pourra nous surprendre. Je pense que tout ce que nous pourrons lui dire ne pourra pas le motiver autant que son implication dans la résolution de quelques tourmentes humaines.

STARMAN : Cela risque d'être un inconvénient pour nous. S'il se dissocie de notre plan initial pour des projets alternatifs, ce sera au détriment des autres intervenants sur le terrain.

K-PAX : Le taux d'échec avec la relève est encore plus élevé. Nous avons besoin de poursuivre avec lui jusqu'à ce que l'on reprenne le contact.

STARMAN : Je pense qu'il ne va pas apprécier ce qu'on attend de lui.

K-PAX : Il n'a pas besoin de le savoir, d'ailleurs il fait en sorte de ralentir les nouvelles acquisitions.

STARMAN : S'il nous échappe encore, nous pouvons toujours réactiver des marionnettes pour l'aider à suivre le protocole.

K-PAX : Si nous faisons cela, comme on peut s’y attendre, il fera un scandale et nous signifiera sa forte désapprobation.

STARMAN : A chacun selon ses compétences, c'est notre rôle de le motiver pour faire respecter les différentes étapes du scénario, même s'il a du mal à gérer les contraintes temporelles.

K-PAX : S'il s'en sort, on le récupère pour une prochaine mission.

STARMAN : Et s'il ne s'en sort pas ? Est-ce que l’on clôture le scénario ? A moins bien entendu qu'il n'ait mis en place un plan de continuité par une pédagogie spécifique et le recrutement de nouveaux talents.

K-PAX : C’est encore trop tôt, le recrutement peine, et les nouveaux talents sont en proie à des crises existentielles. En attendant cette résolution, il y a d'autres ressources disponibles pour l'assister en cas de difficultés insurmontables.

STARMAN : Nous pouvons aussi reprendre la main pour faire des interventions et des démonstrations remarquables.

K-PAX : Les différents scénarios sont déjà en cours d’étude et de finalisation, en toute probabilité il vaut mieux attendre pour observer ce qui émerge de tout ça.

STARMAN : Le temps est un luxe que l'on peut s'offrir, mais pour les humains il en va autrement.

K-PAX : C’est une réalité incontestable. Ces humains ont une vie si courte, ils passent du temps à le perdre, et ils finissent par se battre pour en avoir un peu plus vers la fin.



Mais que sont-ils en train de faire ces deux là-haut ? Au-delà de l’infini, ce n’est pas concevable de voir ça ! C’est mon histoire et je n’ai pas besoin de nouvelles interférences !

Je regarde à peine vers le futur que ces deux-là rappliquent vers le passé, et je ne vous raconte pas ce qu’il se passe derrière mon dos pendant que je retourne dans le temps.

Ce sont là de nouvelles histoires pour rester éveillé les yeux ouverts grands fermés. Je ne peux pas en parler ou je ne peux pas le dire ? Ou bien alors, ce qui est utile à beaucoup l’emporte sur les désirs d’un petit nombre ou d’un seul. Beaucoup ne peuvent pas l’entendre ou ne sont pas prêt à l’accepter.

Il y a tout de même quelques exceptions, où le salut d’un seul être est aussi important que celui de plusieurs. À l’heure de midi, jusqu’à minuit, on n’est plus à une minute près. Vous n’avez qu’à poser la question à Cassandre qui jacasse avec Alice. Nous ne sommes pas des Homme-Minute même si le compte est bon.

Je me demande si je peux refermer cette boucle temporelle avec les 12 singes. Ne vous inquiétez pas, il en viendra d’autres. Il reste tant de périples à surmonter et de montagnes à gravir, des défaillances probables et des épreuves plus périlleuses à résoudre, cependant personne n’est à l’abri de subir des dommages collatéraux, de supporter une chute ou de s’effondrer au fond d’un ravin.

Ouvrez les yeux, on ne sait jamais après tout, le ciel peut attendre ou nous tomber sur la tête.