L'article qui suit a été composé en différentes versions. Je donne ici la version no 1, la plus accessible pour le grand public. Il est probable qu'une nouvelle version vienne approfondir ou clarifier certaines parties. Le but de ce document étant d'être à la fois un travail de synthèse et de vulgarisation.

 
Ethnométhodologie radicale et redéfinition des concepts, ouverture, intégration et transdisciplinarité. Définitions, champ d'étude et applications.
(version no 1). Mel Vadeker (1997)

Abréviations :
EM pour designer le mot ethnométhodologie radicale ou courant ethnométhodologie radical.

Un lexique sur les termes difficile et en cours.

SOMMAIRE :
- AVANT PROPOS
- INTRODUCTION ET CONTEXTE DE PRODUCTION DE CE DOCUMENT
- QU'EST CE QUE L'EM
- CE QUE L'EM N'EST PAS
- CE QUE L'EM PERMET DE FAIRE
- LES DIFFICULTES ET LES PIEGES A EVITER EN EM
- RECHERCHES CONVERGENTES, CHAMP D'ETUDE ET APPLICATIONS POSSIBLES
- LISTE DES AXIOMES ET DES CONCEPTS, 3 NOUVEAUX CONCEPTS INTRODUITS
- CONCLUSION
 

AVANT PROPOS :

Ce document et les chapitres qui le composent ont pour objectif de satisfaire 3 contraintes qui peuvent
paraître difficiles et contradictoires :
- Etre accessible aux profanes comme introduction à ethnométhodologie mais également dans la forme avoir une
lecture possible pour les experts. Et par-là redéfinir l'em. Cet exercice de reformulation étant un sujet de recherche ouvert et permanent en raison du principe ethnométhodologie de post-analycité.
- Parler d'un sujet qui étudie justement la manière de construire le raisonnement, c'est forcement se retrouver paradoxalement en face de ce que l'on est en train d'expliquer. En écrivant ce document, j'utilise des procédures, fait des choix, construis un raisonnement pour finalement parler de l'art et la manière d'expliquer une science qui étudie le sens commun et les façons de construire un raisonnement.
- Pour écrire ce document j'utilise les axiomes de l'em, je donne donc une vision de l'em en utilisant les principes de l'em. Je ne peux pas y échapper, c'est une auto-référence qui n'est pas gênante car elle reste cantonnée à une description locale. Il pourrait y avoir paradoxe et contradiction dans le cas ou je chercherais un construire une représentation définitive universelle et par-là qui se veuille objective de l'em. Tache impossible à faire et qui est parfaitement démontrable.
 

INTRODUTION ET CONTEXTE DE PRODUCTION DE CE DOCUMENT :

- Les explications que je donne ci-dessous ne sont donc pas définitives, dans leur forme, on peut toujours les enrichir par de nouvelles découvertes ou formulation.
- Dans un sens elles se veulent le reflet de ma compétence et de mon expérience, je suis donc responsable de ce qui suit et ne peut en faire une formulation dogmatique car je serais en contradiction avec un autre principe de ethnométhodologie celui du refus du raisonnement par induction ayant une ambition d'explication universelle.
- Je modère donc la portée de ces textes en leur conférant une portée explicative locale, c'est à dire étant le reflet de mon point de vue sur cette discipline.
 

QU'EST CE QUE L'EM ?

C'est la science des ethnométhodes, une ethnométhode pouvant se définir comme une rationalité d'une personne, d'un groupe social, d'un groupe culturel, d'une discipline, d'un individu ; cette rationalité est locale et fonctionne au sein d'une ethnie, ou d'une communauté. En termes plus précis, une ethnométhode est un objet abstrait ou sociologique qui contient une méthode, son contexte d’élaboration, l'intention et rationalité d'intention, en même temps que les enchaînements successifs de son application pratique.

Une ethnie peut être constituée par une seule personne, dans ce cas il s'agit d'une ethnie d'une seule personne porteuse d'une rationalité qui lui est propre.

Une ethnie est également, dans un sens plus courant, un groupe d'individus, de gens partageant une communauté de valeurs, d’intérêts, d'opinions, de lieu de vie ou de travail.

L'em peut aussi être décrite comme la science des rationalités locales, une science qui étudie les logiques locales constituant des rationalités et des raisonnements étudiés localement, les logiques locales étant portées par un individu, un groupe, une ethnie.

Elle repose sur des concepts qui sont formulés dans le langage commun des sciences sociales et humaines ou sur
une axiomatique accessible au plus grand nombre qu'il soit expert ou profane.

On peut donc dire, que l'em peut être décrite par :
- une liste de concepts ( philosophiques et/ou sociologique)
- une liste d'axiomes facilement accessible au profane
- un mélange de concepts et d'axiome se décrivant l'un l'autre
- une redéfinition continue de sa propre théorie, car elle s'applique à elle-même les concepts ou axiomes qu'elle utilise.

Une fois la liste de ces axiomes ou concepts décrits l'em devient compréhensible dans sa portée a étudier les
rationalités locales mais il ne faut pas oublier :
- que la liste des outils que sont les axiomes et les concepts fonctionnent comme un réseau permettant de se définir, de s'appliquer, de fonctionner en même temps.
- les concepts ou axiomes sont liées entre eux et s'influencent perpétuellement
- les concepts ou axiomes décrivent des singularités de sens commun, des points invariants préexistant dans toutes formes de raisonnement et constituant ce que l'on peut appeler le degré zéro de la connaissance. Le sens commun étant cet état d'évidence cognitive, difficilement démontrable car étant la base avec laquelle se construit tout raisonnement.
 

CE QUE L'EM N'EST PAS :

- Ce n'est pas une science normative, elle n'impose aucun comportement, elle propose par contre des outils interdisciplinaires, transdisciplinaire, des outils cognitifs pour comprendre rationnellement des situations difficiles, conflictuelles, irrationnelles, de complexité croissante.
- Elle n'est pas dogmatique dans sa formulation et ses applications, il existera toujours une multiplicité de formulation et ses applications sont potentiellement infinies.
- Ce n'est pas une science du relativisme ou une science qui prône un relativisme cognitif, par exemple qui dit que
tout dépend du point de vue et que chacun fait ce qu'il veut.
 

CE QUE L'EM PERMET DE FAIRE :

- Elle se donne pour objectif de donner une solution à la crise du rationalisme, elle évite les rigidités de la pensée
issue de la tradition platoniste ainsi que les derives du relativisme. Pour cela, elle adopte un logicisme radical qui repose sur une liste de concepts décrivant des singularités de sens commun. Ses singularités étant universelles, elles existent dans toute rationalité locale mais différent de par leur formulation, car chaque rationalité peut en faire une description en utilisant son propre langage. Ce logicisme radical peut etre utilise dans n'importe quelle position cognitive, car elle introduit un doute créatif qui accompagne l'action de la pensée. Position qui peut etre adoptée aussi bien par le sceptique convaincu que par ceux qui défendent des positions controversés. Elle donne ainsi les moyens de construire une lucidité active servant de base pour une dialectique rigoureuse entre rationalité locale différente.
- Elle introduit une rigueur nouvelle dans la discipline dans laquelle on l'utilise dans la mesure ou elle permet de construire une dialectique des contradictions avec d'autres disciplines en permettant la création d'une communication, d’échanges formalisés ou non d'une rationalité à l'autre.
- Les outils qu'elle propose peuvent être perçus comme révolutionnaires car ils permettent de déjouer les pièges de l'ethnocentrisme, du raisonnement par induction qui n'est pas borné par des hypothèses.
- Elle est opératoire et efficace dans la mesure où elle s'appuie sur un principe de doute systématique mais aussi de bienveillance systématique à l’égard de toute rationalités locales, micro-cultures, micro-societés humaines. En les étudiant rigoureusement elle peut en dénoncer les dérives totalitaires, les injustices, défendre des minorités en danger
- Elle définit dans son champ d’étude et ses applications pratique des procédures hyper-rationelles constituant les conditions de l'utilisation d'une charte concrète et souple codifiant les principes d’interdisciplinarité et de transdisciplinarité.
- Les procédures sont hyper-rationelles dans le sens multidimensionnelle du terme, elles sont constituées par le réseau fortement lié où s’influence réciproquement les concepts ou axiomes ethnométhodologiques. Ces procédures incarnent une certaine forme de rationalisme sceptique en direction du champ global de la connaissance, c'est à dire de toutes les disciplines, des savoirs savants ou profanes.
- L'em devient un hyper-rationalisme et permet la construction d'une épistémologie des savoirs profanes et savants. Elle introduit par l’émergence de principes de respects, d'une dialectique des contradictions reposant sur des débats ouverts et rigoureux, une éthique et une morale pouvant constituer une métathéorie de toutes théories. L'em étant pour elle-même sa propre métathéorie.
 
 

LES DIFFICULTES ET LES PIEGES A EVITER FACE A L'EM :

1) Les axiomes ne sont pas dans leur formulation figés ( en raison du concept d'indexicalité). L'em n'étant pas dogmatique par essence et par définition préconise que l'on s'approprie les outils cognitifs qu'elle propose pour les redéfinir dans sa propre rationalité, elle permet ainsi d’éviter l'ethnocentrisme et le dogmatisme dans ses modes de communication et d’échanges sur elle-même et évite l'utilisation rigide et figée de ses axiomes ou concepts. Malheureusement il est possible de voir une formulation de l'em dans une forme figée et définitive par exemple sous une forme absconse ou dans une de langue de bois propre a certaine discipline universitaire. Ce qui n'en facilite pas la compréhension et fait d'elle une science difficile d’accès.

2) Une science qui est à la fois une discipline à part entière et une transdiscipline. Ce qui peut parfois prêter à confusion. C'est une science des rationalités locales ou dans une autre formulation redondante, c'est une rationalité locale qui étudie toutes les rationalités locales y compris elle-même.
- L'em est à la fois une discipline qui apporte un regard et des connaissances sur le monde, elle évolue et véhicule plusieurs courant de pensées et se construit comme n'importe qu'elle discipline scientifique avec l'apport des différentes générations de chercheurs. Il existe donc un débat au sein de cette discipline sur l'usage et la construction de nouveaux axiomes et sur la manière d’étendre son champ d'application et de construire des applications.
- Elle est également une interdiscipline dans le sens où elle permet de construire des interfaces d’échanges entre différentes rationalités pouvant être contradictoires, similaires, opposés.
- Elle permet de construire des études transdisciplinaires avec les outils cognitifs dont elles disposent, outils qui devront préalablement être diffusés dans chacune des disciplines selon les critères de respect et de redéfinition des axiomes avec une dialectique ouverte sur la résolution d’éventuelles difficultés linguistiques et formelles.

3) L'em peut être redéfinit dans chaque discipline à partir des axiomes qui la portent, à partir des connaissances profanes ou savantes de la personne qui l'utilise, elle peut donc se constituer comme une science complète ou en germe selon le degré de compétence de chacun.
- Dans l'histoire de la connaissance et des idées on peut retrouver des pensées ou rationalités proche de l'em. Dans ce cas on peut dire que ces pensées sont compatibles avec les axiomes de l'em (ou l'inverse) et qu'elle partagent un même centre d’intérêts. Il est possible également de trouver une autre formulation à l'aide de concepts portant des noms différents mais parlant dans le fond de la même chose et ayant les mêmes préoccupations.
- Il est possible de rencontrer des ethnométhodologues profanes qui utilisent sans s'en rendre compte les procédures hyper-rationelles. Ils ont une compétence em du fait qu'ils sont dans leur vie personnelle confrontée à gérer des situations sociales, culturelles, interculturelles difficiles en servant d’intermédiaire humain ou ayant vécu dans différentes micro-cultures, institutions, familles, disciplines, professions. Ils utilisent donc naturellement une forme de doute cartésien mais ouvert au débat et respectant les multiplicités de représentation du monde et de modes de vie.

4) Selon le mode d'application l'em propose des outils supplémentaires propre au terrain d’étude (en sociologie, ethnologie, anthropologie) on trouvera des outils études ou d'application spécifique à ces disciplines. Il n'est pas exclu que de nouveau outils se créent en fonction des besoins spécifiques d'autres disciplines pour construire certaines application ethnométhodologiques. Ces nouveaux outils pourront donc servir la recherche et enrichir l'em dans son ensemble.

5) Les applications ou les recherches em sont parfois perçues comme révolutionnaires ou subversives par les autres disciplines qui voient avec un mauvais oeil que l'on puisse faire des études transversales et empiéter dans leur domaine de compétence. L'em dans son étude du champ global de la connaissance depuis plus de 20 ans a fait naître de multiples courant de recherche comportant plusieurs courants radicaux étudiant le fondement même des connaissances des savoirs scientifiques et profanes. En proposant des outils théoriques pour qu'une dialectique des contradictions soient possibles entres disciplines, elle a introduit une éthique, une épistémologie et de nombreux outils qui sont perçu comme révolutionnaires. Au point que cela soit tellement controversé que certaines disciplines font tout pour empêcher que l'on débatte sur le bien fondé de cette démarche de peur de soulever des contradictions internes et des faiblesses épistémologique dans leur propre discipline.
 

RECHERCHES CONVERGENTES,
CHAMP D'ETUDE ET APPLICATION POSSIBLE :

Quelques exemples de champs d'études et/ou d'applications possibles de l'ethnométhodologie radicale :

- logique mathématique, logique non standard, logique multivalente, logique tétravalente
- éthique, théorie de la morale, théorie de la démocratie, sciences politiques
- épistémologie, sociologie des sciences
- sciences des états modifiés de la conscience, phénoménologie de la perception
- sciences sociales et humaines, sociologie, ethnologie, anthropologie, phénoménologie sociale
- informatique, intelligence artificielle, sciences cognitives
- stratégies, renseignement, prospective, veille technologique, enquête
- management, organisation, gestion des ressources humaines, audit
- philosophie, linguistique, sémiotique
- sociologie de la santé, méthodologie de l’épidémiologie
- théories systémiques de la communication, théories de l'information
- psychothérapie systémique, thérapie à temps courts, hypnothérapie
- littérature, cinéma, culture, arts intéractifs
- droit, histoire, économie
- recherches interdisciplinaires, études transdisciplinaires, création d'interface
 
 

LISTE DES AXIOMES ET DES CONCEPTS, 3 NOUVEAUX CONCEPTS INTRODUITS

Les axiomes sont considérés comme des opérateurs qui peuvent être utilisés pour exprimer un système formel (formel dans le sens de donner une forme à son analyse de terrain). La sociologie parle de concept et l’em calculatoire repose sur des axiomes ( par souci didactique et pour étendre le champ d'application de l’em aux autres disciplines)

Je donne ici, la liste des concepts à gauche, et à droite les axiomes associés. C'est seulement à titre indicatif car la définition de ces concepts peut faire l'objet pour chacun d'un livre entier. Définitions dont il ne faut pas oublier qu'elles ne sont que locales, car les concepts sont des objets formels indexicaux. Il est donc souhaitable d'en avoir une compréhension expérimentale dans le cadre d'une application, d'une pratique de terrain plutôt qu'une connaissance théorique ou abstraite.

Pour cela, il faut tester ces concepts et axiomes dans sa vie courante pour en apprécier rapidement leurs capacités opératoires. Ensuite on peut commencer à construire des procédures hyper-rationnelles de raisonnement afin par exemple de traiter, étudier, analyser dans une approche rigoureuse les problématiques de complexité d'un fait social, pour aborder la construction d'applications interculturelles, pour faire des études transdisciplinaires, pour élaborer des réflexions critiques, pour affronter rationnellement des situations irrationnelles.

Pour les recherches en modélisation du comportement, il est à noter que ces axiomes/concepts servent à décrire des opérateurs logiques dans le raisonnement de sens commun. Ils peuvent donc servir pour modéliser une logique évoluée servant de base pour un rationalisme logique capable de décrire les variations possibles du de ce même rationalisme et le raisonnement de sens commun qu'il décrit. Ces opérateurs logiques sont donc le lieu de passage obligatoire d'opérations de représentation des connaissances. Résoudre des paradoxes logiques c'est traiter rationnellement des représentation des connaissances irrationnelles. Les opérateurs ethnométhodologiques peuvent contribuer dans le cadre de la simulation informatique à construire un système d'intelligence artificielle évolutif capable de modifier de lui même par réflexivité son système formel et les règles qui le constitue. Il est cependant nécessaire d'établir une liste des axiomes qu'il convient d'utiliser pour cet usage, de les formaliser ensuite dans ce cadre précis.

Les axiomes/concepts peuvent sembler bizarres à première vue et ce caractère d'étrangeté peut en étonner quelque uns du fait qu'on doit les utiliser tous en même temps. La liste qui suit permet d'avoir une vue synthétique mais il est conseillé d'approfondir (une fois que l'aspect opératoire a été expérimenté) leurs aspects théoriques, pour cela on peut se reporter sur la page thèses, articles et mémoires

Concernant la liste qui suit, il ne faut pas oublier qu'il décrivent des opérations qui se déroulent dans toutes les formes de rationalité opérant un raisonnement. Celui qui les utilise dans ses travaux est lui-même porteur d'un système de pensée qui les utilise. Il s'agit donc de ne jamais oublier qu'il y a interaction entre son propre raisonnement et la façon d'interpréter ce que l'on observe.

- INDEXICALITE :
On ne peut pas remplacer une expression indexicale par une expression objective. Indexicalité des faits, des objets, des actions. Dérive permanente des langages humains. Référence au contexte pour stabiliser la variation du sens. La prise en compte de l'indexicalité revient à prendre en compte la référence au contexte qui participe à la description d'un phénomène. Infinitude des indexicalités lorsque la succession des contextes fait reference à d'autres contextes en cascade provoquant une difficulté grandissante de comprehension ou une impossibilité d'analyse.

- REFLEXIVITE :
Effet miroir. Notion de pointeur contextuel. Relation entre l'objet et son contexte

- ETRE MEMBRE :
L'appartenance à un groupe, terrain, village, ethnie. Etre membre c'est aussi posséder une "compétence unique" particulière pour participer à la vie d'un groupe social ou nécessaire afin d'être accepter par elle.

- COMPETENCE UNIQUE :
La compétence unique se substitue à la notion de compétence universelle contestable. Elle se construit uniquement à partir des éléments du terrain étudié. Refus d'utiliser des représentations de la réalité hors contexte, on ne peut evaluer, décrire, expliquer en se servant d'une règle ou d'une procédure définie en dehors des situations que l'on cherche à rendre compte ou comprendre. Dialectique expert-profane. Sociologie savante, sociologie profane, l'acteur social n'est pas un idiot culturel car il possède une "competence unique", il maitrise les "allants de soi" du terrain dans lequel il evolue et contribue à la construction de la realité sociale.

- RACONTABILITE, "ACCOUNTABILITY" :
L’action de dire est réflexive de l’action de faire. Disponibilité, racontabilité, intelligibilité, responsabilité, dialectique. L'acteur social, membre de l'ethnie que l'on étudie, est le seul à pouvoir décrire et commenter ses actions en leur donnant un éclairage significatif. Tous ce qui participent à la racontabilité (accountability), les actes de vie, la communication digitale (verbale ou formalisée), la communication analogique ( gestes, attitudes, postures) permet de comprendre le comment et ensuite le pourquoi.

- PRATIQUES DE L'ACTION SOCIALE :
le « vu et le non remarqué », « allant-de-soi », degré zéro de la connaissance, raisonnement de sens commun dans la représentation et la construction de la réalité sociale. Théorie du savoir zéro, logique locale de la pensée et étude du sens commun.

- MISE EN SCENE DE L'ACTION SOCIALE :
La contextualité. La provocation (breaching). Méthode documentaire d'interprétation. Tracking (filature). Analyse de conversation. Maintenir un bon equilibre entre l'immersif et le constructif (eviter de construire des système complexes d'interpretations). L'immersif est préponderant face au constructif (l'engagement dans l'action est plus important que la construction d'une théorie de l'action).

- POST ANALYCITE (ou post analyse) :
Angle mort, « il n'est pas vrai que le champ du savoir de la science officielle n'ait pas d'angle mort ». Est-ce que rien n'aurait échappe à l'analyse d'un observateur ? «Il n'y a pas de jugement non révisable », toutes informations supplémentaires à venir ou non encore perçue peut servir à compléter, voir à remettre en question un jugement ou une évaluation. Les affirmations ne doivent pas être péremptoires et définitives, mais plutôt présumer de l'existence d'éléments à découvrir ou hors de portée pour le moment de l'observation. Le jugement devient local et datée, donnant ainsi la possibilité d'une intégration ultérieure d'informations similaires, alternatives ou complémentaires. En procedant ainsi, la post analyse donne les moyens d'etre ouvert à d'autres sources d'informations pertinentes ou cruciales.

- INDIFFERENCE :
Etre juge et partie alternativement et contradictoirement. L'observateur utilise l'observation participante ou la participation observante pour s'intégrer le plus possible à l'ethnie pour laquelle il veut rendre compte. Il est membre pour comprendre de l'intérieur ce qu'il se passe mais doit se détacher pour expliquer les mécanismes de fonctionnement ainsi que l'influence produite sur son analyse par son état d'engagement. L'objectivité qui est perdu par l'état de membre est restaurée en se décrivant soi-même (affects, rationalité et raisonnement) et en expliquant l'enchaînement des influences et des mécanismes sociaux perçus et vécus en tant que membre. L'observateur est alternativement ou simultanément, à l'intérieur d'un système ( le corps social qu'il étudie) et à l'extérieur (lors de son analyse et l'élaboration de ses comptes-rendus).

- IDIOT CULTUREL, RESPONSABILITÉ :
Axiome Russel (en référence à Robert Jaulin et au tribunal Russel). On ne peut pas accepter qu’une personne soit bafoué, insulté, humilié. L’acteur social est porteur d’une compétence unique précieuse, ce n’est pas un idiot culturel. On ne peut faire l'économie d'être vivant (on ne peut remplacer des actes de vie par des systèmes abstraits). L'observateur doit tenir compte de ses affects, de son raisonnement de sens commun, de sa rationalité personnelle, il est vivant et se doit de respecter le vivant, l'etre humain n'est pas une abstraction."Il ne peut jamais exister d'argument d'autorité permettant à quiconque d'échapper à toute responsabilité"

- CONTROLE DE L'INDUCTION, OBSERVATEUR UNIVERSEL :
"Il n'existe pas de formulation universelle de l'universel". Impossibilité de construire une racontabilité universel de l'universel, c'est à dire une description de la totalité complètement univoque et parfaitement objective. Pour des raisons logiques et pratiques on substitue l'existence d'outils à prétention universalistes à celle de projets de simulacres imparfaits locaux d'observateurs universels à vocation spécialisée. Contrôler l'induction et éviter les généralisations abusives, c'est aussi se définir localement au nom de sa propre rationalité pour éventuellement parler également au nom ou à la place d'autres rationalités compatibles.

NOUVEAUX AXIOMES ET CONCEPTS QUE JE CREE POUR MON COMPTE ET QUE J’UTILE DANS LE CADRE DE MON APPROCHE EM
Il s'agit ici de ma tentative pour étendre un peu plus le champ d'étude de l'em à d'autres disciplines, en la redéfinissant par l'introduction de nouveaux concepts. Les concepts/axiomes qui suivent se surajoutent à ceux précédemment cités.

- INTEROPERABILITE :
Le champ de l'ethnométhodologie est interdisciplinaire , il sert a communiquer et à transmettre un savoir à l'aide des opérateurs ethnométhodologiques (concepts ou axiomes ). Le rationalisme localiste (sciences des rationalités locales ou sciences des ethnométhodes) avec son objet (le vu et le non remarqué) et sa méthode (axiomatique ethnométhodologique) a une vocation transdisciplinaire.

- CONSERVATION :
Principe de précaution. Indifférence de survie. Changement systémique no 1. Homéostasie. Evolution du raisonnement dans le cadre d'un même système de rationalité.

- EVOLUTION :
Loi du moins pire. « Quoi que je fasse, ca sera toujours mieux que si je ne faisais rien ». Changement systémique no 2. Modification des règles de fonctionnement du système de croyances. Changement ou evolution d'un système de rationalité. Principe de sacrifice, changement radical de la perception de son intégrité psychologique ou physique face à des idéologies plus forte que la survie personnelle.
 
 

CONCLUSION

L'ethnomethodologie radicale est bien un nouvelle méthode pour faire avancer les sciences sociales et humaines, la sociologie, l'ethnologie, l'anthropologie. Les nombreux travaux, memoires de D.E.S.S et thèses de doctorat le démontrent (université de paris 8 - paris 7).

Des travaux ont également démontré qu'elle pouvait constituer une théorie philosophie transdisciplinaire, une théorie socio-cognitive donnant une perspective nouvelle de l'éthique et de l'épistémologie. Construisant des liens avec la logique, l'épistémologie des sciences exactes et sociales.

C'est ainsi que plusieurs générations de chercheurs ont tenté des synthèses entre l'ethnomethodologie et la théorie disciplinaire qu'ils maîtrisaient, pour en tenter un dépassement, un enrichissement. Certaines recherches classiques peuvent être réalisées dans une perspective ethnomethodologique, dans ce cas elle en donne un éclairage nouveau.

L'ethnomethodologie n'est pas une théorie isolée, elle donne des liens vers diverses conceptions philosophiques, ce qui lui donne une pérennité et permet d'en faire une théorie dont l'influence mondiale et toujours plus grandissante.

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