La pilule rouge ou bleu, l'illusion du choix dans la Matrice


"Morpheus : Je suppose que pour l'instant tu te sens un peu comme Alice, tombée dans le terrier du lapin blanc."

Si vous êtes perdu, voici quelques éléments pour comprendre la Matrice :


Une mère rend visite à son enfant et lui offre deux cravates, une bleue et une rouge. À la visite suivante, l’enfant se présente avec la cravate rouge. La mère lui dit : « tu n’aimes pas la cravate bleue » ?
À la visite suivante, l’enfant se présente avec la cravate bleue. La mère lui dit : « tu n’aimes pas la cravate rouge » ?
À la visite suivante encore, l’enfant se présente avec les cravates bleue et rouge à la fois au cou et sa mère lui dit : « Ce n’est pas étonnant que tu sois placé en pédopsychiatrie » !


Double contrainte, injonction paradoxale, les deux à la fois ou plus encore ?

double contrainte (d'après wikipédia) : Une double contrainte désigne l'ensemble de deux injonctions qui s'opposent mutuellement, augmentées d'une troisième contrainte qui empêche l'individu de sortir de cette situation. En termes de logique, elle exprime l'impossibilité que peut engendrer une situation où le paradoxe est imposé et maintenu. Ce schéma peut être identifié dans des domaines comme l'éthologie, l'anthropologie, la situation de travail ou la communication internationale. On le présente au niveau des relations humaines comme un ensemble de deux ordres, explicites ou implicites, intimés à quelqu'un qui ne peut en satisfaire un sans violer l'autre ; comme les obligations conjointes de faire et ne pas faire une même chose. Gregory Bateson l'exprime ainsi : « vous êtes damné si vous le faites, et vous êtes damné si vous ne le faites pas ». Une retranscription proposée est : Si tu ne fais pas A, tu ne (survivras pas, ne seras pas en sécurité, n'auras pas de plaisir, etc.) Mais si tu fais A, tu ne (survivras pas, ne seras pas en sécurité, n'auras pas de plaisir, etc.). La double contrainte exprime donc le fait d'être acculé à une situation impossible, où sortir de cette situation est également impossible.

injonction paradoxale : La double contrainte existe seulement dans une relation d’autorité qui ordonne un choix impossible et qui interdit tout commentaire sur l’absurdité de la situation. Dans une situation d’indécidabilité, le dilemme est une nécessité de choisir (Comme dans le Cid de Corneille où les aléa de la vie place le héros face à un choix difficile), tandis que l’injonction paradoxale est une obligation (un ordre) de choisir.../...Dans les injonctions paradoxales, il y a toujours une possibilité de commenter sur l’absurdité, comme appuyer en même temps sur deux touches d’ordinateur, un pour commander la marche et l’autre l’arrêt. L’ordinateur peut afficher « erreur de syntaxe ». Alors que dans la double contrainte, il y a une troisième injonction qui interdit le non-choix et tout commentaire sur l’absurdité de la situation.../...Les injonctions paradoxales et les doubles contraintes sont des phénomènes assez courants et dépassent le cadre individuel du comportement humain pour entrer dans le comportement économique et social, des individus aux nations. Les totalitarismes sécrètent quantité de doubles contraintes qui sont hors de notre propos. Il suffit d’évoquer, pour couvrir le sujet, que les dictatures imposent toujours des injonctions paradoxales du type de « sois spontané(e) » où il ne suffit pas assez de supporter ou de tolérer cette dictature, mais encore il faut la vouloir.


Essayer d'échapper à la matrice c'est comme vivre un détournement de la transe. On sait comment cela commence, par une difficile renaissance, mais jamais comment cela s'arrête, peut être par un long rêve utopique ou par un cauchemar distopique. Et c'est toujours le même problème qui se pose : ce n'est pas de savoir combien d'humains survivront dans le système mais quel sera le genre d'existence de ceux qui survivront. Alors crois tu vraiment que suivre un lapin blanc ou avaler une pilule peuvent te sortir de cela ? Le piège est plus cruel, c'est celui des limites que l'on fixe à la réalité, alors que c'est cette même réalité qui nous dépasse et qui nous fixe des limites que l'on cherche continuellement à dépasser.