Une contribution en forme de témoignage ( reçu en avril 2002). Un exemple de " dérive " de la recherche scientifique dans le secteur médical. Un article écrit et envoyé par un docteur spécialiste en épidémiologie. Lire également du même auteur "Les perversions de la science sur papier glacé" et les annexe 1 et 2 (voir liens en bas de page)

« Les Perversités de la Communauté »


Je donne ici mon témoignage, mon expérience des contraintes et de certaines malhonnêtetés dans le monde de la publication scientifique médicale. Je ne généralise pas à l’ensemble de la communauté scientifique mais souligne une malversation répandue dont on ne débat que difficilement tant elle paraît scandaleuse et compromettante pour tous les partis en présence.

Durant ma formation et lors de la rédaction de ma thèse, j’ai eu à faire avec les pressions de ma hiérarchie qui manifestait un intérêt pour mes activités de recherche. J’ai du m’imposer pour défendre ma position d’auteur principal lors d’une publication scientifique afin de remettre à sa juste place le travail de chacun. Mon directeur de thèse avait quelques réticences car dès les débuts il pensait tirer avantage de cette publication pour se faire valoir. A la fin on a trouvé un accord de principe après quelques discussions soutenues, j’ai conservé ma position d’auteur principal, mon directeur étant correcteur et coauteur.

Cette expérience qui semble anecdotique est plus répandue qu’on ne le croit. J’ai pris connaissance dans mon entourage et part des collègues de pratiques analogues et parfois beaucoup plus grave pour l’étudiant thésard. Par exemple, un directeur de thèse qui a l’intention de répercuter un travail de l’un de ses étudiants dans une publication qu’il prépare sans le consulter et sans le citer, ce qui est là un signe flagrant de pillage intellectuel.

Il faut prendre ses précautions et se défendre avec ses moyens, malheureusement certains ne peuvent pas lutter à armes égales avec la hiérarchie professorale. Il vaut mieux prendre ses dispositions et connaître les «us et coutumes» avant de tomber des nues et subir cette forme de cannibalisme.

La hiérarchie déjà réelle dans la communauté scientifique se poursuit sur les articles destinés aux journaux. La règle doit être la suivante : La première personne à être citée en premier dans l’énumération des noms est celle qui a rédigé l’article. Les suivants sont hiérarchisés selon leur «grade» en finissant par la personne supposée la moins importante dans la réalisation de l’article. la raison en est qu’à la lecture de l’article, le lecteur retienne le premier nom d’une liste parfois longue. De plus, à l’heure des bases de données d’Internet le premier nom sert de référentiel dans le site. Enfin, cette première place est un podium dans le sens où les scientifiques quant ils citent des articles abrègent souvent les noms en gardant, forcément, le premier (exemple : l’étude d’Antéac et al). Voir l'exemple en annexe 2.

Le futur chercheur qui vise à faire connaître ses idées doit concilier des contraintes venant de sa hiérarchie et de sa discipline scientifique, contraintes parfois contradictoires. Il devra à la fois être honnête, intègre et se battre pour défendre ses idées, son identité, ses valeurs au sein de sa communauté.

Voilà pourquoi j’ai l’impression que la course à la renommée peut être parfois longue pour un scientifique sincère.

Dr Antéac.