Discussion autour d'une date d'anniversaire

ou de l'étrange coïncidence du non-anniversaire

 


- Pourquoi parler de cette date du 18 janvier, sans expliquer le contexte, on dirait un prétexte pour parler pour ne rien dire.

- On a juste besoin d'en parler sans en parler trop explicitement, cela évoque le 18 janvier 2003, comme une date d'anniversaire.

- Je ne comprends pas le besoin d'en parler puisque cette date n'évoque rien de particulier pour beaucoup.

- Justement, pour beaucoup cela reste insignifiant et ignoré. On dira que cela sera vu et non remarqué, mais pour quelques lecteurs cela sera une indication pour se poser la question de l'utilité de cette date.

- Je ne comprends pas pourquoi nous tournons autour du pot comme cela. Pourquoi ne pas lancer le pavé dans la marre une fois pour toute ?

- Justement, il faut ménager les lecteurs, ils sont parfois si susceptibles, à croire que l'on marche sur des œufs avec eux.

- On dirait que tu as peur de vivre le psychodrame Misery, caractéristique des lecteurs spectateurs qui se rebellent contre les auteurs producteurs de scénarios ou de films. Tu as peur de te faire capturer et torturer en raison d'une production que ne serait pas à la hauteur des attentes du public ?

- Non, ce n'est pas tout à fait cela, il y a des lecteurs qui sont hargneux et méchants sans raison, qui ne prennent pas de recul et ne sont pas très tolérants vis à vis de la liberté de création des auteurs.

- Qu'est-ce que cela peut faire, tant que tu n'es pas enfermé dans un chalet au bout du monde avec une lectrice mécontente qui t'obligerait à réécrire un nouveau scénario.

- Oui, je connais cette histoire de Misery, un impressionnant huis clos, se faire torturer physiquement pour réécrire une histoire. Mais il y a pire encore, le psychodrame peut se transformer en une autre tragédie !

- C'est pas fini vos digressions, revenons à la date d'anniversaire s'il vous plait !

- Pour moi, c'est une perte de temps que de parler de cette date. On pourrait tout aussi bien évoquer des opérations en cours, tout en respectant un agenda précis. Ajouter cette date, n'indiquera rien de plus, ce serait une fioriture insignifiante, comme parler pour parler, et c'est d'aucune utilité dans la narration. De plus, nous avons d'autres problèmes à résoudre, des contraintes de communication à respecter, c'est déjà assez difficile comme cela.

- Je ne suis pas de ton avis, parler de cette date, peut être vu comme une évocation sans caractère particulier, mais également perçu comme une évocation de principe,  pour stigmatiser une date signifiante pour nous.

- Vous tournez autour du pot, toujours parler pour ne rien dire, alors pourquoi ne pas le dire clairement ?

- J'ai une idée, on va ménager la chèvre et le chou, on évoquera une date de départ, comme une fin d'opération qui serait peut être le début d'autre chose.

- C'est n'importe quoi ! Pourquoi parler de la fin d'une opération si c'est pour continuer ensuite ? Il faudrait préciser le contexte de l'opération qui se termine et celle qui se poursuit aussitôt !

- Je suis d'accord, on va parler autrement, on va délimiter une période de temps, en indiquant la date symbolique et en ouvrant sur une autre ligne temporelle, comme cela tout le monde sera content.

- Pas moi ! Vous tergiversez, vous déblatérez pour ne rien dire. Je dirais même plus que c'est le pipotron qui tourne, plus besoin de réfléchir, il suffit d'appuyer sur le bouton et d'attendre la génération automatique du texte, on laisse l'intelligence artificielle faire le travail. Je n'ai plus envie de discuter sur ce sujet qui m'ennuie profondément.

- Tu vois je te l'avais dit, c'est encore une preuve qu'il faut ménager le lecteur, on a encore perdu un observateur-participant sur un sujet insignifiant.

- T'inquiète pas pour lui, c'est un râleur, il n'aime pas couper les cheveux en quatre, il préfère foncer dans le tas.

- C'est une tête de mule oui ! Moi je trouve que c'est amusant de tourner autour du pot, surtout lorsque le pot est invisible.

- Un pot invisible, une mule, cela me rappelle une histoire, vous connaissez l'expression « ne pas être capable de voir une vache dans un couloir » ?

- Je ne vois pas le rapport avec notre problème de date d'anniversaire. On s'écarte énormément du sujet de discussion, essayons de se recentrer au lieu d'ouvrir des parenthèses.

- Moi je préfère la parabole de l'éléphant et des aveugles, avec ses nombreuses variantes.

- On pourrait fusionner les deux fables, et parler de l'éléphant dans un corridor, des voyants qui ne le voient pas car ils sont concentrés à regarder leurs pieds et de l'aveugle qui voit l'éléphant en contournant les limitations de son propre corps pour intégrer des perceptions extra sensorielles.

- Et si on remplaçait l'éléphant par un Heptapode, pour décrire une rencontre hors norme avec des voyants qui ne peuvent identifier ce qu'ils ne connaissent pas, un aveugle qui le perçoit autrement et des gens apeurés qui veulent le détruire ?

- Un Heptapode, et pourquoi par deux pendant que tu y est, et on pourrait imaginer qu'ils communiqueraient sur plusieurs dimensions, de façon non verbale, en langage des signes et en modulation de fréquence. On pourrait même en faire un film, avec des scientifiques et des militaires qui essaieraient de décrypter ce langage inconnu lors d'un premier contact.

- Ha oui, je connais cette histoire, c'est une nouvelle, avec une adaptation prévue au cinéma, avec comme titre de film, Arrival, c'est évocateur non ? On pourrait se servir de ce contexte pour tenter de clarifier nos intentions lors du contact et de l'impact.

- Toi tu voudrais faire participer des cibles aptes aux dialogues avec des communautés disparates et supportant la critique la plus extrême, pour jouer en quelque sorte les relais de transmission et de traduction. Cela pourrait s'avérer éprouvant pour les courroies de transmission, si elles ne se ménagent pas elles risquent d'avoir une vie plus courte.

- Tiens tiens nous y voilà. On réinvente des fables ou des paraboles, on raconte des histoires et on parle de cinéma, et puis quoi encore ! Lui, si on le laisse poursuivre, il voudra que l'on implique la source et qu'on évoque ensuite la figure symbolique du monolithe comme référence aux contacts transcendants ou à la présence d'une phénoménologie plus ancienne encore. Ou mieux encore, que l'on ouvre les yeux sur des univers multiples de façon simultané, mais on n'a pas que ça à faire !

- C'est vrai, quel est le rapport avec la date d'anniversaire ?

- Je crois que c'est encore une forme d'humour qui ne fera rire personne. Je ne vois pas l'utilité de faire des clins d'œil ou des plaisanteries à contre sens de la première impression.

- Ce n'est pas une blague, c'est une fable réinventée.

- C'est cela oui, je vous voir venir avec vos jeux de mots qui ne font rire personne d'autre que vous.

- On peut revenir sur le sujet de départ. Que fait-on avec cette date d'anniversaire ?

- On n'a qu'a parler de nos difficultés de communication, de notre volonté de poursuivre le dialogue malgré les contraintes protocolaires et les fins d'émission ou les fins de mission.

- Soyons sérieux une seconde, il faut terminer cette discussion sinon personne n'y comprendra rien.

- Ha oui, c'est vrai le lecteur spectateur, il aura peut-être décroché, revenons au sujet.

- C'est cela, reparlons de la fameuse date d'anniversaire.

- Pourquoi parler de la date d'anniversaire, nous n'avons qu'a parler de simple coïncidence à la place.

- Je suis d'accord pour la notion de coïncidence, c'est plus économique en terme d'explications et ainsi on ménage la chèvre et le chou.

- Je dirais même plus, c'est une étrange coïncidence.

- Cela me va aussi, l'étrange coïncidence au lieu de la date d'anniversaire.

- C'est toujours la faute de la coïncidence, comme cela tout le monde est content.

- Tout n'est qu'affaire de coïncidence, de hasard et de nécessité.

- Ha bon, le hasard et la coïncidence ce n'est pas pareil pour toi ?

- Dans la coïncidence, il y a la notion de faire coïncider des choses, cela peut être le fait du hasard ou encore d'autre chose.

- Toujours le terme de chose qui revient, chaque fois pour éviter de parler de l'inconnu et de creuser la surface des choses. Je ne vais pas vous le rappelez sans cesse, la chose est différent du nom de la chose !

- C'est pas bientôt fini vos divagations ! Après l'histoire de l'éléphant dans le couloir et de l'Heptapode à plusieurs mains, voilà revenir la maïeutique de la synchronicité ainsi que la dialectique des ontologies !

- Vous me fatiguez tous autant que vous êtes, j'ai l'impression d'entendre un écho dans la différence et la répétition. Je me casse sur Jupiter !

- Encore un autre observateur-participant qui disparaît, si on continue comme cela, il ne va rester personne avec qui discuter.

- Tu oublies qu'il reste quelqu'un à nourrir. On lui donne un morceau de texte généré et lui en fera sa salade.

- Vous l'avez ce texte avec la date de non-anniversaire ou de la coïncidence insignifiante ? J'aimerai le lire depuis le temps que vous en parlez, ensuite chacun pourra passer à autre chose.

- C'est bon pour moi ! Il ne reste plus qu'a donner ce texte à manger à Tweetivore. Qui est volontaire pour le nourrir ?

- Tu oublies encore qu'il possède plusieurs visages celui là. Tu veux nourrir quelle facette ?

- Ha oui c'est vrai ! Il ne faut pas oublier la validation du texte par notre régulateur de niveau supérieur. Il ne faut surtout pas commettre d'impair.

-- < Veuillez ajouter une introduction avec d'autres dates de départ.>

One of us left on January 21. One will leave on February 16. Four have to stay.




Un joyeux non-anniversaire !